Les fêtes de noël sont parfois épuisantes. Mais au moins, ça m'occupe l'esprit. J'évite de trop réfléchir, de trop penser. La bonne humeur ambiante des gens me remonte le moral, c'est bête, mais c'est comme ça. Surtout après le mois de Novembre qui est à mon sens le moment le plus déprimant de l'année à cause des journées devenant de plus en plus courtes, les fêtes de Noël me font du bien. Je n'ai pas énormément de travail pendant les fêtes, même si certains sorciers viennent chercher une baguette pour le noël de leur rejeton de onze ans. Je vend aussi des nouveaux étuis, ou ce genre de petits accessoires. Mais c'est globalement assez calme pour moi.
Je suis occupé à faire mes comptes aujourd'hui. C'est nécessaire, quand on est un commerçant. Fort heureusement, je suis plutôt bon en mathématiques même si mes papiers sont dans un bordel sans nom. C'est tellement le bazar qu'un hippogryfe n'y retrouverai pas son petit. Alors que je suis en train de séparer les factures en essayant de déchiffrer ma propre écriture, je fronce les sourcils. Est-ce que c'est une vente de baguette ou une commande de bois ? Je fronce les yeux et me penche un peu mieux pour essayer de lire ce que j'ai gribouillé sur un coin de feuille.
Alors que j'allais enfiler mes lunettes pour mieux voir, je relève la tête en entendant la cloche de la boutique. Par habitude, je me lève pour me faire voir. Le comptoir est trop haut, je devrais vraiment le faire rabaisser un petit peu pour que les clients sachent que je suis assis derrière quand ils rentrent. Je me force à sourire à la jeune femme qui entre dans le magasin. Je n'ai pas trop de mal à faire des efforts pour avoir l'air sympathique, avec noël qui arrive. Je regarde mon thé qui va sans doute refroidir le temps que je m'occupe d'elle et lui souhaite la bienvenue :
« Bonjour mademoiselle, bienvenue. »
Je monte sur le petit marche pied derrière le comptoir pour être à sa hauteur. Ollivanders était quand même grand... Ce n'est pas bien difficile d'être plus grand que moi, mais quand même. Je jette un oeil à ma propre baguette sur le bureau derrière, puis reporte mon attention sur la jeune femme. Elle doit avoir une vingtaine d'années tout au plus. Rousse, alors peut-être bien Irlandaise ? J'ai entendu dire qu'il y avait beaucoup de gens roux dans ce pays.
« Que puis-je faire pour vous ? »
Vu son âge elle a probablement déjà une baguette. Alors je me demande bien ce qu'elle viens faire ici. Je doute qu'elle ait un enfant à qui faire un cadeau, elle semble un peu jeune pour être mère. A son âge j'avais déjà des enfants, mais c'était une autre époque. Un autre pays aussi... Peut-être un petit frère ou une petite sœur ?
La période de Noël ... L'une de mes périodes favorites de l'année. Jusqu’à l'année dernière, ça signifiait pour moi des journées à jouer dans la neige avec mes cousines et les garçons, puis des jeux d'alcool au coin du feu, chez les uns ou les autres, à l'abri du regard des parents partis faire la fête de leurs côtés. Cette année, je ne sais pas trop ce que je vais faire. Emilia et Lory, mes cousines et meilleures amies, sont censées venir me rendre visite à Londres, mais Alexei travaille toujours et Akio et Komaro sont en Australie. Il faut encore que j'achète un sapin, avec des étoiles et des boules enchantées pour égayer mon salon, et que j'enchante quelques chapeaux pour qu'ils brillent de mille feux. Il faut aussi que je prépare les cadeaux que je compte offrir à mes cousines. Que de travail en perspective ! Je voulais me rendre ce matin au Chemin de Traverse pour retirer de l'argent dans mon coffre.En sortant de chez moi, j'ai sortit ma baguette, après avoir vérifié qu'aucun Moldu ne regardait par là, et ait lancé un sort de déneigement. Il était hors de question que je ruine mes toutes nouvelles bottes à talons en marchant dans la neige ! Quand j'ai voulu lancer mon sort, ma baguette a émis une faible étincelle, puis plus rien. Quoi ?? Noooon ! Pas maintenant ! J'ai réessayé au moins trois fois avant de me rendre à l'évidence. Ma baguette ne fonctionnait plus. J'étais bonne pour faire un tour chez ce fabriquant de baguette si célèbre, cet Ollivander. J'espérais vraiment qu'il méritait sa réputation, parce que je n'avais vraiment pas que ça à faire ! Et j'avais besoin de ma baguette. J'ai transplané directement devant Gringotts, puis, après avoir remplit ma bourse dans mon coffre, je me suis avancée jusqu'à la boutique de ce fameux Ollivander. La devanture ne donnait pas vraiment envie d'entrer. En bois foncé, elle était usée et couverte de marques diverses et variées. Elle ne semblait pas avoir été rénovée depuis au moins la Guerre des Géants. Je poussais un soupir désabusé, puis me résignais à entrer.
"Bonjour mademoiselle, bienvenue"
La voix sortie de nulle part me fit sursauter. Puis un homme apparut derrière l'immense comptoir. Bizarrement, il n'avait pas du tout la tête que j'imaginais. Typé asiatique, il m'évoquait quelque chose, mais j'étais incapable de me souvenir quoi. "Que puis-je faire pour vous ?"
Chassant cette impression de ma tête, je m'avançais en lui tendant ma baguette, quand son nom me revint. "Shigure Tokugawa ! " m'exclamais-je, abasourdie. "Mais, qu'est-ce que vous faites là ? Vous avez abandonné votre boutique japonaise ?"
Puis, je me rendis compte qu'il ne devait plus se souvenir de moi, sachant qu'il ne m'avait vue qu'une seule fois le jour où, accompagnée de mes parents, je suis allée acheter ma première baguette, que je n'ai jamais quittée depuis. Il était considéré comme le meilleur fabricant de baguette du Japon, au même titre qu'Ollivander pour les anglais, et avait réalisé ma baguette sur mesure. Bois de cerisier, cheveu de Vélane, 21.7 cm, souple. "Je suis Aedyrn Masamoto, fille de Aito Masamoto. Vous ne devez plus vous souvenir de moi, mais je suis venue chez vous pour acheter ma première baguette magique."
Le fabricant n'avait vraiment pas changé. Quand j'étais petite, avec mes amis, nous nous amusions à imaginer quelle vie ce curieux personnage pouvait avoir. Ma théorie préférée était celle de l'explorateur contraint par une maladie de rester immobile derrière un comptoir à faire de baguettes magiques à la chaîne. Cela expliquerait la dépression et les tentatives de suicide. Je n'étais pas censée être au courant, mais mes parents avaient une fâcheuse tendance à parler devant ma porte quand ils croyaient que je dormais. Bref, toujours est-il qu'il aurait dû être au Japon. Qu'est-ce qu'il faisait là ? Et où était Ollivander ? Je décidais de lui donner ma baguette, j'étais pressée, mais je reviendrais mener ma petite enquête sur sa présence ici.
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Sujet: Re: すみません ✘ ft Aedyrn Ven 7 Déc - 22:13
すみません
Je sursaute quand cette demoiselle m'appelle par mon nom. Et reste interdit quand elle me parle dans un Japonais parfait, en me demandant pourquoi je ne suis plus dans ma boutique au Japon, dans le quartier magique de Kyoto la vieille capitale. C'est vrai qu'elle ne devais pas s'attendre à me retrouver ici, les Tokugawa n'ont jamais quitté le Japon. Je hausse un sourcil surpris, mais répond tout de même à son interrogation :
« Ma fille aînée a repris la boutique de Kyôto comme l'exige la tradition des Tokugawa. Je suis venu m'installer au Royaume-uni depuis deux ans. J'ai appris aux côtés de Monsieur Ollivanders et viens de reprendre sa boutique, maintenant qu'il est parti à la retraite. » Tout en prenant la baguette qu'elle me tend je commence à l'examiner puis relève les yeux quand elle se présente enfin. Masamoto. Effectivement. J'esquisse un petit sourire amusé, et soulève sa baguette pour mieux la regarder.
« Effectivement, Masato-san. Je me souviens que j'avais fait venir des cheveux de vélane sur demande de votre mère. » C'est rare, que je cède aux caprices des parents pour leurs enfants concernant des baguettes sur mesures. Mais le cheveu de vélane n'est pas un cœur trop expérimental, j'avais donc accepté la demande. Par contre, si on m'avais demandé du basilic, j'aurais tout de suit dit non sans hésiter. On ne confie pas ce genre de baguettes à une enfant de onze ans. Portant la baguette à mon oreille je fronce les sourcils et tapote légèrement le bois en grimaçant.
Le cœur n'est pas au meilleur de sa forme. Malheureusement, le cheveux de vélane est d'une nature assez capricieuse et caractérielle, tout comme la créature dont il est issu. C'est le risque, avec certains cœurs. Comme pour le mien, à base de linceul de détraqueur. Impossible de lancer un patronus, impossible d'effectuer des enchantements de protection trop puissants. Par contre, les maléfices c'est une toute autre affaire. J'ai rarement vu mieux.
« Je suppose que vous êtes venue au Royaume-uni pour poursuivre vos études supérieures, Masamoto-san ? » Quel âge a-t-elle maintenant ? Sans doute vingt ans environ. La baguette commence à vieillir, à fatiguer peut-être. Mais elle n'est pas fichue. Je n'utilise que des bois et coeurs de qualité pour mes baguettes. Son soucis est probablement lié à l'utilisation qu'elle en fait. « Avez vous utiliser des sortilèges inhabituels dernièrement mademoiselle ?... Ou alors, peut-être que vous vous êtes un peu trop entêtée à pratiquer un nouveau sort qui pourrais vous résister. »
Avec ses études, c'est probable que sa baguette jette des sorts de manière répétitive. Ou des sorts auxquels elle n'a pas été habituée. Des choses plus complexes qui demandent un temps d'adaptation. Ou juste une lassitude, si l n'y a pas de nouveauté. Je continue d'écouter la baguette en fermant les yeux et la dépose sur le comptoir en attendant d'en savoir plus. Les baguettes parlent, mais pas suffisamment pour que je puisse être certain de mon diagnostique.
Alors comme ça, Ollivander a prit sa retraite ... C'est logique, après tout. Il se faisait vieux. Je souris quand il évoque ma mère. Je me souviens parfaitement de la scène qu'elle avait faite à mon père. Elle voulait à tout prit que ma baguette soit composée d'une cheveu de Vélane, alors que mon père voulait quelque chose de plus puissant, comme une plume d'Oiseau-Tonnerre, celui que sa baguette possédait. Comme toujours, ma mère avait eu le dernier mot, et elle était allée commander elle-même la baguette à Tokugawa. Si j'avais eu mon mot à dire, j'aurais fait confiance au fabricant, tout en lui demandant quelque chose d'assez puissant. Mais je m'étais attachée à cette baguette, qui avait le même caractère que moi : pourri. J’espérais vraiment que ce problème n'était que passager, je serais vraiment triste de devoir jeter cette baguette. Je sais, c'est stupide de s'attacher autant à un bout de bois, mais j'avais vraiment l'impression qu'elle était vivante, qu'elle ressentait les choses. Elle m'avait toujours été d'un soutien sans faille, du moins quand j'étais en danger ou que je devais faire une démonstration. " Avez vous utilisé des sortilèges inhabituels dernièrement mademoiselle ?... Ou alors, peut-être que vous vous êtes un peu trop entêtée à pratiquer un nouveau sort qui pourrais vous résister. "
La question du fabricant me fis rougir. Hum... Je dis la vérité, ou pas ? J'utilisais effectivement un sort inhabituel à répétition, mais ce n'était pas pour les cours, plutôt pour un projet personnel... Pas vraiment légal. Je m'entraîne depuis mon arrivée à Londres à la pratique d'un sort de magie noire que j'espère maîtriser à temps pour l'anniversaire de mes frères. Je ne sais pas ce que je peux lui dire sans prendre trop de risques. Je ne le connais pas vraiment, je ne sais pas si je peux lui faire confiance, et je ne veux vraiment pas me faire prendre à pratiquer de la magie illégale. Finalement, je choisis de confirmer sans donner de détails. "Oui, j'essaye depuis plusieurs mois un sortilège que je ne parviens pas à maîtriser."
Reste juste à espérer qu'il ne cherchera pas à savoir quel sortilège me pose autant de problèmes ....
Invité
Sujet: Re: すみません ✘ ft Aedyrn Mer 12 Déc - 20:25
すみません
A mon avis, il n'y a pas a chercher plus loin. Par acquis de conscience, je pousse tout de même l'examen et reprend les mesures de la baguette. La vente remonte à il y a longtemps, mais je me souviens tout de même des détails de cette baguette. C'est assez exceptionnel que je cède à une demande de baguette sur mesure pour un jeune sorcier, ou une jeune sorcière dans son cas.
Le bois n'a pas bougé. Il est certes légèrement usé si l'on regarde attentivement au niveau du manche, mais il suffit de repasser un coup de vernis. J'utilise seulement des produits de qualité, et en plus de dix ans, l'usure se remarque à peine. Je m'absente un instant pour aller chercher de quoi recouvrir la légère trace d'usure. J'enfile mes lunettes pour être certain d'y voir, et répare d'un simple petit coup de pinceau les traces liées à l'utilisation.
« Ne cherchez pas plus loin. Votre baguette contiens un cheveu de vélane. Le cœur en a simplement marre d'effectuer quelque chose de répétitif sans succès. »
Je renfile et observe mes réparations sommaires. C'est amplement suffisant, étant donné que la baguette est encore en bon état. Je tend de nouveau l'oreille en fermant les yeux, comme si cette baguette me chuchotais à l'oreille. Et c'est plus où moins le cas.
« Tentez de nouveau ce sortilège plus tard. Essayez d'offrir de nouvelles choses à cette baguette, mais surtout des sortilèges simples dans les premiers temps. Le cheveu de vélane a besoin d'être diverti, et d'évacuer la frustration pour arrêter d'être boudeur. »
Ollivander se contentais de seulement utiliser pour cœur du crin de licorne, du nerf de dragon et de la plume de phénix. Des cœurs à la magie sure, et peu capricieuse. Moi, j'ai préféré tenter des choses plus audacieuses. Pendant mes deux ans à ses côtés, nous nous disputions d'ailleurs souvent au sujet du cheveu de vélane... Lui détestais cet ingrédient, contrairement à moi.
Tokugawa observa ma baguette pendant un moment avant d'aller chercher du matériel dans l'arrière-boutique. Pendant son absence, j'en profitais pour regarder autour de moi. La boutique était poussiéreuse et sentait le renfermé, mais, d'une certaine manière, elle me rappelait celle du Japon, qui m'avait tant marquée à ma seule et unique visite. J'avais adoré cette boutique, elle symbolisait pour la petite fille que j'étais l'entrée dans le monde magique, bien plus que la découverte de mes pouvoirs ou les démonstrations de mes parents. Ce jour où j'étais allée chercher ma baguette, je m'étais sentie tellement puissante ! Je pressentais que j'allais faire de grandes choses. Je me souviens parfaitement de l'air émerveillé de mes frères quand je suis rentrée à la maison ce jour-là, et des recommandations de mes parents qui affirmaient que j'étais enfin entrée dans le monde des sorciers. Des vrais sorciers.
L'émotion que je ressens aujourd'hui dans cette boutique, si loin de mon Japon natal, n'est pas vraiment la même, mais elle s'en rapproche. Ah, qu'est-ce que cette époque me manque ! L'époque de mes onze ans, des jeux insouciants avec Komaro et des duels de magie avec des branches en guise de baguettes. Une larme perle au coin de mon oeil, que j'essuie bien vite quand Tokugawa revient.
Le fabricant appliqua une sorte de vernis sur ma baguette, et me révéla que le cheveu de Vélane, de nature capricieuse, avait juste marre de répéter le même sort sans succès. Je soupirais. Foutue baguette. Ce n'était pas la première fois qu'elle me faisait ça, j'aurais dû m'en douter. Parfois, je me demande si je ne devrais pas en changer. Le cœur n'est pas le plus puissant qui soit, et son caractère la rendait difficile à manier. Mais c'est pour ça qu'elle était faite pour moi.
J’acquiesce rapidement aux recommandations que me fait le fabricant, en réprimant une grimace parce que ça signifiait que j'allais devoir arrêter mes préparatifs et que mon sort ne serait jamais prêt pour mon retour au Japon. J'allais devoir attendre le prochain, et ça me contrariait. Beaucoup.
Rendue légèrement agressive par ce nouveau délai non prévu, je demandais au fabricant : "Il n'y a pas de moyens pour la faire fonctionner plus tôt ? Je ne peux pas attendre. "