Urgence capillaire (Jesus & Silène)

Il y a des rituels sacrés dans la vie de Silène. Se colorer les cheveux, ça en fait parti ! C’est un petit plaisir qu’il a. Il aime l’odeur de la poudre décolorante, faire les mélange dans de petits godets, de badigeonner la tête au pinceau. Oui, chacun ses petits plaisirs. Et lui, il aimait faire ça comme les moldus. C’était son truc. Chaque mois, il décolorait ses racines pour les teindre ensuite. En rouge depuis plusieurs mois. C’était un peu devenu sa couleur. Sa flamboyance. Il avait donc mis à poser sur ses cheveux la crème décolorante. Il attendait tranquillement que le minuteur de son téléphone l’informe qu’il devait rincer ses cheveux. A la sonnerie, il se dirigea vers la douche et commença à rincer ça. Mais alors qu’il avait encore du shampoing mélangé à la poudre décolorante dans les cheveux, l’eau se stoppa. Il appuya sur le bouton, tourna vers le froid, le chaud, mais non plus d’eau. Panne sèche.

Oh bien sûr, il aurait pu tenter un reparo, ou un aquamandi, mais avec la mousse qui menaçait ses yeux, il n’y pensa pas. Il laissa plutôt une floppé de jurons passer ses lèvres. Il attrapa une serviette qu’il noua autour de sa taille à la hâte pour ne pas sortir de sa chambre à poils. Il essaya d’ouvrir la chambre d’à côté, puis la suivante, puis celle d’après, jusqu’à ce qu’une porte s’ouvre. AH  ! Enfin !

“Pardon je fais que passer ! Panne de douche ! Urgence rinçage !” lança-t-il en passant comme une furie dans la chambre de ces étudiants qu’il n’était même pas sûr de connaître.

Il se jeta dans la douche et put rincer ses cheveux. Ouf. Sa précieuse chevelure était à peu près sauve. Il avait esquivé un désastre capillaire. C’était une grande et bonne nouvelle. Il soupira d’aise en essorant ses cheveux. Bon, par contre, il était dans la salle de bain d’inconnus. Bonjour les présentation. Et il était en serviette aussi. Bouarf. Il allait s’excuser, et puis, au pire, il proposerait aux personnes dérangées de leur offrir un repas ? C’était un bon deal.

Il sortit donc de la salle de bain, toujours la serviette nouée à la taille. Pourvu qu’elle tienne encore quelques minutes. Les cheveux humides, ceux du haut de sa tête d'un blond presque blanc.

“Hey…” lança-t-il au garçon présent. “Désolé d’être passé comme une furie, mais j’avais du décolorant dans les cheveux, j’avais pas envie qu’ils soient cramés… Silène, enchanté, et toi ?”

Il s’avança, tendant une main amicale au métis. Oui, c’est pas parce qu’on est à moitié à poils qu’il faut se comporter comme un sauvage !

Il n'y avait pas à dire, tout allait de travers aujourd'hui. Ca avait commencé par son réveil qui n'avait pas sonné et un bon petit mal de crâne quand il s'était tiré de ses draps bien trop tard pour ses cours. Bon, ça n'était pas la première fois qu'il n'y assistait pas. Probablement pas la dernière. Mais même pour le boulot, il était à la bourre ! Il s'était préparé à la hâte et précipité à la cafétéria, pour commencer la cuisine. Et là, les emmerdes s'étaient enchaînées. D'abord, la moitié des légumes qui devaient être préparés avait été volée. Ca faisait longtemps qu'il n'avait pas fait de rondes dans les cuisines le soir. C'était pas son boulot, merde ! Mais il fallait croire que certains y avaient vu une occasion. Et ensuite, il s'était coupé en dosant mal son sort pour émincer les oignons. Heureusement, l'apprenti qui travaillait avec lui n'était pas trop mauvais et il avait guéri ça avec un peu de magie. Mais avouez, ça faisait beaucoup. Le service du midi l'avait achevé. Et il était rentré chez lui avec l'envie de passer l'après-midi sous la couette, à ne rien faire. Le cours d'économie de l'après-midi serait sacrifié pour son moral. Tant pis. Il rattraperait au moment des partiels de fin d'année, avec un peu de chance... Et sinon, ça ne serait qu'un redoublement de plus, hein. Etait-ce de sa faute si les cours théoriques lui passaient au dessus ?

Il avait jeté ses chaussures dans un coin de la pièce, était allé voir ses nombreuses potions en cours de préparation, ajouté un ingrédient à l'une, versé un autre chaudron dans de petites fioles prêtes à être venues, il en avait mis une sur le feu.... Et une fois tout ça fait, il avait bien mérité de s'allonger et de ne rien faire. Il attrapa sa baguette pour fermer les volets, déboutonna son jeans et glissa sa main sous son boxer. Histoire de se détendre un peu et de se remonter le moral, quoi.

Alors vous pensez bien qu'être interrompu par quelqu'un qui pousse la porte d'un grand coup, ça n'était pas tellement au programme ! Jesus lâcha toute affaire en cours, remonta la couette sur lui et n'eût pas le temps de faire tellement plus que la furie s'enfermait déjà dans la salle de bain. Sans même lui laisser le temps de râler. Non mais ... pouvait-on être d'avantage sans gêne ? Ah ça, il n'allait pas se faire prier pour râler dès que l'autre sortirait, hein ! Mais avant ça, un long grognement, il remonta ses vêtements et les reboutonna et sortit de la couette. Baguette à la main, prêt à le recevoir comme il se devait. Pourvu que l'autre n'ait rien remarqué et ait simplement pensé qu'il était au lit, hein...

Il s'était mis face à la porte, attendant patiemment qu'elle s'ouvre. Prêt à râler. Mais il resta bouche bée quand l'autre garçon finit par sortir. Hé ! Il connaissait ce visa... Oh. C'était... embarrassant.

"Hé... Euh... Jesus mais..."

Eh bah alors Jesus, on a perdu toute sa verve et toute sa hargne ? Il fronça à nouveau les sourcils. Non mais ce n'était pas parce qu'il connaissait ce visage et ... ce corps qu'il n'allait pas gueuler ! Il croyait quoi l'autre là ?

"Ça va pas d'rentrer chez les gens comme ça là ? C'était trop compliqué d'frapper ? Ou d'utiliser ta putain d'magie ? T'es un cracmol ou quoi ?"

Évidemment, il ne prit pas la main. Les deux siennes étaient croisées sur son torse. Et sachant qu'il n'avait pas eu l'occasion de se les laver parce que Silène avait squatté la salle de bain, c'était peut-être mieux pour le blondinet aussi.

"Et dis pas merci pour la douche surtout hein !"

Vraiment, une bonne grosse journée de merde ! Et en plus fallait que ce soit ce garçon là. Et qu'il l'ait surpris en plein... Rha. Il avait l'impression d'avoir douze ans à nouveau. Non mais il n'avait rien vu, n'est-ce pas ?

Ben… Qu’est-ce qu’il foutait devant la porte avec sa baguette le beau mâle ? Quoi ? Il avait eu peur de son irruption ? Sérieusement ? Il avait quand même clâmé quelques explications en passant. Vraiment, ces mecs qui paniquent pour rien je vous jure. Et en plus, qui perdent leurs moyens… Il avait pas l’air d’avoir inventé l’eau chaude ce beau spécimen. C’était quoi qui lui faisait ouvrir la bouche comme ça ? Son corps d’Adonis ? Quoi, ses séances de yoga et de renforcement musculaire avaient soudainement pris effet ? Son corps était enfin irrésistible ? Il eut un doute et regarda ses abdos furtivement, non, vraiment, toujours pas de six pack à l’horizon. Alors quoi ? Et il voulait pas lui serrer la main… Jesus… Jesus… Il se mordit la lèvre pour ne pas rire. En France, ce n’était pas très courant comme nom. Et clairement, ce prénom paraissait beaucoup trop drôle à Silène… Bon, il s’appelait Silène, il avait pas trop le droit de se moquer, mais quand même… Jesus.

Oh allélouia, il retrouvait la parole. Silène haussa un sourcil. Vous savez, le sourcil du jugement. Eh bien, il était peut-être mieux en silencieux avec la bouche ouverte, parce que là, il en devenait limite désagréable. Clairement désagréable. C’est bon quoi ! Il avait juste passé la porte en trombe, il n’avait pas vandalisé sa chambre, maté ou quoi.

“Ho tu te calmes déjà ! J’ai de très bons amis cracmols, et c’est hyper violent pour eux c’que tu dis là ! T’as cru qu’c’était un handicap d’en être un ? Donc tu vas descendre de tes grand chevaux de suite, le fil de Dieu. T’es pas sorti d’la cuisse de Jupiter ! Et non j’ai pas pensé à faire de la magie ! C’est bon, putain ! Je suis juste passé dans ta putain de chambre alors que tu pieutais !”


C’était pas comme s’il l’avait surpris en train de se branler. Oh. Non… Il s’arrêta. Réfléchissant à l’éventualité. Il fronça un peu les sourcils. Et fixa les mains du métis. Oh merde, c’était pour ça qu’il lui avait pas serré la main ? Oh non.

“Tu te branlais ? Mais putain… Tu verrouilles pas ta porte quand tu fais ça ? Oh putain…”

Il explosa de rire.

“ça va ! C’est bon, ça arrive… Tout le monde le fait… Promis, je dirai rien de toute cette histoire… Et merci pour la douche… Et toi tu dis pas merci pour le fap material ?” demanda-t-il en s’auto-désignant avec un sourire amusé.

Il n’était pas très sûr qu’ils soient du même bord. Et puis, c’était une blague. ça le faisait juste rire qu’un truc pareil arrive. Il s’en fichait bien qu’on se branle dans la chambre d’à côté. Il n’était pas le dernier à le faire… Bon, rarement à cette heure-ci quand même…

Non mais il manquait pas de souffle celui là ! Le voilà qui l'engueulait après être rentré dans SA piaule sans toquer et avoir squatté sa douche sans même demander. D'accord, c'était Jesus qui avait commencé à râler le premier mais il ne pouvait s'empêcher de trouver ça gonflé. Et encore plus énervant, vous pensez bien...

"Non mais ça va d'gueuler alors que tu squattes mon appart là ? Et t'as cru que j'avais choisi mon prénom ? "

Et de l'insulter , c'était plus que gonflé. Ses bras se décroisèrent mais ses poings restèrent serrés. Et c'était avant qu'il n'entende la suite, qui lui fit d'autant plus tomber les épaules et la mâchoire. Et froncer les sourcils.

"Quoi ? Mais bien sûr que non mais ..."

Son teint qui avait viré au rouge à la vitesse de l'éclair disait un peu l'inverse. Il avait l'impression d'être ado à nouveau, surpris par sa tante alors qu'il partait à la découverte de son anatomie. Non mais de quoi il se mêlait, l'autre ? Bon, il était bien trop gêné et honteux pour le reprendre là dessus. Même si avec les années, il aurait pu apprendre à assumer et prendre ça à la rigolade. Mais bien sûr que non. Il avait juste envie d'oublietter la gueule de ce mec qui n'avait en premier lieu rien à faire dans sa salle de bain. Car rien de tel que de remettre la faute sur les autres hein.

"Ça va, ça arrive d'oublier d'verouiller ! Et puis j'aurais pas à le faire si des connards dans ton genre essayaient pas de rentrer sans même frapper hein !"

Et sans s'en rendre compte, il venait un peu de plaider coupable. Même si c'est un grand mot. Silène ne venait-il pas de dédramatiser ça ? Ouais mais il n'était pas du même avis. Pour lui, ça restait un truc dont on ne parlait pas au premier venu. Surtout pas à ce premier venu là. Son regard glissa sur le corps de Silène, si peu vêtu. C'était assez peu compatible avec ce que l'autre avait interrompu. Et engendra quelques rougeurs de plus sur le visage de Jesus, qui baissa les yeux vers le sol.

"Non mais déjà si j'me branle, ça va pas être sur des mecs dans ton genre hein !"

Et pourtant, il n'était pas loin de ... enfin il avait fait largement pire, avec le corps de Silène. Fallait-il le remercier ou au contraire lui en vouloir à vie de lui avoir offert l'opportunité de rencontrer Loïs ? Allez savoir... Il se souvint à ce moment là que ces deux se connaissaient, d'ailleurs. Et que ça datait d'avant leur "rencontre".

"Ni sur d'autres, hein !"

Ah voilà. Il se sentit obligé de le rajouter quand même. Pas que Silène aille se faire des idées. Il n'était pas supposé avoir progressé là dessus, Jesus ? Oui mais là, il se retrouvait un peu face à ses erreurs du passé, matérialisées devant lui.

"T'as pas intérêt à en parler à qui que ce soit."

Il pointa sa baguette droit vers lui. La magique, hein. L'autre avait un peu déchanté de tout ça, quand même.
On était pas loin de le menace, là. Sans qu'il ne précise s'il parlait de parler de ce que Silène avait surpris ou ce sur quoi il était en train de s'emmêler les pinceaux. Un petit mélange des deux, sûrement.

Oh mais ! C’était lui qui l’agressait en le pointant avec sa baguette alors qu’il sortait en serviettes de sa salle de bain. Bonjour la menace. Franchement, c’était lui qui partait au quart de tour pour rien, quoi ! Franchement, c’était pas sa faute ! Il avait presque frappé à la porte… Ou c’était celle d’avant ? Il savait plus trop…

“C’est toi qui commence à m’agresser, c’est bon quoi ! J’t’ai prévenu de pourquoi je passais, et j’avais même pas vu que tu t’branlais ! C’pas ma faute si t’as sur réagis comme un abruti pris en faute !”

Et puis zut quoi ! Il avait eu besoin de rentrer en urgence dans une salle de bain, ça se comprend non ? Même si bon… Les urgences capillaires quand on a des dreads, c’est peut-être pas très courant. Il pouvait quand même faire un effort d’imagination… Il devait bien en avoir de l’imagination quand il s’agissait de sa palucher en milieu d’après-midi. Silène avait relevé le menton, ses bras se croisant sur son torse. Il voulait jouer aux cons le Jesus, il allait pas être déçu du voyage. Le petit français leva les yeux au ciel en l’entendant continuer sur la porte pas verrouillé et le fait qu’il ait pas frappé. C’est bon, il pouvait pas changer de discours, là ? Genre tourner la page ?

Oh génial. Et maintenant on partait sur de l’attaque direct. Quoi un mec comme lui ? ça sous-entendait quoi ? Franchement, c’était blessant. Et probablement homophobe. Il n’était pas venu pour se faire rabaisser. En fait, il était juste venu pour se rincer la tête, donc ça aurait été bien que l’autre lui laisse faire le trajet retour plutôt que d’être devant lui. Roh mais quel “ouin ouin mon hétérosexualité” celui-là !

“En parler de quoi ? De ta putain d’homophobie ? Quoique, au fond, t’es peut-être juste un connard qui s’assume pas… Ouin, ouin, j’ai trop mal à ma masculinité… Tu fais pitié, j’crois bien, Jesus.”

Il baissa son regard vers sa baguette et eut un rire moqueur. Ses yeux revinrent toiser le métis. Il était sérieux là. Il était en train de le menacer ? C’était une putain de blague ? Il s’avança jusqu’à se coller presque à sa baguette, le fixant droit dans les yeux, la tête relevée.

“Mais vas-y, je t’en pris, balance-moi un sort. Je suis sûr que t’es un grand garçon, tu manies très bien ta baguette. Montre-moi comment tu fais ça bien, mon coeur… Bha quoi t’as une panne, mon ange ? Ou pour ça aussi t’assumerais pas ? C’est vrai, on peut facilement rater un sort d’oubliettes, prends surtout pas de risques, chéri.”

Son ton était autrement plus méprisant qu’à sa sortie de la salle de bain. Autant il pouvait tolérer un con qui a mal à sa masculinité et l’envoie chier, autant il ne pouvait pas supporter qu’on essaie de l’intimider. En fait, ça réveillait son esprit de contradiction. Là, il n’avait qu’une envie, c’était le provoquer. C’est quand on veut le faire taire qu’il parle le plus le Beaumarchais. Fierté française, on ouvre beaucoup notre gueule quand on est français.

C'était pas croyable d'avoir un si mauvais caractère ! Et oui, c'était Jesus en personne qui pensait ça de l'autre garçon. Non mais venir sans prévenir et encore lui gueuler dessus, il mettrait longtemps à s'en remettre, croyez moi. Ses sourcils s'enfoncèrent vers son nez. Il l'avait prévenu de que dalle, il se foutait de sa gueule ? Mais il n'était pas au bout de ses surprises, notre petit potionniste. Parce qu'il ne s'attendait pas du tout, en le menaçant de ne rien balancer, qu'on lui renvoie en pleine face une soit-disant homophobie. Ho, mais ça commençait à bien faire ça ! Déjà, il n'en pouvait plus qu'on l'accuse de ça alors qu'il faisait tous les efforts du monde pour s'assumer. Ensuite.. Hé mais il avait pas bientôt fini de lui gueuler dessus alors qu'il squattait SA piaule ?

"Mais c'est quoi le putain de rapport là ? D'où j'suis homophobe ? Et qu'est-ce que ça peut te foutre, que j'm'assume ou non ?"

Là, il était plus que sérieux. Et énervé. Au moins autant l'un que l'autre. C'est qu'il en avait fait, du chemin. Un peu trop pour qu'on lui balance ça dans la gueule, voyez vous. Et il voyait pas le rapport avec sa main dans le slip, un peu plus tôt. Qui ne voudrait pas un peu d'intimité dans ces moments là ? Est-ce que l'autre était vraiment en train de l'accuser d'homophobie parce qu'il ne voulait pas gueuler sur tous les toits qu'il se paluchait ?

Jesus le fixa, le regard noir, les sourcils encore plus froncés -il allait finir par avoir une crampe entre les yeux-. Il ne baissa pas sa baguette. Mais ce ne fut pas le sort qui partit, ce fut la claque, en plein sur sa joue de petit blond peroxydé prétentieux.

"Mais t'es sérieux là ?"

Il rangea sa baguette dans la poche arrière de son jeans, pour s'approcher de Silène et le choper par les épaules, avant de le plaquer contre la cloison de sa chambre, son coude contre la carotide de l'autre. Ce n'était pas l'envie qui manquait de donner un bon coup de pression sur son bras pour lui couper la respiration. Mais il n'en fit rien. Pas plus qu'il ne lui cracha à la gueule, même si c'était tentant.

"C'est pas parce que t'es trop fier de t'assumer et d'afficher qu't'es gay que c'est pareil pour tout l'monde. Tu connais rien d'ma vie. Ca s'passe p'tet bien pour toi et ton cul et j'suis ravi d'le savoir mais c'est pas l'cas pour nous tous, ok ?"

Comment le ton était-il monté si vite entre une petite branlette et un squatt de salle de bain et ça ? Allez savoir. Notons tout de même que Jesus s'incluait -et volontairement cette fois- là dedans. Si on le traitait encore d'homophobe et de refoulé après ça, il ne saurait plus quoi faire de plus. Et non, se rouler dans les paillettes n'était pas une option, sans façons.

"Si y'a un de nous deux qui fait pitié, c'est toi, de prendre ta vie pour une putain de généralité. J'm'assume comme j'le veux. Si j'me peins pas l'cul avec des paillettes, en quoi ça t'regarde ?"

Et il le relâcha, avant que l'autre n'ait l'idée de le mordre ou de lui tordre le bras. Fallait-il lui montrer le chemin de la sortie ?

Ok. La gifle, il l’avait pas vu venir. Et elle avait bien claquée. Pas la première qu’il prenait. Et il savait aussi que ce serait sans doute pas la dernière. Mais elle avait bien claquée. Ce n’était pas tant la douleur sur sa joue qui était violente, c’était l’humiliation que ce geste cristallisait. Cette gifle piquait bien plus sa fierté que sa peau. Même si celle-ci avait rougi bien vite. Cela lui coupa quelque peu sa verve qu’il avait pourtant bien vive. Il n’arriva pas à réagir avant qu’il le plaque contre le mur. En fait… Il se contentait de le fusiller du regard. Quel connard.

Et le “nous tous” n’y changea rien. Il pouvait être pédé, ça changeait rien au fait que c’était un obscur connard. Mais il croyait quoi ? Que sa vie était simple ? Putain. Il s’en fichait en réalité qu’il s’assume pas. Il supportait juste pas sa façon de lui parler. Et la façon dont il s’était énervé pour rien. Alors oui, c’était probablement parti dans une direction injustifiée, et beaucoup trop violente, mais l’autre n’avait pas l’air super apaisé et calme non plus dans ses putains de réponses. Oh ? C’était lui qui faisait pitié ? Et lui il faisait pas pitié à l’étrangler à moitié ? C’était super courageux vu leurs carrures ! Vraiment, ça faisait pas du tout pitié ! Silène ne lui fit même pas le plaisir de se débattre. Ni de suffoquer. Il retenait son souffle en le dardant de son regard meurtrier. Et à dire vrai, il attendait aussi la bonne ouverture pour contre-attaquer.

Dès que l’autre relâcha la pression sur sa gorge, il en profita pour envoyer son genou dans son entrejambe. Avec une violence à la hauteur de sa couleur. Tant pis si ça avait fait tomber sa serviette. Il ne s’attarda pas, profitant de la faiblesse de son adversaire, il ne se retourna que sur le seuil de la porte, nu comme un asticot.

“T’auras qu’à te branler ça te les remettra en place, connard !” cracha-t-il, criant sans aucune discrétion.

Il voulait que ça reste discret, hein ? Ben nique-toi connard. Maintenant, tout le couloir était au courant. Drew avait sorti la tête de la chambre en face. Mince. Il avait pas envie que lui soit témoin de ça. Et… Il cacha sa nudité d’une main, et se calma une seconde pour sourire à Drew. Il claqua la porte encore ouverte, laissant le pauvre Jesus pleurer sa virilité brisée.

“Je pourrai t’emprunter ta salle de bain dans dix minutes ?” lui demanda-t-il avant de partir vers sa chambre pour se rhabiller.