Léonard X. Dubois | Joseph Gordon Levitt

Un arbre généalogique d’une centaine d’année, des noms tout aussi vieux et moches les uns que les autres, un peu plus stylisé dans notre temps moderne. Mais lui, il avait dû hériter du vieux nom d’un de ses ancêtres dans le temps de la noblesse, son premier prénom, avec un plus jeune qui le suivait. Léonard… Ça donnait pas envie de faire des prouts prouts sur son ventre et de lui dire des gaga gougou, mais plutôt de parler philosophie et histoire quoi. Fort heureusement, ses parents avaient quand à eux, réussi à passer outre et lui donner de l’affection malgré son prénom. Heureusement qu’il existait le surnom Léo pour compenser leurs erreurs. S’il avait pu parler si jeune, il aurait surement lâcher un beau tbk digne de ses origines. Pas chrétiennes non, plutôt québécoises. Et comme toujours, ça prenait un peu de temps, quelques petites années avant de savoir si on avait mit au monde un enfant ou un infirme. Du moins, si on était un cracmol dans cette famille de sorcier, c’était être infirme. Au grand soulagement des parents, Léonard ne l’était pas. Son sang était parfaitement fonctionnel.

Compte tenu que l’école des moldus était hors de questions, ses parents se permettaient de lui faire vivre une enfance bien particulière. Une maison instable, des amis qui ne restaient pas, qui changeait souvent de langue et de visage par la faute du voyagement. Bien entendu il avait ses moments de crises, mais il finissait par passer outre faute de n’avoir d’autre choix. Ils voyageaient beaucoup faute de l’emploi de papa, et des envies parfois qui leurs prenaient. Mais ses 11 ans approchaient à grands pas, et il se devait bien de stabiliser au moins leurs fils, pour qu’il puisse devenir un grand sorcier. Ils avaient voté pour la France, Léonard prenant un bon moment avant de cesser de regarder drôlement les habitants. Il ne comprenait pas grand chose au départ, mais avait fini par capter. Et tout aussi bien par recevoir sa lettre pour aller à l’école de Beauxbâtons. Sa maman aussi, y avait été, et la connaissant avec sa ténacité, papa n’avait pas vraiment de mot à dire sur l’endroit de ses études. Sa tête de mule ne venait pas de n’importe qui après tout.

Ce fut donc là qu’il avait grandi pendant une autre partie importante de sa vie. Là qu’il avait dû apprendre à utiliser des mots autrement, mais sans jamais y perdre son accent, là où il avait commencé à apprécier les humains sous toutes leurs formes, de façon général. Là où cette école de sorcellerie était devenu aussi une pratique pour lui à devenir un tombeur. Lui et sa petite réputation. Mais du haut de ses 16 ans, il y en avait bien une qui avait fini par lui détourner la tête complètement. Il avait un oeil dessus depuis bien longtemps, celle qui selon lui était la plus magnifique d’entre toutes. Elena. Elle n’était pas dans ses cours, dans un grade plus haut que lui, mais elle avait déjà sa place dans son petit coeur et dans sa soupe. C’était bien la première fois qu’il se sentait tout drôle, qu’il avait l’impression de goûter un peu à de l’amour. Il avait voulu prendre son temps avec elle. Elle lui avait offert son amitié, et quelques années plus tard elle son coeur. Il savait sa nature, et jamais cela ne l’avait dérangé. Il l’acceptait comme elle était, et c’était peut-être bien ça qui l’avait fait flancher vers ce oui. Le tombeur était devenu l’amoureux. Il n’avait d’yeux que pour elle désormais, et ils vivaient leurs petit bonheur pendant la scolarité. Elle avait été tout pour lui, sa première fois, son premier amour… Et elle fut celle qui lui brisa le coeur en miettes, et la dernière, s’était-il juré.

Comment ? Elle avait terminé ses études avant lui, ils s’étaient promis de se retrouver bien vite en été, mais les nouvelles ne venaient pas aussi souvent et rapidement qu’avant. Elena lui manquait, un peu plus à chaque jour, et les lettres se faisaient de plus en plus espacés. Le retour vers sa dernière année était arrivé sans qu’il ne le réalise, les lettres encore un peu plus rare, la dernière qui lui annonça qu’elle s’excusait, qu’elle était très occupée, et qu’elle était désormais à la MUL, en écosse. Il avait été très patient, profitant des vacances de Noël avec cette idée de lui faire une petite surprise. Et il était allé, là-bas, pour découvrir à la dure qu’Elena Schmitt n’avait jamais existé. Elle lui avait mentis, à lui. Elle l’avait laissé avec cette impression de mensonge, de doute sur leurs liens depuis le tout début. Peut-être ne l’avait-elle jamais vraiment aimé, qui sait ? Pour lui faire un coup pareil. Elle lui avait laissé un goût amer dans la bouche, et qui encore aujourd’hui devait bien rester, en quelque part, pour être devenu le tombeur sans stabilité, la fuyant. Une toute dernière lettre, longue, lourde, lui fut envoyé, à sa chère Elena. Débordant de haine pour ce qu’elle lui avait fait, lui exclamant haut et fort qu’il avait compris, qu’il la laisserait tranquille, comme elle l’avait tant cherché depuis son départ.

Ça lui avait malgré tout prit du temps, avant de s’en remettre, avant de se lever un jour avec cette conviction que ça serait la dernière fois. Qu’il ne laisserait plus une âme lui faire du mal ainsi. Qu’il passerait par-dessus, et comptait bien continuer sa vie. Mais il avait malgré tout eu besoin d’un peu d’aide pour se faire. Ce besoin de changer d’air, encore une fois, de quitter la France, de partir pour d’autres pays. Partir pour vivre sa jeunesse, retourner dans ses habitudes du passés, et cette fois sans le moindrement rechigner lorsqu’il allait changer de cap. Seul, sans les parents autour, quoique parfois ils se croisèrent et passèrent quelques jours, quelques semaines ensemble. Il avait grandit, la aussi, ressortant de ces nombreuses années avec beaucoup plus de connaissance que l’on pouvait simplement trouver entre quatre mur d’une école, avec un c.v. bien garnis d’expériences diverses.

Mais un jour ou l’autre, il faut reconnaître qu’il faut se stabiliser, faire quelque chose de sa vie. Léonard s’était réveillé de son rêve à ses 35 ans, réalisant ce petit vide inquiétant qui l’habitait, qu’il vieillissait, et qu’un jour il se devait de se faire une carrière. Un peu de stabilité, un nouveau défi pour lui. Il était retourné en Écosse, pour s’y trouver un petit lieu pour y habiter, un boulot pas si loin que ça compte tenu qu’il pouvait aisément y transplaner. Et il avait terminé avec son inscription à la MUL. Au départ, sans réellement avoir la moindre idée de ce qu’il voulait faire, mais une petit idée lui avait été glissée à l’oreille. Avec ses expériences, ses voyagements, pourquoi ne pas en faire profiter aux autres? Il avait terminé en enseignement, avait bien entendu été accepté. C’était quand même un peu dingue tout ça. Un vieux parmis la jeunesse, surtout que certains des profs, même, était plus jeune que lui. Mais bien entendu, rien qui ne puisse le déranger, plutôt lui plaire vous savez. Il se sentait un peu dans son élément, en quelque sorte, avec tant de corps à la porté.