Muy Caliente | NC-18

Pop.
Ce n'est pas l'arrivée enchanteresse que la petite fille imagine en dessinant des princesses dans son cahier de brouillon. Ici, guère de chevalier sur son destrier blanc. Et nul princesse dans sa robe de soie. Aucune perle de rose ou sentiments purs.
Rien de tout cela.
C'est plutôt une arrivée en grand fracas.
Isleen ne s'est pas fait prier pour se coller tout contre celui qui va devenir son amant d'une nuit – ou plusieurs ? Leur apparition soudaine dans la chambre d'étudiant n'a pas l'air de les perturber, car voici déjà la jeune fille qui colle à nouveau ses lèvres à celles du jeune homme sans pudeur aucune. Elle s'évertue à lui communiquer tout le désir qu'elle éprouve pour lui du bout de la langue, et pourtant sans le moindre mot.
Un pas en arrière. Est-ce lui qui la pousse ou elle qui le tire ? Elle est bien incapable de le dire. Elle s'en moque aussi un peu, il faut dire. Elle recule de bonne grâce, écarte son visage, soudainement interdite.
Elle a le souffle court.
Les joues roses.
Les pupilles dilatées.
Le coeur battant.
Elle cherche son regard, avant d'effleurer ses lèvres mais cette fois sans réellement les toucher. Elle laisse un sourire fleurir sur ses lèvres, ne le lâche pas des yeux. L'étincelle joueuse est là ; elle compte bien profiter de la situation jusqu'au bout.
Après tout, la nuit ne fait que commencer.
La Gryffondor attrape une lèvre entre ses dents, pince sans mordre. Le temps semble se suspendre. Le silence les enveloppe amoureusement, là où le brouaha de la soirée les étouffait. Isleen laisse la lèvre lui échapper, embrasse le coin des lèvres. Une de ses mains vient glisser contre la nuque du garçon pour le forcer à se pencher. Et, de ses baisers, la jeune femme trace un chemin brûlant.
Sur la joue.
Sur la mâchoire.
Sur le haut du cou.
Sur une oreille.
SNAP !
Sans prévenir, elle a attrapé le lobe d'oreille entre ses dents, mordillant, mordant, suçotant, tout en commençant à s'attaquer aux vêtements du Suèdois. C'est qu'elle compte bien passer aux choses sérieuses. Le bas de son ventre chauffe furieusement et l'enjoint à accélérer les choses.
Se libérer de toute cette tension.
Il sera bien temps de jouer ensuite, non ?

Encore quelques pas en arrière.
Isleen bute sur quelque chose et bascule en arrière pour rencontrer un matelas fort confortable. Elle entraîne Gunnar dans sa chute – ou est-ce lui qui a initié le mouvement – et arrache finalement les boutons de chemise qu'elle avait commencé à défaire. Elle entend vaguement le bruit des petits morceaux de plastique rouler sur le sol, mais n'y prête pas attention.
Elle est trop occupée à chercher les manifestations de contentement du beau mâle, gémissements, grognements, couinements peut-être.
Car déjà, ses mains baladeuses glissent, glissent, glissent…

… Glissent sous la ceinture.
Elle se fraye un chemin entre eux, réussit à passer la barrière du tissu, joue avec l'élastique d'un boxer avant d'y enfourner la main.
Histoire de tâter les choses.
Et elle ne s'en prive pas. Satisfaite de savoir qu'il avait de quoi la contenter cette nuit, elle entreprend de s'assurer qu'il soit prêt pour la suite d'un geste sûr… Bien qu'un peu distrait.
La position, en soi, n'était pas des plus adaptées.
Et puis, il avait encore beaucoup trop de vêtements sur lui.
Alors elle entreprend de le débarrasser du pantalon… Et de tout ce qu'il y a dessous.

Eh bien, voilà qui est propre !
Nue, dans la chambre d'un homme qu'elle connait à peine !
Que dirait ta mère, jeune fille ?
Elle lui soufflerait de continuer sur sa lancée.
Que voulez-vous… Les chiens ne font pas des chats.
Et pour le coup, le chat aux griffes acérées ne se rend absolument pas compte que les cheveux du jeune homme ont changé de couleur. L'obscurité n'aide pas, et puis elle est bien trop absorbée par la vue qu'il lui offre et la contemplation que cela implique.
Ah ça, elle l'a bien choisi, son quatre heure.
Et elle ne va pas se retenir de le dévorer.

Mais pour cela, elle se doit d'abord d'asseoir son autorité sur ce corps élancé. Car les ébats amoureux sont-ils autre chose qu'une lutte de pouvoirs, durant laquelle chaque partie cherche à dominer l'autre de ses coups de reins ?
Alors, elle pousse sur un pied pour destabiliser le jeune homme et les bascule avec un doigté certain, et une brutalité bienvenue.
BAM !
Ils ne sont plus sur le lit, mais viennent de rouler par terre. Pourtant, aucun des deux jeunes gens ne semble s'en occuper, tout juste s'en rendent-ils compte. Les postures ont été inversées dans la chute, au plus grand bonheur d'Isleen qui laisse un sourire tout ce qu'il y a de plus carnassier s'étaler sur son visage. Elle vient lui voler un nouveau baiser d'une langueur indécente, appuie son bassin contre le sien.
Que les choses sérieuses commencent.
Les lèvres carmines viennent imprimer le reste de rouge à lèvres sur la peau du jeune homme en divers endroit. Ici, une clavicule. Ici une épaule. Elle mord sauvagement ladite épaule, et poursuit ainsi son parcous.

Ici, un téton. Ici, un nombril. C'est sans cacher son plaisir que la jeune femme suit la ligne de poils sur le ventre de son amant, une ligne traçant le chemin du bonheur.
Et elle le suit, ce chemin. Sans marquer d'hésitation, elle ondule son corps pour descendre le long de celui du Serpentard, jusqu'à arriver à hauteur d'une friandise qui saura sans doute satisfaire sa gourmandise. Et c'est goulûment qu'elle s'en empare, y prodiguant mille soins avec la plus grande attention.
Affamée, elle ne résiste pas à l'envie d'y laisser traîner les dents.
Mutine, elle ne se prive pas de glisser un doigt en des endroits interdits, pour appuyer de quelques savants gestes le plaisir qu'elle savait donner du bout des lèvres.
Combien de temps s'affaire-t-elle ainsi à lui plaire ?
Assez pour entendre les plaintes de plaisir.
Pas assez pour le libérer.
Lorsqu'elle le sent sur le point de craquer, elle le laisse lui échapper, le darde d'un regard fièvreux avant de se relever.

Debout face à lui, elle ne se prive pas de rejeter sa blonde chevelure derrière elle dans un geste évocateur.
Provocateur.
Elle scanne la pièce du regard, à la recherche de ces petits objets bien pratiques faits de latex. Car elle n'aimerait pas se retrouver avec une vilaine MST du nom de bébé sur les bras juste parce qu'elle avait un peu trop joué avec ce charmant jeune homme.
Et puis, cette pause était peut-être l'occasion pour Gunnar de reprendre ses esprits. Il ne tiendrait alors qu'à lui d'attraper sa proie pour la jeter sur le lit, ou peut-être la plaquer contre un mur…
La suite à la prochaine réponse.

Le regard d'Isleen dévore le jeune homme du regard quand il comprend ce qu'elle cherche et se met à la recherche d'une capote. Elle ne se prive pas d'admirer le bas de ses reins et passe une langue gourmande sur ses lèvres.
Son coeur bat la chamade.
L'excitation est à son comble.
Quand elle le voit revenir, triomphant, elle se dit que, quand même, elle a tiré le bon numéro.
Beau, sauvage, prévoyant.
Elle allait peut-être le garder, celui-là.
Et puis, il sait comment la traiter. Il ne se comporte pas comme ces hommes en mal d'amour, toujours prêts à se plier en quatre et à s'aplatir pour combler ses désirs. Ni comme ces jeunes garçons persuadés que la seule façon de combler une femme serait la tendresse et la douceur. Ou encore de ces éternels romantiques incapables de comprendre qu'un peu de sauvagerie était nécessaire.
Il sait s'imposer ; et c'est sans doute ce qui plaît le plus à cette jeune femme qui n'a rien de fragile.
Plaquée contre le mur, elle ne peut que se laisser porter par les attentions de son amant.

Et bientôt, ce sont les couinements d'Isleen qui s'élèvent dans l'appartement. Elle s'offre volontiers au plaisir qu'on lui donne, posant le front contre l'épaule de Gunnar, lèvres entrouvertes. Le souffle est court, la respiration difficile. Une main s'accroche au bras, les ongles s'enfoncent dans le biceps au rythme du plaisir qui consume sa chair. Un couinement plus intense que les autres semble signaler l'abandon prochain de la jeune femme. C'est évidemment le moment choisi par l'homme pour la relâcher.

Bien évidemment, ces attentions ne sont pas suffisantes pour Isleen, qui aimerait bien ne pas s'arrêter en si bon chemin.
La suite n'est pourtant pas pour lui déplaire. Elle sent une paire de mains se glisser sous ses cuisses et la soulever d'un geste sûr pour la mener jusqu'à un bureau… Fort encombré.
Pas pour longtemps, si on en croit le mouvement du garçon, qui s'empresse d'écarter de leur chemin tout ce qui pourrait faire obstacle.
Insérer ici onomatopée de bureau qu'on débarrasse d'un geste impatient.
Et, à peine Gunnar peut-il à nouveau se concentrer sur elle que, d'un mouvement rapide, elle vient voler le petit paquet d'entre ses dents avec un grand sourire mutin. Elle porte une main à ses lèvres, l'attrape, s'attèle à défaire l'emballage de ses doigts agiles.
Que le spectacle commence.

Il ne faut pas longtemps à la Gryffondor pour équiper son amant, glissant ses doigts avec une douceur inattendue, s'appliquant à maintenir ses ardeurs le temps de la transition.
Et une fois que c'est fait…
Elle s'accroche à l'épaule du Serpentard, lève les jambes pour les enrouler autour de ses hanches, se rapproche de lui dans une attitude des plus explicites.
“Do me,” souffle-t-elle d'une voix rauque, à peine audible.
Il ne faut pas longtemps pour qu'enfin les corps se rejoignent. Un couinement libérateur passe les lèvres de la jeune femme, avant qu'elle vienne à nouveau dévorer goulûment les lèvres du jeune homme.
Un premier coup de reins.
Les amants se jaugent, vérifient leur compatibilité.
Un second coup de reins.
Ils sont en phase.
Et alors commence la danse. Un peu maladroite, au début, mais rapidement fièvreuse alors que les violons s'accordent. Les peaux claquent. Le bois du bureau craque. Et les voix s'élèvent en choeur, suintant d'un même plaisir dénué de toute douceur.

Isleen, elle, a des ongles. Longs. Manucurés. Bichonnés.
Solides.
Et elle ne se prive pas de les laisser courir le long du dos du jeune homme, ponctuant ses plaintes de plaisir de griffures meurtrissant la chair. Elle n'a pas de raison de retenir ses gestes : ça n'a pas l'air de lui déplaire.
Ou bien si ? Car le voici qui lui attrape les poignets pour la soumettre totale à son bon vouloir. Pour la forme, elle se débat, tire sur ses bras sans y mettre toute sa force, pour le seul plaisir de faire comprendre à son amant qu'il n'aurait pas facilement l'ascendant sur elle. Une façon de lui rendre la tâche plus complexe, de le pousser à s'imposer davantage.

Et pour preuve : les jambes de la jeune femme se serrent plus fermement autour des hanches de Gunnar, comme pour l'empêcher de s'éloigner.
Don't you dare.
La danse se fait plus fièvreuse à chaque coup de reins. Le bureau sur lequel ils sont installés se heurte en rythme contre le mur. Les gémissements deviennent bientôt cris alors que le plaisir devient plus intense.
Une fois encore, Isleen tire sur ses poignets, lutte, et c'est avec satisfaction qu'elle le sent tenir bon – je suppose. Elle se redresse et plante ses dents dans une épaule, s'applique à laisser une marque pour qu'il ne l'oublie pas de si tôt.
C'est qu'elle aime marquer les esprits.
Pour autant, si elle se débat assez pour pimenter leurs ébats, elle ne l'empêche pas de venir à bout de sa besogne. Elle cesse toute lutte quand le plaisir pulsant dans ses veines devient trop intense et s'abandonne enfin à lui dans un couinement un peu plus appuyé que les autres.

Les mains à nouveau libres, elle peut s'accrocher aux épaules du jeune garçon alors qu'elle essaie péniblement de reprendre son souffle. Elle a les joues rosies par l'effort, ses cheveux sont déjà emmêlés, témoin d'une nuit mouvementée.
Et pas encore terminée.
Même s'il leur faudra sans doute quelques minutes pour se remettre et pour repartir. Le corps a des limites et ils devront faire avec. Mais ne vous en faites pas : elle compte bien remettre le couvert.
Quand on trouve un partenaire avec lequel on s'accorde aussi bien, on ne le laisse pas filer facilement.
Alors, comme pour jouer les prolongations, la jeune femme se redresse, un peu mollement, et vient chercher la bouche de son amant, avec une fougue bien moindre que celle exprimée précédemment.
Hey, endorphines. On ne lutte pas contre les hormones.
Elle se dégage finalement de lui, scanne la pièce une fois que ses pieds touchent à nouveau le sol.
Un grondement disgrâcieux retentit. Isleen ne semble pas se formaliser des protestations du trou qui lui sert d'estomac, et avise le frigo du regard. Elle guette s'il n'y a pas une corbeille de fruits, histoire d'avoir un peu de verdure, aussi.
Mais là, elle aimerait surtout avaler un morceau de pain. Avec un peu de beurre, de fromage, de jambon, de saucisson, de cornichons… Et une madeleine, ou une part de tarte, en dessert.
Il fait faim.
“Would have anything to eat ? I'm starving...”¹ interroge-t-elle d'une voix enrouée par les cris poussés plus tôt.
S'il avait un peu de crème chantilly, pour couronner le tout, elle ne serait pas contre jouer un peu non plus.
Histoire de faire redémarrer la machine.
Dommage qu'ils soient en février… Avec quelques fraises, ça aurait été parfait.
__________________
¹ Aurais-tu de quoi manger ? Je meurs de faim...

Il n'avait pas besoin de lui répéter deux fois.
Après, il ne s'attend sans doute pas à ce qu'Isleen lui vide ses placards. Pourtant, c'est une chose dans la jeune fille est bien capable, d'autant plus s'ils remettent ça.
Elle n'attend plus une seconde de plus pour aller farfouiller dans les divers placards, ouvre les portes, en sort tout un tas de choses. Un paquet de pain de mie, du beurre, du jambon, un pot de cornichons, un truc non-identifié qui doit être issu de la gastronomie suédoise – mais hé, Isleen est prête à goûter – un morceau de chocolat, un paquet de gâteaux…
Le pauvre Gunnar va voir ses placards se vider à vue d'oeil. On pourrait même s'attendre à la voir se faire des pâtes.
D'un geste habile, Isleen se prépare un sandwich bien garni – elle a même trouvé de la salade pas trop défraîchie -, très concentrée. On ne déconne pas avec la nourriture. Manger, c'est sérieux.
Quand enfin elle est satisfaite par son oeuvre, elle mord dedans à pleines dents, avec une voracité proportionnelle à l'effort physique qu'elle a fourni.
Imaginez ce qu'elle peut ingurgiter après un match de Quidditch.
Elle s'applique à bien mâcher et enfin reporte son regard sur son amant. Elle le détaille, lui, sa silhouette, sa cigarette, ses cheveux bleus en bataille, son torse brillant de sueur…
Ses cheveux bleus ?
Isleen manque de s'étouffer. Elle parvient à ne pas recracher sa précieuse pitence, puis à l'avaler, tousse enfin pour dégager ses voies respiratoires.
Et quand enfin elle peut respirer pleinement, elle croque à nouveau dans son sandwich, dans l'espoir de reprendre contennance… Et parle donc la bouche pleine.
“What's with the blue hair ?”¹ lâche-t-elle de but en blanc.
Elle devine – ou suspecte, plus tôt – de la métamorphomagie. Ce n'est pas la première fois qu'elle rencontre quelqu'un avec ce don, et c'est sans doute ce qui lui permet de faire le lien. Il faut dire qu'avoir une meilleure amie métamorphomage, c'était quelque chose… Si elle cumulait avec un plan cul régulier du même type, elle savait très bien les implications que ça pouvait avoir.
Ca ne fait qu'ajouter au charme naturel du jeune garçon.
Elle ne s'arrête pas de manger, quoi qu'on lui réponde, hochant peut-être la tête le cas échéant. Elle avale son sandwich à grande vitesse, et s'attaquer à un dessert. Elle attrape une pomme dans laquelle elle mord, et embarque avec elle une bombe de chantilly trouvée dans un coin.
Il est temps pour aller d'allier ses deux passions : manger, et s'envoyer en l'air.
Elle se laisse tomber, avec une grâce toute relative, à côté de Gunnar, sur le canapé. Autant vous dire qu'on sent très bien les ressorts qui travaillent, alors qu'elle rebondit légèrement après sa chute.
Elle croque encore dans la pomme qu'elle a volée, et darde l'homme du regard, agitant sa bombe de chantilly comme on agiterait le hochet d'un bébé.
“Do you want some ?” propose-t-elle, sans se lancer dans le jeu pour le moment. Elle attend d'avoir terminé sa pomme. Encore une fois, on remarque qu'elle a tout à fait le sens des priorités. “'Tis ideal to wipe a bad breath out. And believe me, I'm not willing to put my tongue into an untasteful mouth.”²
Au moins, c'était clair.
La franchise de la jeune femme allait rendre les choses plus simples : sans détour, on comprend les choses plus rapidement, et on n'a pas besoin de décoder les désirs de l'autre.
Et là, en l'occurrence, elle ne voulait pas avoir à subir ses mauvaises habitudes. Qu'il les ait ne la gênait pas… Tant qu'elle n'avait pas à se les farcir.
_____________________
¹ Mais c'est quoi ces cheveux bleus ?
² T'en veux ? C'est parfait pour se débarrasser de sa mauvaise haleine. Et crois moi, je n'ai aucune envie de fourrer ma langue dans une bouche qui a mauvais goût.

Mais pourquoi en faire un secret ?
Isleen ne comprend pas tellement ce que Gunnar a en tête lorsqu'il l'informe qu'il ne tient pas à ce que ça se sache. Oui, enfin mon poussin, si tu ne contrôles pas ton don, tu vas pas pouvoir le cacher longtemps, semble dire la grimace qui s'étale sur le visage de la belle.
Étonnamment, elle ne fait aucun commentaire, alors que ça serait l'occasion rêvée. Elle n'avait pas son mot à dire, après tout. Elle trouvait cela idiot, mais n'avait, a priori, pas sélectionné le suédois pour son intelligence… Mais plutôt pour ses qualités d'amant.

La Gryffondor laisse ledit amant s'emparer de la bombe de chantilly, hausse un sourcil en le voyant s'en mettre plein la bouche, et même à côté.
Okay, ça n'a rien de sexy.
Maintenant que le gros des hormones est retombé, la jeune fille se fait un peu plus difficile. Il va falloir un peu plus qu'un regard et un peu de chantilly pour la convaincre.
“Is that all you've got ?”¹ raille-t-elle d'un ton moqueur.
Elle rejette ses cheveux emmêlés derrière son épaule, et ricane même, toujours sur le même ton. Fini, la Rouge et Or franche et bonne enfant. Fini, la jeune femme libidineuse qui a joué de ses formes pour obtenir les faveurs d'un beau garçon.
Maintenant, ça va être à lui de faire des efforts.
Car la voici qui devient femme fatale, derrière son air moqueur et ses oeillades charmeuses. Et elle comptait bien jouer ce rôle jusqu'au bout : être celle que l'on obtient pas facilement, celle qui domine l'échange, celle qui se fait proie pour mieux être le prédateur.
Mon pauvre petit, tu vas te faire dévorer tout cru.
C'est qu'il n'a pas l'air fin, là, avec sa chantilly sur le torse. Il a mal joué, petit poussin.
Isleen attrape alors ce qui ressemble à une serviette – ou un chiffon ? Ou un slip sale ? - et s'en sert pour essuyer le pauvre garçon de tout ce sucre avant qu'il ne se mette à coller à sa peau. Plus de violence dans ses gestes, mais ce qui semble être une nouvelle forme d'application, presque de tendresse.
Elle est clairement en train de jouer. Le tout est de savoir si Gunnar saura lire entre les lignes, et s'il sera désireux d'entrer dans son jeu. Car elle tamponne gentiment la chantilly qu'il s'est étalée, doucement, en partant du bas pour aller vers le haut. Elle lui prend aussi la bombe des mains pour la reposer sur la table, un sourire relevant le coin de ses lèvres.
“I'm sure you can do better,”² provoque-t-elle sans détour. Au moins, avec elle, il n'est pas difficile de voir la direction à suivre. Elle pave le chemin, met des panneaux de signalisation, s'assure qu'ils clignotent au besoin.
C'est qu'elle ne voudrait pas que son amant de la nuit se méprenne sur ses intentions.
Elle ne veut ni plus ni moins que mener la danse.
Décider quand les choses se feront, et comment elles se feront.
Et c'est sans doute en la laissant faire que Gunnar pourra être encore davantage satisfait.
________________________
¹ C'est tout ce dont tu es capable ?
² Je suis sûre que tu peux faire mieux que ça...

Isleen devient quelque peu boudeuse en voyant son casse-croûte s'éloigner. Il l'appâte avec un teasing des plus délectables, pour après lui échapper pendant de bien trop longues minutes. Elle a patienté, dans un premier temps, en glissant un regard indécent le long de sa colonne vertébrale, mais c'en est lassée.
Elle est une personne d'action, de celles qui aiment agir plutôt que d'attendre que les choses se fassent d'elles-mêmes. Elle ne supporte pas l'inactivité, surtout dans ce cas précis.
Sa patience – ou son impatience – est pourtant récompensée.
“Oh-oh…” chantonne-t-elle en reconnaissant les objets contenus dans la boîte.
C'est que ce petit était plein de surprises… La jeune femme le darde d'un regard brûlant, un sourire carnassier aux lèvres. Elle glisse la main avec une délicatesse inhabituelle dans le petit paquet, caresse une corde d'un geste presque amoureux.
Oh, si tôt dans la nuit, ils se connaissaient à peine, et pourtant…
La flamme de désir dans le regard de la potionniste se meut, sans qu'on ne réussisse à comprendre exactement ce qu'elle exprimait. Elle darde le jeune homme avec une certaine intensité.
Elle avait l'impression qu'ils s'accordaient parfaitement.
À merveille.
“Let the game begin.”¹
Elle prononce ces mots en attrapant la mâchoire du garçon d'une poigne ferme et assurée, telle une araignée prenant possession de sa proie. Et, sans plus de cérémonie, elle capture longuement ses lèvres d'un baiser d'une langueur brutale.
Elle lance la boite et son contenu sur le lit, puis, avec une force dont elle n'avait pas fait montre jusqu'ici et qu'on ne soupçonnerait pas chez elle, pousse brusquement Gunnar sur son lit. Elle ne met pas longtemps à s'imposer à califourchon sur lui, attrape un morceau de corde et, en un rien de temps, l'attache solidement – très solidement – et entreprend de s'occuper de son cas.
Longuement.
En prenant son temps.
Avec moultes actes d'un doigté habile, qui ne seront pas relatés ici.
Quand enfin elle consent à défaire les noeuds du jeune homme, ce n'est que pour mieux s'abandonner à sa volonté de vengeance.
Et des cris continueront de retentir dans la nuit jusqu'à une heure des plus avancées.

Poc, poc, poc.
Alors que l'aube se lève à peine, c'est pour dévoiler une scène des plus étranges dans l'appartement étudiant. Une bombe de chantilly a roulé par terre et a trouvé refuge sous le lit. Une robe a trouvé place au pied du canapé, et des vêtements d'homme sont éparpillés un peu partout dans la pièce. Un tas d'objets divers, cassés pour certains, a trouvé place sur le côté du bureau. Une boite est renversée, sur le sol, et, tout autour d'elle, tout un tas d'instruments plus moins chastes se sont éparpillés.
Le plus étrange est sans doute sur le lit. Les deux jeunes gens sont sans doute tombés de fatigue, après leurs activités. Isleen est à moitié allongée sur le garçon, les jambes emmêlées aux siennes. Ce dernier a encore une main attachée à un barreau du lit. L'autre bras, quant à lui, a trouvé tout naturellement sa place autour de la taille de la jeune femme.
Poc, poc, poc.
Un ronchonnement se fait entendre.
Il est beaucoup trop tôt. Les heures de sommeil manquent. Mais qu'importe ? Ne pouvait-on pas dormir encore un peu ? Après tout, après une si longue nuit, un peu de repos ne ferait pas de mal.
D'un mouvement de la main, Isleen se rend compte qu'elle est toujours auprès de son amant de la nuit. Contrairement à son habitude, elle s'est endormie ici. Est-il encore temps pour elle de filer à l'anglaise ?
En a-t-elle vraiment envie ?
Peut-être pourrait-elle s'amuser encore un peu, avant de partir…
L'esprit très clair dès le réveil, l'étudiante observe le visage du jeune homme, guette sa silhouette. Elle semble peser le pour et le contre.
{i]Poc, poc, poc[/i].
Encore ce bruit ? Mais qu'est-ce ?
Elle tourne le visage vers la fenêtre, et voit un hibou, passablement renfrogné, qui essaie d'attirer son attention en tapotant obstinément sur le carreau. Était-ce donc cela qui l'avait éveillée ?
L'arrivée du journal ?
Précautionneusement, elle écarte le bras qui la retient, comme dans une tentative – foirée, vu sa délicatesse, vous vous doutez bien – de laisser Gunnar dormir tranquillement. Elle se glisse hors du lit et, nue, ouvre la fenêtre – sans s'inquiéter du voisin d'en face qui a donc la plus belle vue de sa vie.
Le hibou va donc se poser sur la table basse, et claque du bec jusqu'à ce qu'Isleen, enfin, trouve quelques noises dans sa pochette et les glissent dans la bourse à sa patte. Abandonnant alors la Gazette à la jeune fille, il donne un coup d'aile et s'enfuit.
Alors, attentive aux nouvelles du jour, la Gryffondor fait quelques pas pour retourner au lit – histoire de s'asseoir – quand son regard tombe sur les gros titres.
Immédiatement, elle perd des couleurs.
“It can't be…”²  murmure-t-elle.
Et puis, tout se déroule en un éclair. Elle ramasse sa robe, l'enfile, part à la recherche de ses chaussures. Indifférente à la douleur qui la fait boiter – signe d'une nuit réussie ! - elle attrape enfin sa pochette, glisse son journal sur le bras.
“Gotta go,” prend-elle, notons le, le temps de prévenir Gunnar. “I'll see you on the campus.”³
Et dans un crac typique du transplanage, la jeune femme disparaît, sans se rendre compte qu'elle a implicitement laissé entendre qu'ils se reverraient.
Ni qu'elle l'a abandonné alors qu'il est encore à moitié attaché.
________________________
¹ Que le jeu commence.
² C'est pas possible…
³ Je dois filer. On s'revoit sur le campus.