You're the only one I care about [Saoirse & Dorian & Finn ]

Finn ne comptait plus les jours qu'il passait à Sainte Mangouste, maintenant. Ca ne changeait pas grand chose, en vrai, parce que Dorian avait été placé dans un coma magique le temps de réparer les dégâts, et ce dernier ne se rendait probablement même pas compte de la présence de son neveu à son chevet. Ce dernier n'était pas sûr de comprendre non plus, ce qu'il avait exactement. Ses blessures ne se voyaient pas, faut dire. Un Cruciatus ne laisse pas de marque visible. Mais la douleur qu'il procure... C'était son esprit, qui risquait le plus gros ? Finn s'était empressé de questionner un tas de gens sur le sujet, parce que à ce qu'il se rappelait, il fallait que ce dernier soit répété pour des dommages permanents... Ou que le sorcier ou la sorcière soit extrêmement puissant ? Il n'avait rien vu, il ne savait rien... C'était beaucoup trop angoissant, même pour un éternel optimiste comme lui. Il ne savait pas ce qu'il ferait, s'il arrivait quoi que ce soit à son oncle. Sa seule famille.

Arthur Thorn était venu avec lui, la première fois. Hébété, le jeune homme n'avait pas su quoi dire à part des banalités. Et encore, il avait été autrement plus silencieux qu'à son habitude, n'en déplaise au chef des aurors. Ex, chefs des aurors... Le monde ne tournait pas rond. Qu'est-ce qu'il allait faire, sans son mentor, maintenant ? Est-ce qu'il devait rester ? Est-ce qu'il devait partir et ouvrir un groupe secret de résistance ? Parce qu'il n'était peut être pas très malin, mais vu ce qui était passé dans les journaux, comment pouvait-il encore faire confiance à l'autorité...

Il présenta sa baguette à l'entrée, comme à son habitude, après avoir passé une journée à remplir des papiers comme il le devait, en retrait des nouveaux qui n'avaient pas tardé à remplacer les aurors qui avaient démissionné. Son identité déclinée, un médicomage lui indiqua l'étage qu'il connaissait bien, pour aller au chevet du lit qu'il connaissait bien aussi, en tirant un tabouret à côté.

« Hey tonton... Comment ça va aujourd'hui ? T'as plutôt bonne mine, j'suis sûr qu'une des sorcières de nuit a un crush sur toi. »

Il dit, comme si Dorian pouvait l'entendre. Il faisait de son mieux pour avoir son humeur habituelle, pour qu'il se sente bien où qu'il soit -on lui avait dit qu'il pouvait l'entendre, peut être. Tonton Kane avait toujours aimé son côté bout en train, parce que ça lui rappelait sa jumelle.

« Par contre... Désolé, j'ai retrouvé une chaussure vernie pleine de bave et de trous ce matin dans la cuisine. C'est Beethoven qui a fait le coup j'en mettrai ma main à couper ! Ange s'en occupe là, t'en fait pas, ils vont bien. »

Il laissait ses yeux glisser sur la pièce. Il était seul dans la chambre -un privilège dû à son rang au Ministère ?- et c'était heureux, parce que des larmes avaient commencé à couler des yeux de Finn. Il essayait d'être courageux, mais même devant Arthur Thorn il n'avait pas réussi à s'en empêcher. Peut être que c'était pour ça qu'il lui avait posé une main sur l'épaule ? Il le fuyait, d'habitude. Mais non, il avait été gentil cette fois. Il renifla un peu et entendit un bruit derrière lui, de porte qui s'ouvre. Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir un visage familier dans l'encadrement.

« Hey... Sao ? Ca fait longtemps, tu cherches quelqu'un ? »

Il demanda, dans un retour de son visage jovial, écrasant encore une larme ou deux. Il n'avait pas honte de montrer ses émotions, mais il ne voulait pas la rendre triste pour lui.

Combien d'années, outre si récemment, avaient ils passés sans se voir ? Mais ça n'était pas difficile de se rappeler de Saoirse, même avec une mauvaise mémoire. C'était quelqu'un d'incroyablement rayonnant, solaire, coquinou... Il était tombé sous le charme à Poudlard et s'il n'avait pas non plus passé des nuits à la pleurer, il se souvenait parfaitement des quelques moments qu'ils avaient partagés. Hey, c'est pas tous les jours qu'on a une Saoirse à son bras, même quand on est extrèmement populaire et doué au Quidditch. Mais la jeune femme qui venait d'arriver n'avait rien de tout ça. Il lui fit signe de venir et il l'a pris sans trop de révérence dans les bras, pour la consoler. Oui, il pleurait aussi, et alors ? Il pouvait bien se montrer fort pour les autres même les larmes aux yeux !

« Hey... Ca va aller, t'es là pour voir quelqu'un...? »

Finnou pas très fin, donc. Mais comprenez le, elle a deux ans de plus que lui, et il n'a qu'une vague idée du fait que son oncle a un crush sur quelqu'un, tout ça parce qu'il avait l'air plus heureux et de bonne humeur que d'habitude... Non parce que Dorian Kane fouiller dans la tête des gens, pas de problème, mais pour se confier à son neveu hein !! Et puis elle continuait à pleurer, et à regarder Dorian. C'était gentil de sa part de s'en faire...

« Les medicomages sont encourageants c'est juste... Il est possible qu'il ait des trous de mémoire tu vois ? Enfin on sait pas. Il devait se réveiller aujourd'hui. »

Il reniffla une bonne fois pour s'obliger à arrêter de pleurer. Ho, tu es un auror Finn maintenant, tu te dois de montrer l'exemple et être fort. Que dirait Mr Thorn, hein ? Et puis il fallait s'occuper des plus faibles et pour le moment, c'était Saoirse. Il tira le tabouret à roulettes et l'aida à s'asseoir dessus, puis il alla chercher des mouchoirs pour elle, et un verre d'eau. Il aurait pu faire tout ça par magie mais il avait un peu la tête ailleurs à vrai dire. Au moins, la présence de la jeune femme l'aidait à se rappeler des priorités, c'était plutôt une bonne chose non ? He mais, c'était lui où elle s'était rapprochée depuis là où il l'avait laissée ? Et c'était la main de son oncle qu'elle avait dans la main ?

Quoi ?

Autant dire que les larmes s'étaient arrêtées, soudainement. Et l'air hébété avait remplacé son air peiné, en voyant la scène presque tendre devant lui.

« Sao... c'est toi... Son amoureuse secrète ? »

On n'est plus à la fac, mais il n'empêche que la romance discrète de ces deux là ressemble beaucoup à ça aux yeux de Finn. Il ne pense pas se tromper maintenant. Ho shit, les bras lui en tombent. Jamais il ne se serait attendu à ça. Il tombe le cul sur le lit d'à côté, en les regardant comme deux ronds de flanc -bravo pour l'intimité.

« Wow. »

Oui, ce garçon n'est pas vraiment connu pour son intelligence, clairement. Mais comprenez le ! Son oncle et sa copine de Poudlard ? Pourtant, aucun sentiment négatif ne semble se dégager de lui. Seul de l'étonnement.

Le coma magique était comme un labyrinthe de ténèbres. Dorian n'arrivait pas à comprendre où il était. Il n'avait pas vraiment peur. C'était juste étrange de marcher dans ce monde qui n'avait rien de logique. Il marchait sur un vide d'ombres et de ténèbres. C'était son heure qui était venue ? Il ne se souvenait plus de ce qui était arrivé avant. C'était comme marcher dans un couloir sans fin. Seul. Effroyablement seul. Puis l'ombre l'entoura, l'engloba. Il n'essaya même pas de s'en défaire.

Il y eut d'abord la sensation d'un courant d'air sur son visage. Puis des voix qui lui semblaient distantes. Inconnues. Mais son corps était comme paralysé, engourdi. Pourtant il entendait ces voix. Elles parlent de lui. Il n'est pas bien sûr de comprendre. Il essaie de bouger les doigts. Il a l'impression que son annulaire a bougé de quelques millimètres. Il continue. Bouger les doigts, ouvrir les yeux, il va bien y arriver. Le temps paraît une éternité.

La voix féminine parle de ses mouvements. Alors il ne rêve pas, il commence bien à bouger. Il redouble d'efforts. Jusqu'à ouvrir les yeux. La lumière lui fait mal. Ils se referment, papillonnent jusqu'à s'habituer à cette lumière qui contraste tellement avec les ombres qui lui tenaient compagnie. Il ne reconnaissait pas l'endroit où il était. Pas plus qu'il ne reconnaissait les visages soucieux au dessus de lui. Qui étaient ces deux jeunes gens ? Ils devaient travailler pour l'hôpital ? Il était à Ste Mangouste ? C'était ça ? Il fronça un peu les sourcils. La lumière lui faisait mal.

"Je…"

La voix peinait à sortir de sa gorge qu'il avait sèche. Son filet de voix était entaillé, rauque.

"Je suis...où ?"

Il se redressa un peu. Son corps était engourdi par l'immobilité.

"S'il vous plaît… je… Où est ma soeur ? Vous… vous travaillez ici… Dites… Demandez lui… si elle peut venir…"

Son regard passait sur les deux jeunes sans les reconnaître. Ni l'un, ni l'autre. Il avait mal à la tête aussi. Il entendait un bourdonnement dans sa tête sans réussir à l'empêcher. Son don était hors contrôle, ou alors c'était lui qui n'avait pas d'emprise avec ce tumulte d'émotions dans sa tête. Il ne comprenait pas pourquoi Lottie n'était pas là s'il avait eu un accident. Lui en voulait-elle encore de ses dernières remarques sur le père de son fils ? Il lui avait pourtant semblé que c'était de l'histoire ancienne.

Il fixa les deux jeunes sentant indistinctement leurs pensées l'assaillir. Ils lui donnaient mal à la tête.

"Laissez… Laissez moi seul… Je veux juste voir ma soeur… Vous… Vous pensez trop…." Se plaignit-il en portant une main à sa tempe.

Bien sur qu'il prenait soin de Saoirse ! Elle était en détresse, elle était gentille, et puis... C'était un auror et un gryffondor, on ne les laissait pas en détresse ! Mais il fut un peu désarçonné par la situation malgré tout. Ho, non, Dorian n'avait pas évoqué Sao comme son amoureuse secrète en réalité... Il ne l'avait pas abordée du tout. Mais ça n'était pas révélateur de quoi que ce soit et FInn ne voudrait pas qu'elle se méprenne. Il essaya d'expliquer tout ça, tout en cherchant des verres pour les remplir d'eau de sa baguette avec un bon "aguamenti". Dorian Kane était un homme secret. Plus que secret, même. Ca allait avec son métier bien sûr mais ça ne venait pas de là. Alors...

« Je t'assure, c'est pas... il me dit jamais rien c'est tout. Mais j'avais deviné, suffit de voir comme il est content ! »

Il assura. C'était un autre homme qui rentrait à la maison, et ça faisait tellement plaisir à Finn de le voir comme ça. Son oncle était la personne la plus gentille de l'univers (peut être après un certain McDougall... Et encore, ils pouvaient faire la compétition. Il essayait de lui sourire, en la voyant prendre la main de son oncle, il avait oublié toute question concernant le fait qu'il était sorti avec elle, ou qu'elle était jeune ou... quoi que ce soit. Et puis il vit en même temps qu'elle les doigts bouger.

« Oncle Kane ! »

Il avait oublié qu'on ne criait pas sur les malades comateux, le Finnou. Il alla passer la tête par la porte pour appeler les Medicomages et les prévenir, et revint immédiatement à son chevet de l'autre côté, pour entendre... une phrase qui en disait long sur son état de santé. Le choc mis du temps à se dissiper. Et à peine avait il repris ses esprits et était-il sorti de sa torpeur, que ses pensées l'envahirent. Sa soeur ? il y avait 16 ans qu'elle était morte, sa mère, dans des circonstances... Ca voulait dire qu'il était perdu ? Est-ce qu'il avait perdu la mémoire ? Saoirse, elle n'était peut être pas au courant qu'il lisait dans les pensées, par où commencer ? La peine n'avait même pas le temps de s'installer chez lui, aussi parce qu'il ne parvenait pas à réaliser.

« Oncle... Kane... C'est moi, Finn ? Mam... Charlotte elle n'est plus là... »

Il chercha les yeux de Saoirse pour l'aider à expliquer, mais revint rapidement sur lui.

« En quel année on est ? »

Les pensées des deux l'envahissent. Il sait que leurs pensées ne mentent pas. Charlotte, morte ? Comment est-ce possible ? Comment cela est-il arrivé ? Il ne comprend pas ce qui se passe. Ni pourquoi il a été blessé ? Comment était-il arrivé à Ste Mangouste ? C’était en mission ? Où était-il quand ça s’était passé ? Charlotte…. Non. Ce n’est pas possible. Il posa son regard suspicieux sur le garçon qui lui parlait. Finn ? C’était impossible. Finn était tout gamin. Ce n’était pas Finn. Comment c’était possible ? Son regard trahissait sa détresse autant que sa méfiance. Il se redressa, s’asseyant dans le lit. Sa tête lui faisait un mal de chien. Il était submergé. La douleur des autres patients arrivaient dans sa tête.

“Je… Je sais pas… En 2000 ? Je suis blessé depuis combien de temps ?”

Il essaya de se lever mais ses membres refusaient encore de le porter. Il regarda la jeune femme. Il n’avait aucune idée de qui elle pouvait être. Elle était belle et jeune. C’était étrange, elle lui paraissait familière alors qu’il était sûr que c’était bien la première fois qu’il la voyait. Il reporta son regard sur celui qui prétendait être Finn.

“Ecoute… Tu joues très bien la comédie… Mais Finn n’a que cinq ans… Laissez-moi partir… Je dois voir ma soeur…”

Il remarque que la jeune fille pleure. Bon sang. Pourquoi ? C’est une inconnue. Et pourtant, il sent son coeur se serrer en la voyant ainsi. ça ne faisait aucun sens tout ce qu’il se passait. Et la détresse dans le regard du jeune. Son regard ressemble à celui de Lottie. Mais c’est impossible. C’est impossible. Ses mains se posent sur ses temps, il se tient la tête. ça tambourine. Il y a trop d’émotions là. Les siennes confuses qui se mêlent aux autres si fortes. Tout cela n’a aucun sens. Il voudrait juste comprendre ce qui se passe.

“Quel… Quel jour on est ?” demanda-t-il doutant de toutes ses certitudes. “Qu’est-ce… Qu’est-ce qui m’arrive ?”

Il y a quelque chose qui cloche. C’est lui ? C’est dans sa tête ? Il ne voulait pas se l’avouer. Il ne pouvait pas être défaillant. Si c’était lui, quelles certitudes pourrait-il avoir ? A qui faire confiance quand on ne peut même plus se faire confiance ? Ces pensées lui donnaient le vertige. Il réussit à se lever, se dressant maladroitement sur ses jambes. Tenant à peine debout. Paniqué. Il avait le regard de ces bêtes traquées.

Aussi loin qu'il s'en souvienne, Finn n'avait jamais vu son oncle aussi perdu. Jamais. Quelle que soit la mission dont il rentrait, Dorian arborait toujours un sourire doux, souvent fatigué bien sûr, mais bienveillant. Jamais il ne voulait l'inquiéter. Sauf quand c'était lui le responsable et qu'il s'agissait de donner des explications bien sur. C'était terrifiant. Saoirse n'avait pas l'air de savoir quoi faire non plus, et plus ça allait, plus Finn comprenait ce qui se passait, et moins il savait quoi faire non plus.

« Tu... calme toi, oncle Kane, c'est pas bon pour toi. »

Il essaya de l'empêcher de se lever. Il avait vu, quelque part, que les chocs étaient une très mauvaise idée dans les cas de pertes de mémoire ou de désorientation. Dans ses cours ? Dans les films Moldus qu'il avait vus ? Il avait envie de lui crier qu'il avait tort, le supplier de le reconnaître, mais c'étaient ses peurs qui parlaient là. Il devait être plus fort et plus mature que ça ! Ses pensées étaient un tourbillon et celles de Saoirse devaient être pareil, et ça devait faire du mal à Dorian...

« Saoirse, essaie de respirer, il... il ne contrôle pas bien sa Legilimentie. »

Il essaya de lui demander de l'autre côté du lit. Il accourru en voyant que son oncle n'écoutait pas et se levait malgré tout, pour l'attraper par les bras et le remettre assis au moins. Il avait beaucoup grandit. Il essaya de lui planter ses yeux dans les siens, pour qu'il se concentre sur lui. Ils n'avaient jamais essayé, depuis que Finn avait découvert le secret de son oncle, de faire autre chose que d'éviter d'en parler...

« Tu as pris un sort d'Oubliette probablement et... et un Cruciatus violent. Tu escortais le directeur de la MUL et vous avez été attaqués lors du gala de charité. On est... »

Il n'arrivait pas à dire la date, mais elle était assez claire, dans sa tête. Finn regarda Saoirse pour avoir un peu d'aide. Quand est-ce qu'ils arrivaient ces médicomages ?

Se calmer. Elle était drôle celle-là. Ce n’était pas bon pour lui ? Et qu’est-ce qui aurait pu être bon pour lui ? Hein ? Tout était si confus. Il avait besoin de juste quitter cet endroit. De quitter ce lieu où les pensées n’étaient que panique et souffrance. Il ne pouvait juste pas supporter cet endroit. Il allait devenir fou. Il entendit le gamin. Et merde.

“Je contrôle très bien ma legilimencie !” protesta-t-il avec une suceptibilité qui n’était pas la sienne.

Raaah. En réalité, il ne contrôlait rien. C’était comme si toutes ses années à gérer cela s’étaient envolées. Ou que tout était un peu différent dans son esprit. ça ne marchait pas comme d’habitude. Il y avait comme une dissonance. Tout était trouble. Et quand il entendit la date, il ne put réprimer un rire. Le genre de rire qui fait froid dans le dos. Un rire de démence. Ils ne pouvait pas être en 2020. Il n’était pas si vieux. ça n’avait pas de sens.

Le jeune homme le fait se rasseoir. Il n’a pas sa force habituelle. Il se sent tellement diminué. Il fixa le jeune. Non. ça ne pouvait pas. Il ne pouvait pas avoir oublié… Il ne pouvait pas avoir oublié… Vingt années de sa vie ? Il regarda ses mains. Elles avaient des rides, elles semblaient usées par des années de vie dont il n’avait pas idée. Des années qui avaient disparues. Il resta figé, à regarder ses mains. Il réalise. Il encaisse. Si ils sont bien en 2020. Si ils disent vrai depuis le début. Alors… Les larmes coulent silencieusement sur ses joues. Charlotte. Il ne dit rien.

Le médicomage et la jeune femme revienne. Le médecin s’avança vers lui, et vérifia quelques réflexes, lui posant quelques question auxquelles il répondit de façon lapidaire. Oui. Non. C’était tout ce qu’il était en état de dire.

Le médicomage se redressa, et regarda les deux individus.

“M. Kane vous avez subi des dommages mentaux, suite à un sort… Visiblement, vous avez perdu la mémoire, M. Kane. Nous faisons tout notre possible pour trouver une solution à ce problème, mais… Il est possible que cela soit irréversible. Mais… Votre neveu, Finn est là pour vous aider, et… et Mademoiselle aussi. Vous allez devoir rester encore quelques jours en observation. Vous comprenez ?”

Oui. Il comprenait. Il acquiesça. Mais son regard retombait toujours sur ces mains qui n’auraient pas dû être les siennes. Le médicomage prit les deux visiteurs à part, mais Kane put entendre tout de même la conversation. Il n’était pas sourd.

“Essayez de rester calme, et parlez lui de vous, qu’il sache qui vous êtes. Parlez de votre passé commun, cela peut l’aider. Je reviendrai un peu plus tard, lui donner quelques calmants, mais… Je pense qu’il a besoin de vous plus que de médicaments.”  

Il restait assis sur son lit. Les larmes étaient toujours silencieuses. Alors finalement, on avait eu raison de lui en mission. Il aurait peut-être préféré la mort à ça… Il regarda les deux jeunes gens. Finn. Et sa petite amie sûrement. Vingt ans lui échappaient. Ils étaient des étrangers. Il ne fit même pas d’effort pour essuyer ses larmes. Il regardait la paume de ses mains. Si seulement il avait pu lire sa propre histoire dans ces rides, ces cicatrices.

Finn, n'oublie pas que tu n'es pas seul. C'était la seule pensée qui le faisait tenir, là, il y avait Saoirse et elle savait ce qu'il traversait. Ce qu'ils traversaient. La gravité de la situation était bien arrivée jusqu'à son cerveau, là. Sa mère était morte alors qu'il avait tout juste huit ans. Seize ans passés avec son oncle, minimum, venaient de disparaitre de sa tête... Tout ce qui faisait de lui un père, en somme. Dur. Son ventre se serrait. Ses sourcils, pourtant si souvent haut dans sa crinière de lion, se fronçaient... Saoirse était partie chercher les Médicomages qui n'arrivaient pas. Et il se retrouvait en tête à tête avec son oncle qui... pleure. Il ne l'a jamais vu pleurer comme ça, et c'est le plus déchirant.

Quand elle revient enfin avec les spécialistes, il se sent sauvé. Mais il a un rôle d'adulte subitement qu'il n'avait jamais eu à endosser avant. Il avait été protégé depuis sa petite enfance. L'absence de son père avait été effacé par une mère incroyable. L'absence de sa mère avait été adoucie par le meilleur des oncles. Mais là, il n'y avait que lui. Il acquiesça aux paroles dures, et terriblement creuses.

« Il a besoin de sorts. De sa mémoire, pas de... »

Rha. Ca ne sert à rien de t'énerver sur eux, Finn, et tu le sais. Mais son sang n'avait fait qu'un tour. Bien sûr qu'il avait besoin de toi, juste, il ne le savait pas. Il regarda Saoirse et lui proposa son bras pour un câlin, si elle avait besoin de pleurer dans les bras de quelqu'un. Lui ? Les larmes viendrait plus tard, si elles venaient jamais (la joueuse sait qu'il ira pleurer chez Yaya). Il était trop sous le choc pour ça, et il sentait qu'il devait prendre sur lui et être fort alors... Alors voilà. Ils retournèrent auprès de Dorian, s'installait précautioneusement pas trop près de lui.

« Quelques jours hein... Tu veux qu'on t'amène quelque chose, pour... Passer le temps ? »

Il le regardait, pleurer sans doute la mort de sa soeur. Il n'avait jamais pu le faire, parce que Finn était là, et qu'on devait s'occuper de lui sans pleurer, pas vrai ? La culpabilité se réveillait.

« Quoi que ce soit. »

En vérité, ce n'était pas ce qu'il avait envie de dire à son oncle. Mais il avait surtout envie d'un câlin, là. Et il ne pouvait pas le prendre dans ses bras. Autant pour lui même que pour son oncle. Il ne voulait plus le voir pleurer, ça faisait trop mal. Il inspira et soupira, cherchant quelque chose à dire, à faire, qui pouvait aider en quoi que ce soit. Il posa une main gentille sur l'épaule de la blondinette, tentant un sourire gentil de Finn.

« C'est sans doute pas le moment de te demander quand tu comptais me présenter ta copine... hein ? »

C’est une chose de se réveiller déboussolé. C’en est une autre de manger en pleine gueule la tristesse, la colère, l’incompréhension des autres. Tout s’emêlait. Où était le vrai du faux ? Où étaient ses pensées ? Où était son esprit à lui ? Les larmes, c’était les siennes sans l’être complètement. C’était celle de Saoirse. C’était celle que Finn contenait. C’était celle de ce patient qui souffrait le martyr deux chambres plus loin et qu’aucun sort ne semblait apaiser. C’était tout cela. C’était la mort de Charlotte. C’était le poids des années qu’il sentait s’abattre sur ses épaules. C’était l’incompréhension. C’était la frustration. C’était la colère de ne pas comprendre. C’était la colère de ne pas savoir. C’était la colère de n’avoir pas pu éviter cela.

Il resta immobile alors que les deux jeunes revenaient s’asseoir non loin de lui. Il ne sait pas bien si c’est une bonne idée qu’ils restent là. Il a la sensation de leur faire du mal. Ressentir leur tristesse ne l’aide pas. Pourtant, il sent bien qu’ils essaient de l’aider. Finn… Il est si grand, si costaud, et pourtant il paraît si fragile. C’est dans cette fragilité qu’il reconnaît le bambin qu’il a quitté. Il releva son regard vers son neveu.

“Des photographies.” souffla-t-il. “Je veux… Je veux essayer de me souvenir…”

Il marqua une pause. C’était sans doute peine perdue mais… Cela l’aiderait au moins à comprendre ce qui s’était passé entre ses souvenirs et ce qui semblait être son présent. Ce sera un palliatif. Juste des repères sur une frise vide de sens. Comme on met des dates sur l’histoire d’un pays, sans vraiment comprendre ce que ça implique au fond. Il apprendrait sa vie comme on apprend une leçon d’histoire…

Il regarda son neveu, puis la jeune fille. La phrase que Finn venait de dire ne faisait pas sens dans son esprit. De quelle copine parlait-il ? Cette jeune femme ne pouvait pas être sa petite-amie. Il ne pouvait pas avoir de petite-amie. Il savait la promesse qu’il avait fait à Yami. Il savait que jamais il n’aurait rompu sa promesse. Jamais.

“Je n’ai pas, et je n’aurai jamais de copine.” affirma-t-il presque sèchement.

Il riva son regard vers la jeune fille, l’interrogeant silencieusement de son regard pâle.

“N’est-ce pas ?... Je ne vous ai jamais rien dit en ce sens… Et puis… Vous auriez l’âge d’être ma fille… Il y a forcément méprise, Finn…”

Finn, égal à lui même, essayait de faire bonne figure pour les deux autres. Oh, il pleurait en quantité quand il le fallait, il n'avait pas honte, même, mais là pour son oncle et pour Saoirse, même s'il n'avait pas vue cette dernière depuis des années... Il le fallait, oui. Il lui avait attrapé l'épaule, l'avait laissée pleurer contre lui, l'avait consolée, et là il essayait de faire de même avec Dorian en essayant d'alléger la situation. Il nota dans un coin de son esprit -pourtant si tête en l'air- pour les photos. Oui. Ils en avaient plein, sans doute. Lui il s'en fichait toujours un peu, mais son oncle en avait pris plein. Son entrée à Poudlard, leurs vacances et moments ensemble... Il ne savait pas si ça aiderait mais s'il lui demandait ça alors il le ferait volontiers. Il se redressa quand lui par contre, fit preuve d'un manque de tact sans nom. Prêt à consoler Sao bien sur, mais surtout prêt à réfuter !

« Bien sûr que si ! Enfin, pas jusque là, enfin je crois pas... mais... »

Il regarda Saoirse sans trop savoir par quel bout prendre le truc. Qu'il l'oublie lui, au pire, il y avait les preuves physiques, la maison, les chiens, les tests sanguins même s'il voulait. Mais Saoirse ? S'il n'en avait pas parlé à son neveu alors il n'en avait parlé à personne d'autre, pour sûr. Mais Finn le savait. Il n'était pas le plus fin détective, mais il savait qu'il l'aimait !

« Ca fait des semaines que tu es comme sur un nuage, que t'écoutes à peine ce que je dis et que tu as un sourire stupide sur les lèvres... Tu ne t'en souviens peut être pas mais c'est vrai ! »

Il protesta énergiquement, oubliant le fait qu'il venait tout juste de se réveiller. L'injustice était une des choses qui faisait le plus mal à un Gryffondor, pas vrai. Et le petit coeur de Finn, qui n'avait pas encore réalisé que Dorian l'avait appelé par son nom, était serré à l'idée qu'il refuse Sao comme ça.

« Je sais que c'st difficile mais... Mais je t'ai jamais vu heureux comme ça depuis q- »

Il se stoppa. Ses yeux trahissant parfaitement ce qu'il pensait, et son cerveau avec. Il se souvenait de la personne qui était allée le chercher à l'école, pour le ramener à un endroit qu'il ne connaissait pas. Parce que sa maman avait eu un "accident". Il se souvenait des semaines qu'il avait du passer en internat jusqu'à ce que son oncle vienne le chercher, et qu'il puisse l'adopter. Il se souvenait aussi de toutes ses questions, que Dorian balayait d'un revers de la main et d'un câlin. Il se souvenait aussi que récemment, Dorian lui avait dit qu'il lui avait menti pendant des années au sujet de son don, et de sa mère. Et de leur dispute. Et de leur réconciliation. Mais il se souvenait surtout qu'il avait enfin vu son oncle heureux, et il ne voulait pas que ce dernier perde ça...

Il voyait bien que les deux essayaient de le soutenir mais là, ils n’aidaient en rien. Surtout Finn. Comment pouvait-il savoir mieux que lui les décisions qu’il avait pris ? Il ne pouvait pas savoir ce qu’il ressentait. Et même si cette jeune fille lui était sympathique, il était impossible qu’il ait rompu sa promesse. Il n’était pas ce genre de personne. Il n’avait qu’une parole. Surtout envers elle. Il lui paraissait absolument invraisemblable qu’il ait pu fréquenter qui que ce soit de cette façon-là. Il regardait la jeune fille. Il voulait comprendre. Savoir. Se souvenir. Il ne voulait en aucun cas la blesser. Il fronça les sourcils en sentant sa détresse, ses pensées. Si elle n’était pas sa petite amie, personne d’autre ne l’était, pourquoi pensait-elle cela ? Lui avait-il donné l’impression d’être un Don Juan ? L’avait-il été en vieillissant ? Etait-il devenu un connard ?

“Saoirse…” Murmura-t-il en sentant sa tristesse.

Il ne voulait pas la blesser. Il n’entendait qu’à moitié son neveu, il reporta son regard sur lui. Il ne comprenait pas. Pourquoi n’en aurait-il pas parlé si c’était si bien pour lui ? Cela n’allait pas. Il ne savait pas ce qu’il avait fait mais ça n’allait pas. Il ne comprenait pas la situation. Et le chaos général était amplifié par son don. Ce qui ne l’aidait absolument pas.

Il ne fit rien pour retenir la jeune fille, alors que les pensées de Finn étaient affreusement difficile à affronter. Il essaya de fermer son esprit, mais c’était comme essayer de remonter un pont levis avec une cordelette. ça ne fonctionnait pas.

“Vas y…”

Il sentait que son neveu souhaitait rattraper la jeune fille. Ils seraient mieux loin de lui. Il leur faisait bien trop de mal. Il ne voulait pas ça. Et en même temps, il ne pouvait inventer des choses qui lui échappaient. Il ne réalisait toujours pas. Tout ce qu’il avait manqué. La mort de Charlotte. Cela le laissait immobile, là, comme un pantin inanimé.

Le jeune homme se sentait particulièrement las. Lourd. Comme si le poids du monde venait se se retrouver sur ses épaules. Peut être que c'était parce que jusqu'ici, c'était son oncle qui le portait pour lui ? Mais il n'était pas assez fort pour ça... Il soupira, cherchant quoi dire à son oncle qui le rassure et en même temps qui lui fasse comprendre à quel point il était important pour lui. Mais il ne voulait pas l'accabler. Son don devait déjà bien lui faire du mal, et s'il ne se souvenait pas comment le contrôler un minimum comme ils avaient essayé de le travailler ces derniers temps... Ils avaient fait des progrès en confiance, depuis que le mensonge de Dorian avait éclaté au grand jour. Tous ces efforts... Non. Il ne pouvait pas penser comme ça. Si son oncle ne se souvenait pas de lui, lui il portait encore toute cette affection en lui. Il n'avait rien oublié et il n'oublierait jamais !

« Non Sao... »

l le regarda avec difficulté, quand elle décida de prendre la poudre d'escampette. Il ne voulait pas le laisser seul, mais il ne pouvait pas la laisser non plus dans un tel moment de détresse ! Il était tiraillé, et sans doute que son oncle l'avait lu, ou vu, peut être que ça voulait dire qu'il comprenait. Il le remercia et lui promis de revenir vite, et qu'il ne le laisserait pas tomber avant de prendre la suite de la jeune femme. Il dût courir pour la rattraper au détour d'un couloir.

« Saoirse attends ! »

Il arriva enfin à sa hauteur et posa une main sur son épaule pour la tourner vers lui. Et son visage plein de larme lui fendit le coeur à nouveau. Elle était dans un tel état... Il la prit dans les bras et la serra fort avant qu'elle ne puisse protester, pour qu'elle puisse pleurer sur l'épaule de quelqu'un. Il essayait de lui dire des mots rassurants mais ils n'étaient pas nombreux. Et il essayait d'y croire déjà lui aussi. Elle finit par se détacher, pour lui dire qu'elle avait besoin d'être seule. Il s'excusa pour la laisser partir, le coeur gros.

Ce soir, il rentrerait à la maison avec une mine tellement déconfite qu'il serait difficile à Ange de ne pas comprendre que quelque chose de pire encore était arrivé. Il essaierait de lui expliquer sans pleurer, parce qu'il ne voulait pas, essayer de passer une soirée avec elle sans trop être morose mais le coeur n'y était pas. Dans sa tête passait en boucle le visage de son oncle qui le regardait comme un inconnu, et qui cherchait sa soeur. Il allait le hanter pendant des nuits. Plus tard, peut être, son naturel enthousiaste et positif lui rappelleraient qu'il y avait toujours des solutions, mais pas pour aujourd'hui.