Comment on avait réussi à te traîner jusqu’ici ? T’en savais trop rien, peut-être bien un concours de circonstances, un moment d’égarement ou de faiblesse de ta part. De toute manière, tu pouvais bien chercher des causes, accuser tout et n’importe quoi, y compris Vindemiator, ton arrière-grand-père maternel, que ça ne changerait strictement rien aux faits ; ton royal fessier vissé à une chaise, sur laquelle tu t’étais légèrement affaissé, laissant ton dos reposer contre son dossier, abandonnant toute trace de bienséance qu’on avait pu t’inculquer durant toutes ces années, et donnant cette impression de te détacher délibérément de la conversation à laquelle t’étais censé participer, à cette envie ed quitter le groupe que t’avais suivi. Il ne faisait aucun doute qu’adulte indépendant, entouré ou non, si ta mère te voyait si relâché, tu n’aurais pas échappé à sa crise de nerfs, encore moins à ses commentaires. Mais t’avais plus vraiment la force de faire quoique ce soit, si ce n’était attendre un peu désespérément qu’au choix quelqu’un ne fasse mine de partir, et tu suivrais le mouvement, ou qu’une situation de force exige le bar à se vider subitement.
Au fond, ça ne te dérangeait pas plus que ça, de passer du temps avec des collègues en dehors des heures de bureau, ce qui te posait plus problème, c’était de te retrouver dans un endroit fermé aussi bondé, où t’avais L’impression tout entendre sans rien savoir capter en particulier. T’avais essayé au début, de faire un effort, de te concentrer un minimum, mais malgré ça, t’arrivais que difficilement à faire la différence entre leurs conversations et celles de la table de derrière ou encore juste à côté de vous. Même si t’imaginais bien que ce n’était pas tes homologues qui étaient scrupuleusement en train de discuter du dernier article sorti sur Adolphus Tournemusc, ou tu ne savais quel nom de joueur de Quidditch, tu ne suivais ça que de trop loin, voir pas du tout, et encore moins des abdominaux qu’il devait avoir et que franchement, ce serait un réel plaisir que de voir le cours du cuir de dragon remonter en flèche. Quoique. La dernière partie était déjà bien plus plausible.
Alors tant qu’à ne rien saisir du gloubi-boulga que ces flux de paroles pouvaient représenter, t’avais préféré abdiquer et te concentrer sur ton verre, bien trop vide, bien trop rapidement. Ça ne t’empêchait en rien de faire semblant d’y boire de temps en temps, histoire d’occuper tes mains, peut-être de leur démontrer que non tu n’étais pas encore mort d’ennui non plus. T’avais juste envie de retourner chez toi, de te poser et savoir que tu n’aurais plus à bouger de la journée, ou en tout cas te retrouver dans un environnement bien plus calme que celui-ci.
Puis après quelques temps, il s’avéra que non seulement t’étais pas l’unique personne à avoir fini ton verre, mais que la majorité avait envie d’un deuxième service. Tu ne t’étais pas fait prier pour te proposer à aller passer la commande, sautant sur l’opportunité de pouvoir te dégourdir un minimum les jambes et espérer qu’il y ait moins de monde près du bar même. Ça aurait pu être bien si au passage t’avais fait l’effort de retenir ce que chacun voulait, mais tant qu’ils ne se retrouvaient pas avec du poison dans leur verre, ou un crachat, que ce soit le tiens ou non, ils n’avaient qu’à être contents.
Tu t’étais frayé un chemin entre les tables et les gens, manquant de marcher sur au moins trois pieds, renversant vraisemblablement un verre en passant, avant d’enfin atteindre ton but. Et même si ce n’était toujours pas l’idéal, il y avait un peu moins de bruit, les personnes accoudées là étant visiblement seules pour la plupart. Grand bien leur fasse. Il suffisait juste que t’arrives à capter l’attention d’un des barmans, chose qui n’avait pas tardée. Mais tu ne t’étais certainement pas attendu à apercevoir un visage familier, littéralement. Instinctivement, t’avais un peu froncé les sourcils, plus par réflexion qu’autre chose, te demandant un instant si il s’agissait bel et bien de ton cousin, ou si tu le confondais avec un parfait inconnu qui risquerait de croire que t’avais trop bu et se déciderait à te sortir du bar avant qu’il n’y ait du grabuge. Un geste qui t’arrangerait fortement, au fond. Si t’avais eu la foi et l’envie de te donner en spectacle, t’aurais peut-être bien délibérément opté pour cette option.
▬ …Peeter ? »Un des meilleurs moyens pour savoir si ton intuition était bonne était déjà de confirmer le prénom, ça serait un bon début. Même si bon, t’avais beau te trouver des excuses une fois sur trois pour ne pas aller aux réunions familiales, t’en avais fait assez pour te rappeler de la tête de certains, même si ça faisait au moins cinq ans que tu n’avais plus croisé le brun. Que tu ne risquais pas de l’y revoir de si tôt vu ce qui pouvait se dire sur sa mère et lui d’ailleurs, mais dans un sens, c’était plus une chance qu’autre chose de ne plus devoir se coltiner ce genre de réunions.
« ▬ Qu’est-ce que tu fais ici ? T’es…barman ? »Magnifique constatation, heureusement que tu savais encore comment utiliser ta vue, parce que visiblement fallait pas trop compter sur ton cerveau pour trouver des questions pertinentes.
Weather's nice outside, I think I'll close the window blinds. Yah, sleep through my alarm, so that I skip the sunny part