“On fait beaucoup de bruit pour obtenir le silence.”
Oups. Oups oups oups. En se réveillant ce matin là, aux côtés de Swann, Drew sent les coups de son coeur dans sa tête. Il a clairement la gueule de bois. Il n'a pas bu à en oublier sa soirée, ni même assez pour être un peu trop ivre pour parler ou penser, mais il n'empêche qu'il a bu. Un peu trop, même. Il ne s'est pas évité les douleurs des lendemains de fête. Mais ça n'est pas bien grave, si? Il a largement profité de sa soirée du nouvel an, avec ses amis. Ariel, Karim, Saoirse, Killian et bien entendu Swann. Il y avait aussi le groupe, Brad Peeter et Cameron avaient été géniaux, en rose. En tout cas, Drew était ravit de sa soirée. Et encore plus d'avoir dormi avec Swann. Ca n'est pas la première fois, ça ne sera certainement pas la dernière non plus. Mais ses nuits dans les bras du Gryffondor étaient étrangement bien plus reposantes que les nuits qu'il passait seul. Il quitta les draps pour aller chercher un verre d'eau qu'il descendit d'une traite, avant de s'en servir un second qu'il sirota avec plus de retenue. Peut être qu'avec tout ceci, son mal de tête passera plus vite. Il pensa se souvenir qu'ils avaient fait un peu de bruit, avec le plus grand, en rentrant en plein milieu de la nuit. Mais bon, c'était nouvel an après tout. Qui leur en tiendrait rigueur? En tout cas, Drew avait passé une super soirée. Il retourna profiter de la présence de Swann encore quelques minutes.
Finalement, le lus grand finit par s'en aller pour retrouver son propre appartement. Drew avait enfilé un sweat à capuche qui appartenait au joueur de Quidditch, et l'avait accompagné à la porte en souriant. Finalement, le voilà qui se laissait tomber sur le canapé et allumait la musique faiblement, buvant toujours un verre d'eau pour passer le lendemain de soirée. C'était que, mine de rien, il n'avait pas envie de passer sa journée à se sentir mal. Il finit par se lever et éteindre la musique pour se placer derrière le piano et jouer quelques notes, paupières closes et tête ondulant au rythme des accords. Il se sentait vraiment bien. Tout avait l'air d'aller pour le mieux, et ce, malgré la crise d'Alcyone qui l'avait ébranlé. Il fallait bien dire que Swann y était pour beaucoup, ce lien qu'ils tissaient tous les deux était un support important pour Drew. Mais tous ses autres amis aussi, l'aidaient beaucoup. Le groupe, la musique, le fait de savoir qu'ils allaient bientôt faire un concert... Tout aidait Drew. Et il se sentait bien.
Des coups contre sa porte le firent arrêter de jouer, et il remonta ses lunettes sur son nez pour aller ouvrir. Une jeune femme aux cheveux clairs se tenait dans le couloir. Il savait qu'elle vivait en face de chez lui, à côté de l'appartement de Jesus. Mais il ne connaissait pas son nom, et il ne lui avait encore jamais parlé. Il fallait dire qu'elle avait l'air un peu fuyante et solitaire. Il lui offrit son plus beau sourire.
― Bonjour? Je peux t'aider? commença-t-il en souriant. Tu as besoin de quelque chose? Du sucre? Du lait? Un câlin? Toujours sans se délester de son éternel sourire.
Le mois de décembre venait de se terminer, emportant avec lui des derniers instants de l’année avec un bilan plutôt négatif dans le monde magique avec toutes les actions des Deathwings. Lourd compte-rendu quand on prenait la peine d’y réfléchir plus de cinq minutes. Mais, en dehors des événements qui touchaient un si grand nombre de sorciers, il y avait aussi le passif individuel qui pouvait alourdir la fin de l’année. Les petits problèmes personnels, les histoires de famille et autres drame qui seront toujours réveillé dans ces moments sensés pourtant joyaux, festifs.
Pour déprimer, il y avait aussi Noël, entre les familles conflictuelles et endeuiller, le vingt-cinq décembre pouvait tout aussi bien faire déprimer d'autres personne, mais dans le cas de la jeune sorcière, cette fête allait encore. Elle avait passé un bon moment avec ses parents. Enfin autant qu’il était possible au vu de leur situation. Son père avait bien proposé à plusieurs reprises qu’elle reste également pour la nouvelle année, mais en vain, la demoiselle avait refusé, préférant s’isoler dans sa chambre de l’autre côté de l’Océan.
Ainsi donc, ce soir-là comme bien d'habitants de la capitale, elle était restée dans son petit appartement à ne rien faire de particulier. De la nourriture, bien sucré et peu diététique, une épaisse couverture pour la chaleur et le confort ainsi qu’un ordinateur pour écran de télévision improvisé. C’était tout ce qu’elle voulait et estimait avoir besoin. Ayant passé la journée entière devant des séries diverses, elle finit par aller se coucher bien avant d’autres, qui en ville, festoyaient encore.
L’avantage de la résidence qu’elle avait choisie, c’était que justement, elle était éloignée de toute cette agitation et donc, en théorie de tout le ramdam causé par l'événement annuel. Enfin, c’était censé être le cas, car elle ne vivait clairement pas seule dans le bâtiment, et alors qu’elle avait commencé sa nuit, l’un de ses voisins, qu’elle ne connaissait pas encore, se mit à faire un bruit si énorme qu’il réveilla la canadienne d’une façon peu agréable pour elle. En plus, entre l'agacement et la surprise qui lui avait donné un coup d’adrénaline, impossible de se rendormir aussi facilement. Ce n’est qu’aux premières lueurs du jour qu’elle arrivera à refermer vraiment les yeux. Malheureusement, étant de nature crépusculaire, ça n’aura pas duré plus de vingt minutes.
De très mauvaise humeur, elle se lève, et se douche. Espérant peut-être se réveiller avec l’eau chaude. Elle reste un plus longtemps que d’habitude à se prélasser, mais rien n’y fait elle est toujours fatiguée. Elle s’habille, enfilant ses vêtements préférés, les plus confortables possible, mais rien n’y fait, cela n’aidera certainement pas à retrouver les heures de sommeil dont elle avait grandement besoin. Et la seule chose qui aurait pu l’aider, c’est un dire une tasse, non un seau de caféine, cette chose est absente de son petit chez elle. Quelle idée aussi de prendre l’habitude d’en acheter à la cafétéria aussi…
Pas de sommeil, pas de café, pas de bonne humeur. Même en essayant de se plonger dans ses cours, ou en essayant de lire un livre, impossible de changer ça. Et quand elle entend la porte du responsable de sa mauvaise humeur, selon elle, s'ouvrir, impossible de résister à la vilaine envie d’aller bougonner un peu sur le pauvre voisin. Elle arrive et toque à la porte avec un peu trop de force.
Habituellement, malgré son manque de sourire, son visage ne paraissait pas vraiment fermé. Elle affichait un air neutre, peu souriant, mais pas agressif pour autant. Là, en plus de ses cernes, son regard est presque assassin, ses sourcils sont froncés et ses lèvres pointent vers le bas. Clairement la reloue de premier ordre qui vient râler.
Pourtant, malgré ça, la personne qui ouvre, un charmant jeune homme, souriant comme tout lui demande ce qu’il peut faire pour l’aider. Poli, gentil, et peut-être un peu trop. La proposition du câlin fait reculer la petite donzelle d’un pas, par réflexe. L’animal est très loin d’être câlin, encore moins tactile avec quelqu’un qu’elle ne connaît pas. Enfin qu’elle ne connaît pas… Ce n’est pas sûr. Car le visage qu’elle a devant elle ne lui semble pas si inconnu. Un fantôme d’un passé oublié ? Peut-être. Elle l’observe quelques secondes, mais n’étant pas vraiment là pour ça elle inspire pour enfin lui répondre.
« Bonjour à vous. Ce dont j’ai besoin, ce serait, une nuit, paisible ce qui n’a malheureusement pas été le cas par votre faute. Je sais bien qu’hier, c’était la soirée du nouvel an, mais vous étiez vraiment obligé de violer votre serrure si tard dans la nuit ? Je sais qu’en étant ivre, c’est difficile, mais vous devez bien avoir une baguette vous ou votre compagnon ? Ce n’est pas compliqué de la saisir, la vôtre, ou la sienne, et de faire un mouvement de poignet avec pour parvenir à vos fins, même saoul. Si nécessaire je me porte même volontaire pour vous montrer comment faire. »
Elle ne hausse pas la voix, elle ne parle pas spécialement, fort, mais elle est fermée et visiblement un poil énervé, plus qu’elle ne devrait l’être. Elle l’est tellement qu’elle ne voit pas du tout le double sens possible de ses paroles.
“On fait beaucoup de bruit pour obtenir le silence.”
Aaah shit. En ouvrant la porte, Drew ne s'attendait pas à voir un espèce de zombie qui a l'air de vouloir lui sauter à la gorge pour l'assassiner de sang froid. Est-ce là la nouvelle façon des Death Wings de venir à bout des nés moldus comme lui et son meilleur ami et colocataire Killian? En tout cas, la surprise est de taille, et pas parce que Drew est particulièrement petit, pour une fois. Non, la jeune femme en face n'Est pas plus grande que lui. Mais elle a un air agressif, buté, et très, très grognon. Comme un espèce d'ourson fâché qui avait été dérangé dans son hibernation. Ooooh, c'est là donc le problème? Quelle belle entrée en matière pour se présenter à ses voisins, Drew! Le bruit de la Nouvelle Année. Bien joué. En tout cas, Drew s'était dit que personne ne pourrait leur en vouloir. Tous étudiants, tout de même... Puis la nouvelle année quoi! Une fois dans l'année, on pouvait supporter que les gens fassent la fête et rentrent tard! Non? En tout cas, si l'appartement de Drew était plutôt insonorisé -magiquement bien sûr-, ça ne semblait pas le cas de celui de la jeune femme en face de lui. Les cernes immenses qu'elle arborait donnait envie à Drew d'aller se recoucher, au moins tout autant que son air renfrogné lui donnait envie de lui fermer la porte au nez.
Il ne le fera pas, bien trop gentil et de bonne humeur. Certainement quelque chose qui pourrait taper sur les nerfs de quelqu'un bien mécontent... Drew sourit un peu plus en l'entendant le vouvoyer. Ah bon, elle voulait jouer à ça? Très bien! Il l'écouta en dodelinant un peu de la tête, son immense sourire ne le quittant pas une seule seconde. Comment lui dire qu'il n'en n'avait pas grand chose à faire, qu'elle veuille d'une nuit de sommeil tranquille, la seule nuit où lui fait du bruit parce que c'est NOUVEL AN? Il ne le dira pas. Il est bien trop content de sa soirée, et il n'aime pas les conflits. Si ça ne tenait qu'à lui, il refermerait la porte immédiatement et retournerait jouer du piano comme un enfant terrible, pour ignorer tout ceci et laisser le problème se faire oublier. Mais non, elle continue et.. Parle de sa baguette, et de celle de Swann. Qu'elle veut qu'il agite de haut en bas. Et elle peut lui montrer. Le visage de Drew passe par toute une série d'émotions. La surprise, d'abord, puis la joie, une étincelle de malice, puis il éclate d'un rire joyeux. Bonne idée, rire au nez de quelqu'un d'énervé. Mais il ne peut pas se retenir. Le double sens est trop beau! Il rit donc, jusqu'à devoir essuyer des larmes aux coins de ses yeux, et reprendre son souffle.
― Tu veux... Me montrer comment manier la baguette de Swann ou la mienne? nouvel éclat de rire, il s'appuye contre la porte en se tenant les côtes, bien trop amusé par la situation. Tu sais, si tes nuits sont peuplées de rêve de beaux hommes, ce n'est pas ma faute si tu dors mal! Tu pourrais faire ce genre de propositions à des personnes intéressées, je connais un certain Serdaigle qui se ferait un plaisir de peupler tes nuits de lui, et satisfaire tes envies de contact charnel. Il lui offre un grand sourire en se reprenant. Nul doute que Corwin accepte le mandat de satisfaire la demoiselle. Ceci dit, si c'est de ma baguette magique dont tu parles, pardon de ne pas y avoir pensé, un soir de nouvel an, et un peu ivre. Maintenant, je crois être un assez gentil voisin et plutôt calme, étant donné que c'est la première fois que tu viens toquer pour un problème. Donc, si tu ne peux pas faire une exception pour le nouvel an... Je plaide coupable! Il lui sourit simplement et lance un regard vers la cuisine. Il pourrait lui proposer un café, pour s'excuser. Eww... Il n'en n'a pas envie mais bon. Je peux te proposer un café, pour me faire pardonner. Ou un thé. Ou de la glace. Fin bref, un petit déjeuner pour repartir sur de bonnes bases. Il recule et s'efface pour la laisser entrer si elle le veut. Au fait, je m'appelle Drew. Et toi?
La fatigue était relativement présence chez la petite demoiselle d'à peine un mètre soixante-cinq, vraiment présente, mais l’énervement la faisait tenir. Est-ce que c’était la faute de Drew si elle avait mal dormi, partiellement, mais pas totalement. Est-ce que c’était sa faute si elle n’avait jamais eu la bonne idée d’acheter une cafetière, en bonne accro à la caféine qu’elle est ? Certainement pas. Est-ce qu’elle en avait conscience ? Peut-être. Est-ce que ça l’avait arrêté ? Pas le moins du monde. Sans compter que de base, ce genre de période ne rendait pas des masses la joie de vivre à l’étudiante, bien que ça, elle n’en ait pas vraiment conscience.
Probablement que si l’un des détails avait été différent, que ce soit une autre période de l’année, à un moment plus joyeux pour elle, si elle avait eu un café avant de se retrouver face à lui ou encore si elle avait été capable de dormir après l’aube… Peut-être qu’elle serait venue lui dire moins froidement, ou qu’elle aurait laissé couler. Mais non.
Alors qu’elle pensait déjà être au maximum qu’elle puisse supporter comme colère avant de ne perdre les pédales, en sachant que dans son cas, c’était toujours un gros risque, l’étudiant commence à rire. Déjà que son sourire n’aidait pas la crevette en rogne à se calmer, là, c’était pire. Forcément, elle n’avait pas compris le sens caché que pouvaient avoir ses paroles.
Le chanteur lui semblait bel et bien les avoir comprises et quand il les lui renvoie, forcément, là elle comprend enfin le problème dans ce qu’elle avait balancé, et de ce fait, elle ne peut même pas lui reprocher d’être obscène, après tout, c'était ses propres paroles ! Son visage devient d’un coup écarlate tant elle est gênée, et en colère, de surcroît. Contre elle, et le jeune homme. Si bien que pendant un instant, s’il fait attention, il peut remarquer un changement dans son regard. Ses yeux bleus et humains prennent un court, très court instant l’aspect jaune pâle d’un fauve avant de revenir à la normale quand elle passe sa main sur son visage.
« B-Bien sûr que je parle de baguette magique… »
Dit-elle pour se justifier, ce qui la fait encore plus rougir… Si tant est possible bien entendu. Mais elle prend une grande inspiration pour se calmer, sa tête commençait à lui tourner. Elle n’avait pas envie que cette histoire tourne en drame, pas encore une fois, bien que ce soit déjà très mal partie entre eux deux de toute façon.
« Une date ce n’est qu’une date, en fait, tous les jours dans l’année sont uniques »
Mais elle s’arrête bien vite de bougonner. Son visage se décrispe d’un coup, le petit monsieur, moins petit qu’elle, venait de prononcer des mots presque… Magique. Il vient de proposer un café. Il se décale pour la laisser entrer. Elle avait donc le choix entre accepter et faire la paix ou potentiellement risquer d'envenimer les choses avant de sortir dans le monde froid et plein de gens pour aller chercher enfin une tasse chaude de café, dans les meilleurs de cas à la cafétéria, pire, au centre-ville. Non le pire des cas était de se changer en lynx, là devant lui, dans l'immédiat. Le choix fut, curieusement, très vite fait.
« Bien d’accord… Drew. Je suppose que ça serait mieux oui. »
Elle lance un regard à son appartement, méfiante, avant d’entrer doucement. Comme un félin qui découvre avec prudence un lieu encore inconnu, surveillant tout bruit possible et guettant un potentiel danger. Une fois rassurée, elle se tourne vers lui et attend sagement, n’osant pas aller plus loin.
« Je ne me suis pas présenté du coup… hm pardon je suis Lya, Lya Lacroix… Hm… Quand vous parlez d’un dénommé Swann… Vous parlez de Swann Night…Nightingal ? Le joueur de Quidditch ? »
Il n’y avait pas qu’une personne avec ce prénom, ce pouvait être quelqu'un d’autre ! Intérieurement, elle espérait vraiment que ce ne suit pas lui, mille fois elle préférait que l’homme parle de quelqu’un qu’elle ne connaissait pas ! C’était moins gênant que de savoir qu’elle avait presque, sans le vouloir sous-entendu des choses obscènes d’une personne à qui elle avait demandé de l’aide.
“On fait beaucoup de bruit pour obtenir le silence.”
Si le double sens a fait beaucoup, beaucoup rire Drew, ça n'a pas l'air d'être le cas de la jeune femme. Enfin femme, peut-on vraiment la comparer à un humain à ce moment là, tant Drew a l'impression d'être en face d'un animal sauvage, dérangé dans sa précieuse sieste? Il n'en sait trop rien, et il n'a pas conscience d'à quel point il a raison, de la comparer à un animal, dans son esprit. Peut être qu'il aurait prit plus de pincettes s'il avait su qu'elle était une bombe féline à retardement. Mais pour l'heure, le fou rire qu'il avait eu grâce à un double sens lui faisait bien trop de bien. Et il n'arrivait pas à se sortir les images de la tête. En même temps, ce n'était pas tous les jours qu'une inconnue venait lui proposer de lui apprendre à faire des choses sexuelles. Même sous couvert du double sens, et même maintenant qu'il avait déjà bien rit, il ne pouvait s'empêcher d'avoir envie de repartir dans son fou rire à chaque fois qu'il y repensait. Honnêtement, qui pouvait ne pas avoir vu quelque chose d'aussi gros? C'était presque étonnant qu'elle ait pu lui sortir toutes ces phrases sans sourciller. La colère surement. Ou l'innocence? Qui sait. Enfin, dans tous les cas, Drew avait bien vu que son éclat de rire n'avait pas aidé la jeune femme à se calmer. Au contraire, elle avait l'air encore plus butée et rebutée, en plus d'être passée par la couleur de prédilection des timides en puissance : le rouge écarlate.
Alors qu'elle passait une main sur son visage et essayait de se justifier, Drew ne pu s'empêcher d'avoir envie de la taquiner. Quelle mauvaise idée il avait là. Il se retint donc, mais son excuse qu'une date n'est qu'une date, tout son blabla sur les jours tous uniques... Elle faisait exprès? Elle n'avait pas envie de régler les choses? Drew devait être le seul à faire des concessions et plier l'échine? Son regard perdit toute bonne humeur l'espace d'une fraction de seconde, et son sourire vacilla sur son visage. Pourquoi les gens ne faisaient pas d'efforts pour maintenir les bonnes, ou en tout cas, les pas trop mauvaises relations à flots? Un vrai calvaire pour le musicien qui détestait les conflits. Et en même temps, il avait toujours été un bon voisin. Gentil. Serviable. Souriant. Aimable. Pas trop bruyant. Mais non. Un jour dans l'année. Un seul jour où tout le putain de monde avait une excuse, un seul jour, et on venait le faire chier. Alors qu'il avait passé une excellente soirée, une encore plus excellente nuit, et était en train de passer un début d'excellente matinée. Quelle plaie.
― Ouais sauf que c'est nouvel an, et presque tous les gens de nos âges fêtent ça. Puis c'est la seule fois que t'as eu quelque chose à redire de mon voisinage. Il commençait à être agacé. Mais il ne dit rien de plus et lui proposa même un café. Sa némésis. Sa kryptonite. Swann, lui, saurait à quel point cet effort lui coûtait. Mais Swann était retourné dans sa chambre, et Drew n'avait qu'une envie : planter l'ourson ronchon là, et aller se réfugier dans les bras du Gryffondor pour oublier cet épisode et reprendre sa série d'excellents moments. Mais non. Le voilà à s'effacer, se présenter, et la regarder entrer comme un animal sauvage aux aguets. Est-ce qu'elle finirait par faire un effort dans cette relation? Ou drew allait devoir tout mener à bien pour essayer de garder les fragments fuyants intactes? Il était déjà fatigué en avance. Elle pourrait au moins faire l'effort de donner l'impression d'être contente de l'offre. Mais elle semblait simplement céder à l'appel de quelque chose. Caféine? Bouffe? Drew se sentait utilisé. Insulté, et utilisé. Il n'en dit rient et ferma la porte. Personne va te sauter à la gorge pour te tuer, détends toi un peu. Sa voix était clairement agacée, mais il arborait un sourire amusé malgré tout. Il la contourna et alla lancer la cafetière en grimaçant, touchant l'objet comme s'il allait le mordre. Quand il racontera tout ceci à Swann... Arrrh pourquoi ça lui tombait dessus après un si bel enchaînement d'évènements?
Le café se mit à couler alors qu'il se réfugiait assez loin de la machine des enfers, l'écoutant se présenter. Lya. Court, net et précis, comme son prénom à lui. M'enfin, il n'en n'avait très honnêtement pas grand chose à faire. Pour le moment, même pour lui qui aimait les gens et les interactions sociales, tout ce petit manège était une plaie. Surtout le café en fait, et l'impression qu'elle lui donnait d'être toujours sur ses gardes, et surtout de ne faire aucun effort. Et voilà qu'elle commençait à devenir hésitante dans ses paroles. Et qu'elle parlait de Swann. Elle le connaissait? Son regard la détailla un long moment et son sourire s'agrandit. Oui, ce Swann là. Lui-même. Qu'est ce que ça lui faisait, du coup, d'avoir insinué des choses salaces de quelqu'un qu'elle connaissait?
― Le petit frère du professeur de sortilège, oui. Le joueur de Quidditch, le grand avec un sourire à tomber. Swann quoi. Son sourire ne le quittait pas, grand, taquin et malicieux. Il s'amusait de la voir reprendre ses couleurs rosées. Mais bien vite le café termina de couler, et l'odeur des enfers faillit donner la nausée à Drew qui retourna dans la cuisine pour préparer la table et le petit déjeuner. Il ne laissa pas grand chose paraître sur son visage, mais bon. Clairement, ça le faisait chier de s'imposer la seule odeur qu'il détestait plus que tout, pour quelqu'un qu'il ne connaissait pas et qui ne lui donnait pour le moment pas particulièrement envie de la connaître. Il sortit des céréales, du pain, quelques pancakes de la veille qu'il restait. Enfin, il l'invitait, elle n'allait pas faire la difficile en plus, si? Ce serait le pompon! Tu veux manger un truc salé plutôt? T'es allergique à quelque chose? Pourquoi il s'inquiétait en plus? Chassez le naturel, il revient toujours au galop mh?
La plupart des gens et étudiants qui avait leur âge avaient sûrement passé la veille à faire la fête, à s’amuser crier, rire, boire et écouter de la musique pour accueillir la nouvelle année. C’était ce que faisaient les personnes normales… Mais elle ne l’était pas. Les paroles de l’étudiant lui rappelaient combien elle était différente. Enfin, bien sûr, c’était une idée qu’elle s’était faite toute seule, une bêtise qu’elle s’inventait pour se faire du mal. Son regard fuit quelque peu et elle ne répondra rien à ce sujet. En revanche, elle admet, sans soucis qu’il a raison.
« En effet, c’est la première fois, je l’admets sans problème. »
Aucune mal, aucune mauvaise foi, il n'avait juste totalement raison quant à ce sujet précis. La canadienne n’avait aucun souci à le reconnaître, même si elle tait ses pensées sur les premières paroles. En revanche quand il lui dit que personne ne va lui sauter dessus, elle se mord la lèvre en grimaçant. Elle se retenait fortement de dire que c’était plutôt lui qui était en danger avec quelqu’un comme elle, et pas l’inverse. Mais jamais elle n’aurait le cran de le dire à quelqu’un qu’elle ne connaît pas du tout. Elle se contente de suivre Drew sans trop le coller, garder une distance de sécurité.
Il fallait bien admettre que l’endroit était plutôt joli et accueillant. C’était vivant, grand, décorer. Tout l’inverse de son appartement à elle qui était presque froid en comparaison. Une partie d’elle était tout de même impressionnée qu’une personne puisse arriver aussi bien à aménager un endroit. Même si elle n’en dit rien, son regard devient moins apeuré, mais toujours curieux. Elle le regarde aller en cuisine faire du café comme si l’appareil allait le mordre. Pourtant, il l’avait invité à boire un café… Elle ne comprit pas du tout. Il n’en avait pas envie finalement de boire un café . Mais elle n’est pas le temps de se poser la question, avec un sourire, il lui répond avoir effectivement parlé du même étudiant qu’elle. Le poufsouffle semble apprécier lui rappeler au passage qu’il est parent avec l’un des professeures. Elle passe une main sur ses yeux en soupirant.
« Hé misère… »
Elle s’était exprimé en français, réprimant son désespoir avant de reprendre une grande inspiration, de toute façon, c’était bien trop tard. Alors qu’elle relève la tête en essayant de reprendre contenance, elle remarque qu’il met la table, ce qui ne manque pas de la surprendre. Surtout qu’il ne semble pas enchanté pour… Pour elle ne sait quelle raison. C’était bien lui qui avait proposé de prendre un café, pourquoi il mettait la table et pourquoi ça semble le gêner ? Elle ne comprend plus.
Sans être parfaitement à l’aise, la demoiselle approche, malgré tout, pour prendre place non loin de Drew. Bien qu’elle essaye de faire comme si de rien n'était, cela ne pouvait que se voir : elle n’avait pas l’habitude se faire ce genre de chose. Surtout quand son regard se balade sur tout ce qu’il a sorti d'un air gênée. Le plus étrange, pour elle, c’est quand il lui demande si elle désire manger salé ou si elle a des allergies. Comme elle est persuadée qu'il le fait à contre-cœur, elle n'arrive pas à retenir sa question.
« Non, ça ira très bien, merci, mais pourquoi m’avoir proposé un café et être si gentil si cela t’embête ? Tu n’étais pas obligé, ni de m’inviter, ni de sortir tout cela si tu n’en avais pas envie. On aurait pu prendre un café dehors aussi. Enfin, je me trompe peut-être, je ne suis pas très doué avec les gens. »
Son ton n’est ni agressif, ni de reproche. Juste de l'incompréhension. Elle le regarde juste droit dans les yeux. Elle ne sourit pas, mais elle n’est plus aussi froide et en colère que devant la porte, est simplement neutre. Mais comme elle a l’habitude qu’on ne la comprenne pas, elle ajoute
« Ne te méprends pas, je ne cherche pas les ennuis ou à faire la fine-bouche, je suis surprise et j’essaye de te comprendre. C'est bien l'idée derrière ta proposition, non ? »
Elle essayait vraiment d'y mettre du sien autant qu'elle pouvait. Ce n'était pas facile pour elle, mais encore fallait-il le deviner.
“On fait beaucoup de bruit pour obtenir le silence.”
Finalement, elle admet que c'est la première et seule fois où elle a besoin de faire une remarque sur le voisinage de Drew. Au moins, c'est déjà ça de prit pour le Poufsouffle qui n'a absolument pas envie de continuer à se battre alors qu'il sait avoir raison, pour le coup. Il admet sans problème qu'ils auraient pu éviter le bruit, c'était certain, mais ils avaient des excuses aussi. Très honnêtement, il n'aurait jamais pensé à utiliser la magie pour déverrouiller sa porte, et Swann non plus. Ils ont tous les deux beaucoup vécu comme des moldus, et il y a des reflexes comme ça qui ne se perdent pas. Les clés, c'est une chose que Drew utilise toujours, et utilisera certainement toujours. Mais lorsqu'elle se rend compte que c'est bien de ce Swann là que Drew parle, elle parle dans une langue que Drew ne comprend pas. Aux sonorités, il se doute que c'est du français, mais il n'a absolument aucune idée de ce qu'elle a dit. Par contre, son visage décomposé et la main qu'elle passe dessus suffit à lui faire comprendre l'émotion derrière la plainte incomprise. Ah bah oui, quand on commence à insinuer des trucs sur un élève qu'on connaît, qui est lié par le sang à un professeur en plus, si on est timide, ça fait son petit effet. Mais le café a terminé de couler, et l'odeur du démon, celle sortie des entrailles mêmes de l'enfer et des limbes, embaume la pièce comme un parfum diabolique. Drew met la table rapidement, sort ce qu'il a pour lui proposer en repas, et finit par chercher la tasse contenant le liquide amère marron qu'il déteste, pour la poser en face de la chaise que Lya vient de commencer à occuper.
Il s'assied face à elle, fixant la tasse comme si elle allait disparaître, ou du moins, comme si l'odeur qui en émane finirait par s'estomper sous son regard assassin. Son sourire n'a cependant pas quitté ses lèvres une seule seconde. Il sait recevoir, il sait se faire apprécier. Mais il ne sait pas apprécier l'odeur du café, ça non. Il s'habitue, parce que Killian aime ça, et qu'il fait de gros efforts pour son meilleur ami, mais là il n'a absolument pas envie de faire cet effort pour une inconnue qui lui reproche des choses, et encore moins après avoir brisé son mood excellemment positif. Par contre, le plus âgé ne s'attend pas une seule seconde à la question qui suit. Zut, elle a remarqué son petit manège, même s'il ne fait absolument pas l'effort de le cacher. Au contraire, même s'il ne fait pas non plus exprès de le montrer et d'être lisible comme un livre ouvert. Mais elle ne saisit pas tout à fait pourquoi il est si réticent. Elle a l'air de croire que c'est sa présence dans son appartement qui dérange Drew, et qu'ils auraient pu prendre un café ailleurs. Il grimace un peu avant de lui offrir un sourire.
― Ce n'est ni ta présence ici ni le petit déjeuner qui me dérange, loin de là. C'est le café le problème, j'aime pas du tout ça et, même si je commence à m'habituer à l'odeur, j'admets que c'est encore compliqué pour moi de ne pas laisser paraître à quel point c'est quelque chose qui me donne la nausée. il lui offre un simple sourire et il attrape un verre pour se servir du jus de fruit. Mais tu avais l'air d'avoir besoin de caféine, et quand j'en ai parlé, ton visage s'est illuminé comme si c'était un cadeau du ciel. Alors... Je fais l'effort, c'est normal non? Enfin pour moi ça l'est. M'en demande juste pas un deuxième s'il te plait. Il se met à rire doucement et prend un pancake qu'il arrose de sirop d'érable et décore de quelques fruits rouges. C'était du français tout à l'heure? Tu es originaire du Canada? Il demande, parce qu'elle a un accent Nord-Américain lorsqu'elle parle anglais, et, de sa connaissance assez limité du français, le Canada est le seul pays qu'il connait -à part la France- où on parle cette langue. Tu connais Swann depuis longtemps? Il est curieux, et rencontrer les gens que Swann connaissait lui fait plaisir, même si c'est pas forcément dans les meilleures conditions pour le coup. Mais bon, ça fait toujours un sujet de discussion, et ça fera du bien à Drew de penser au Gryffondor. Au moins, il oubliera le café un peu.
Depuis toujours déchiffrer, comprendre, lire sur le visage des autres était un peu compliqué pour la demoiselle aux cheveux artificiellement argentés. Même petite, elle avait du mal avec les autres enfants. Il n’y avait qu’avec ses parents et certains animaux qu’elle arrivait à comprendre le langage corporel. Pas étonnant qu’elle ne comprenne pas vraiment dans la situation présente. Surtout en n’ayant pas toutes les informations nécessaires pour cela.
Le musicien lui donne enfin les dernières pièces manquantes pour qu’elle comprenne la raison de ses grimaces et les raisons qu’il lui donne ne peuvent empêcher la jeune femme de culpabiliser un peu. Il était chez lui, dans son domaine et en plus de se laisser envahir, il faisait l’effort de supporter une odeur désagréable, pour elle. Même si elle essaye de le cacher, cela l’embête vraiment. Si elle avait su ! Mais impossible de deviner.
« Oh, désolé. C’est gentil de faire cela pour une voisine désagréable. Hmm… »
Dit elle en réfléchissant et en regardant autant autour d’eux pendant quelques instants. De sa manche droite, à l'aide de sa main gauche elle sort sa baguette magique. Elle prend une grande inspiration pour se concentrer et commence par créer un espace hermétique autour de la cafetière à l’aide un sortilège de tetenbulle. Elle ouvre ensuite la fenêtre après avoir jeté un coup d’œil pour être sûr que Drew soit assez couvert, puis elle se tourne vers son café. Son regard passe sur la table où elle attrape du sucre, puis du lait et mélange hâtivement le liquide avant de retirer la cuillère. Elle semble fouiller dans sa mémoire puis, toujours à l’aide de la magie, elle refroidit le liquide.
« J’espère que ça sera moins… désagréable pour toi comme ça. »
Elle regarde le pot de plante pas loin de la table et après un dernier mouvement du poignet, quelques brins de muguet sortent de la terre. Tout cela ne ferait pas totalement disparaître l’odeur, mais au moins ça sentirait un peu moins mauvais pour lui. Une façon de s’excuser et de le remercier sans le dire avec des mots. Après quoi, elle range sa baguette et boit un peu du café refroidi, frissonnant légèrement. Mais ça ne lui déplaisait pas plus que ça.
« En effet, c’est bien ça. Je suis Canadienne, et du côté de mon père, ils sont Québécois. Et toi ? »
Dit elle, toujours dans le but de continuer la discussion. Ça au moins, ça n’était pas trop difficile de commencer à discuter de cette façon. Elle savait faire ça, à peu près, tant que ça ne devenait pas trop personnel. La question qui suivit ne l’était pas bien plus, bien au contraire, elle y répond sans aucun souci non plus.
« Non, je dirai un peu plus d’un mois. Ce n’est pas grand-chose cela dit, je lui ai juste demandé un coup de main. Comme vous… »
Elle s’arrête net. Ça ne la regardait pas, elle n’allait pas insinuer plus ou poser de questions.
« Enfin, vous êtes sûrement bien plus intime, je le connais pas tant que ça dans un sens. »
Au final, pour une discussion qui avait commencé par une agression, ou presque, cela continuait plutôt bien. Elle se sentait un peu plus à l'aise maintenant qu'elle savait pourquoi il était si rebuté, dans la limite du raisonnable, mais elle n'était plus sur la défensive comme avant. Elle se risque même à tendre la main, hésitante pour prendre quelque chose à manger et elle se rabat sur un fruit, en observant la réaction de son hôte comme si elle attendait toujours la permission malgré tout. Après tout, la conversation, c'était une chose, se servir une autre... Même si elle s'était déjà servi avec le lait et le sucre.
“On fait beaucoup de bruit pour obtenir le silence.”
Drew ne s'attendait pas à ce que la jeune femme cherche des solutions à son problème d'odeur de café. Le né moldu n'aurait jamais pensé à tous ces sortilèges qui auraient pu lui sauver la vie plus d'une fois. Alors qu'elle mettait la cafetière sous cloche, et ouvrait la fenêtre, le regard du musicien la suivait, agréablement surpris. Il remonta un peu le col du sweat qu'il avait piqué à Swann, et enfila la capuche sur sa tête pour garder un peu de chaleur. C'était une danse, un ballet magique qui le fascinait plus qu'il ne l'aurait jamais pensé. Tous ces sorts sortis de leur contexte, de leur utilisation initiale, pour lui faciliter la vie. C'était intéressant pour le jeune homme de découvrir toutes ces nouvelles façons de faire. Il n'y avait jamais vraiment pensé, et l'art de la botanique ne demandait pas forcément de magie. Donc il lui arrivait d'oublier qu'il était doté de tout ceci, qu'il avait avec lui une baguette magique qui lui permettait de se simplifier la vie. La seule magie qu'il utilisait beaucoup, surtout lors de voyages et de déplacements, était celle qui lui permettait de rapetisser ses affaires. Quand même vraiment pratique pour déménager un piano avec une seule valise. Ou pour arriver comme une fleur chez un ami qu'on a pas vu depuis de nombreuses années, avec toutes ses affaires pour emménager immédiatement. A y repenser, Drew avait vraiment tenté un coup tellement gros, en demandant à Killian s'il pouvait emménager... Et les voilà, des mois après, avec des plantes partout, là où Killian n'en n'avait pas vraiment. Drew s'était imposé, il s'en voulait un peu. Mais c'était fait. Lya termina par mélanger du lait et du sucre à son café, puis le faire refroidir parce que l'odeur du café froid était moins forte. Le jeune homme lui fit un beau sourire et croqua dans son pancake.
― Merci beaucoup pour tout ça. Je n'y avais jamais pensé. Tu n'as pas froid avec la fenêtre ouverte? lui demanda-t-il, néanmoins inquiet du bien-être de la jeune femme qui faisait elle aussi des efforts pour que tout se passe mieux. Au final, ce qui avait commencé par une presque agression, évoluait plutôt bien. Drew tapa dans le mille, avec le Canada comme pays d'origine. Elle lui expliqua aussi pourquoi elle savait parler français, et lui demanda d'où lui était originaire. Un grand sourire étira les lèvres du musicien en repensant à son chez-lui. Je viens des États-Unis d'Amérique, du Montana! Avec ses grandes montagnes et ses lacs perchés dans les versants et les vallées. Il était enjoué, y repenser, c'était aussi penser à tout ce que Swann et lui avaient prévu, depuis qu'ils s'étaient rencontrés. Un soir après une journée vraiment pas très chouette pour Drew. D'ailleurs, de ce que lui disait Lya, elle connaissait le Gryffondor depuis plus longtemps que lui. Drew réalisa soudain à quel point son lien avec le joueur de Quidditch était spécial. En quelques jours ils avaient tissé un lien très puissant, et se dire que Lya, qui le connaissait depuis plus longtemps, était loin d'être aussi proche que Drew et Swann ne l'étaient... Ca l'obligeait un peu à se rendre compte d'à quel point ce qu'il vivait était spécial. Et plus il y pensait, plus il voulait marquer le coup avec un tatouage. Il le proposerait à Swann, la prochaine fois qu'il le verrait. Il rit de bon coeur quand elle lui dit qu'ils étaient intimes. C'était vrai, et en même temps pas vraiment. Ils dormaient ensemble, s'embrassaient... Mais rien de bien plus chaud. Il sourit et joua avec son verre de jus de fruit, déconcentré. On a effectivement un lien un peu spécial, c'est vrai. admit-il en riant, buvant une gorgée de son jus de fruit avant de regarder la jeune femme. Tu étudies en quoi? Ca fait longtemps que tu es à la MUL? Je viens d'arriver cette année, du coup je découvre un peu tout le monde! Il était enjoué, retrouvant son sourire et sa bonne humeur pré-intervention d'une Lya grognonne. Il se sentait bien. Ca se voyait partout sur son visage.
Depuis toute petite, du plus loin dont elle pouvait se souvenir, la jeune femme avait toujours connu et baigné dans la magie. Pas uniquement parce qu’elle était partiellement un être magique, mais parce que sa mère, avant elle, avait aussi toujours vécu avec de la magie, et qu'à force de vivre avec elle, son père avait pris les mêmes habitudes. Ainsi, ils avaient transmis à la poufsouffle la même aisance avec les sortilèges, ainsi que toutes les habitudes qui en découlaient. C’est pourquoi, faire tout cela lui avait semblé si normal qu’il n’y avait pas vraiment réfléchi, c’était juste parfaitement naturel pour elle. Ça l’était tellement pour elle qu’elle ne pensait pas toujours que ce n’était pas le cas de tous, et du coup, elle ne comprend pas pourquoi le jeune homme n'en fait pas autant, ni même pourquoi il l’avait observé faire de cette façon.
Une fois tous finie, elle aura rangé dans sa manche la baguette en bois de noyer noir pour se concentrer pleinement vers le sorcier qui l’avait accueilli chez lui le temps d’un petit déjeuner. Celui-ci s’inquiétait de savoir si elle allait avoir froid, ce qui fait naître le début un sourire au coin de ses lèvres, chose rare. C’était un peu amusant. Mais elle n’en rit pas, la question était, au final, plutôt intentionnée.
« Non, ça ira ne t’en fait pas, ça ne me dérange pas et puis le froid réveil. Ça… M’évitera d’encore aller agresser un pauvre voisin. Mais si toi, tu as froid, je peux refermer. »
C’était le maximum qu’elle pouvait essayer de faire en matière d’humour. C’était plus de l’autodérision, mais l’idée était là, enfin au moins elle essayait quand même. C’était forcément plus facile de faire rire en balançant des sous-entendus obscènes sans s’en rendre compte que de vraiment essayer de faire sourire son interlocuteur. Même si, a vu d’œil, il n’avait pas vraiment besoin de ça, il était déjà très souriant.
Il l’était d’autant plus quand elle lui retourne la question sur ses origines. Le musicien semblait tout aussi content de parler de sa terre natale qu’elle l’était à chaque fois qu’on le lui demandait. Elle écoute attentivement ses explications en commençant à éplucher la petite clémentine qu’elle avait attrapée en voyant qu’il ne l’arrêtait pas. Il semblait vraiment aimer cet endroit, d’après ce qu’elle entendait.
« Le Montana ? Je n’y sais jamais aller, mais ça a l’air sympa, j’irais peut-être faire un tour pendant les vacances avant de rentrer au Canada. Ça doit être jolie à voir. »
Le voir parler de manière si enjouée de cet endroit attisait quelque peu la curiosité de la demoiselle qui aimait beaucoup voir et découvrir de nouveaux endroits. Si c’était comme il expliquait, il y avait de forte chance qu’elle se plaise à visiter la région. La curiosité de la Canadienne, peut-être un peu indiscrète continue à se montrer aux files de la discussion. Tout comme sa façon de parler de là où il venait avait intrigué Lya, cette façon de jouer avec son verre faisait naître une question dans la tête de la demoiselle. Encore plus ce petit sourire suivit de cette réponse. Et bien trop peu habitué à dire les choses de façon détournée, c'est à pieds joints qu’elle saute dans le plat pour demander, cash
« Tu veux dire par là que vous sortez ensemble, c’est bien ça ? »
Elle ne comprenait pas toujours très bien les relations humaines, et de toute façon quitte à aborder le sujet et poser la question autant être tout à fait directe. Ça l’intéressait, mais pas au point qu’on puisse se demander si l’un ou l’autre des jeunes hommes l’intéressait, non elle avait juste envie de comprendre, comme toujours.
Mais lui aussi semblait intéressé au vu de ce qu’il ajoute après son explication trop énigmatique, un au minimum probablement, car il pose plusieurs nouvelles questions à la maledictus qui répond sans plus de soucis qu’aux premières.
« Je suis ici depuis quatre ans déjà, j’ai commencé des études en vétomagie en arrivant ici. Enfin, je suis ici depuis quatre années, mais je suis persuadée que tu connais bien plus de personnes que moi, même si tu viens d’arriver. Je ne prends pas souvent le temps de m’arrêter, donc ça ne m’étonnerait pas vraiment. Et toi, tu es dans quelle branche ? Et est-ce que tu te plais à Londres ? Je suppose que ce n’est pas tout à fait comme dans le Montana. »
“On fait beaucoup de bruit pour obtenir le silence.”
Le froid ne la dérange pas, et ne dérange pas le musicien non plus. Parfait, aucun d'entre eux ne tomberait malade, et ils peuvent ainsi tous les deux profiter d'un petit déjeuner copieux et agréable. Drew la remercie encore plusieurs fois mentalement, d'avoir fait tout ça pour lui éviter les embruns de café qui lui auraient très vite donné la nausée. Et autant dire qu'il n'a pas envie de l'avoir, la nausée. C'est pas vraiment dans ses projets, ni dans la liste des trucs agréables qu'il aime bien subir dans sa vie. Ah ça non. Des câlins, des bisous de Swann, ça oui. Mais le café... Il le supporte vraiment par obligation et pour faire plaisir à Killian, parce que son meilleur ami en a besoin et tourne au café comme une voiture tourne à l'essence. L'or brun du plus grand, fait le malheur du plus petit. Comme les poivrons que Swann déteste et Drew adore. Chacun des deux fait des efforts pour l'autre, c'est chouette de s'en rendre compte. Ils parlent du Montana, et Drew ne peut pas s'empêcher d'y penser beaucoup. Les vallées les lacs, tous ces paysages magnifiques qui lui manquent beaucoup, mine de rien. Les étendues verdoyantes, la neige sur les sommets. Le calme et l'absence de pollution. Pas qu'il déteste Londres, au contraire il profite de la vie nocturne bien plus que lorsqu'il vivait là où il est né, mais les paysages de carte postale de sa terre natale lui manquent malgré tout. C'est un garçon qui aime la nature. Et la ville le rend vite triste. C'est pour ça qu'il a choisit un cursus en herbolomagie.
― C'est vraiment un bel endroit si tu aimes la nature et les grands espaces. Je ne peux que te conseiller d'aller y faire un tour, si l'occasion se présente. répond-t-il en souriant, attrapant de quoi commencer à rassasier la faim qui commence à lui tirailler l'estomac de façon assez désagréable. Alors qu'il boit dans son verre de jus de fruit, il manque de s'étouffer lorsque Lya lui parle de la relation qu'il a avec Swann. Il veut dire quoi..? Qu'ils sortent ensemble? Non. Enfin, il aurait dit ça d'une autre manière, y'a plein de façons de le dire. Il pensait juste être honnête, en disant que leur relation était spéciale. Mais c'est vrai, au fond. Ils sont clairement amis, ça c'est certain vu tout le temps qu'ils passent ensemble. Après, ils ont leur petit truc en plus à s'embrasser, se taquiner, se caliner et dormir ensemble. Mais ils sont sages, sous les draps. Probablement à cause de Drew principalement, mais Swann est très respectueux et n'a jamais rien tenté. Drew l'en remercie d'ailleurs. Mais de là à dire qu'ils sont en couple... Non. Il rit joyeusement. Non on ne sort pas ensemble non. Il sourit et croque dans son pancake en la regardant. C'est amusant. Elle a une curiosité d'enfant, comme Drew. Ils cherchent à connaître et comprendre. Elle lui répond donc quant au nombre d'années qu'elle a passé à Londres, et lui retourne la question. Quatre ans, wow. Je connais peut être plus de personnes que toi mais au fond, c'est pas la quantité qui compte, si? il sourit simplement. La plupart des gens qu'il connait, il va les oublier trop vite. Il ne leur a souvent parlé qu'une fois ou deux, pas beaucoup plus. Je suis en herbolomagie. C'est pour ça, toutes les plantes. Et puis ça ramène un peu de verdure et de nature en ville. Il sourit aux questions. Le Montana lui manque clairement, mais Londres est quand même une chouette ville. Je m'y plais bien, la vie nocturne est chouette, et on peut commencer à faire des concerts doucement. Mais le Montana me manque, ses paysages et le calme surtout. Des fois ça fait du bien de se ressourcer loin de tout. Oui, même pour lui, qui est populaire. Il aime le calme de son appartement aussi. Ton cursus dure encore longtemps? Drew, lui, avait hâte de terminer ses études, ouvrir sa serre, pouvoir reprendre les tournées. Mais pour ça, il avait encore 1 an et demi à tenir. Tu voudras faire quoi après? Travailler dans un cabinet? Dans un zoo? Oh! au Scarmander Park??? demande-t-il, très enjoué.
« J’apprécie énormément ce genre d’endroit. Ce n’est pas ce qui manque près de là où j’ai grandi, donc j’ai toujours connu ça, mais en plus, j’apprécie d'en découvrir de nouveau, particulièrement les endroits peu connus et peu fréquentés »
Rien que d’imaginer pendant un court instant se trouver dans ce genre d’endroit lui plaisait beaucoup. La sensation grisante de découvrir un lieu où seuls les bruits de la nature se font entendre, un endroit où il n’y a aucune personne, aucun regard indiscret ou danger potentiel pour l’empêcher de se détendre. La chaleur du soleil, faible ou non, le vent dans les cheveux, la douceur de l’herbe chatouillant la plante de ses pieds et ses chevilles. L’air, les odeurs qui embrument son esprit, le chant des oiseaux, le ruissellement de l’eau qui résonne comme une douce mélodie. L’envie de laisser l’autre prendre le dessus et courir sans se soucier du temps, du regard, du devoir, du secret. Tout ça lui parlait bien plus qu’elle ne le laissait transparaître. Alors elle n’oublierait pas d’aller voir, un jour.
Mais pour le moment elle profite simplement de la discussion, et de faire un peu plus connaissance avec ce voisin, finalement, bien plus gentil et avenant qu’elle ne se l’était imaginé. Celui-ci lui répond, après avoir été surprise par la question sur sa relation avec le joueur de Quiddich qui n’est pas du tout ce que la demoiselle pensait avoir compris. Elle hoche simplement la tête en réponse, elle ne réagit pas plus que ça, mais elle montre ainsi qu’elle avait compris. Pas en détail, mais le principal, sa curiosité avait largement été assouvie.
La discussion continue sur les études et le temps qu’ils ont passé ici, et Lya ne peut s’empêcher de réfléchir et pencher la tête de gauche à droite en affiche un air peu convaincu.
« Je suis d’accord, c’est mieux la qualité des relations que le nombre que l’on a, mais on ne peut pas vraiment parler de ça non plus, enfin dans mon cas. Je n’ai cherché à avoir de lien avec personne en particulier. Je n’ai pas vraiment le temps, donc je ne trouve pas que ce soit une bonne idée. »
Cette façon, de présenter les choses pouvait laisser un doute, il était même difficile de comprendre ce qu’elle entendait vraiment par là, et c’était volontaire. Difficile d’expliquer sans tout dévoiler qu’elle n’avait aucune envie de se lier d’amitié avec des gens pour disparaître de leur vie trop vite. Elle n’était pas du genre à chercher des relations courtes, et les longues lui étaient presque impossibles, voire interdites, à ses yeux. Mais sans connaître sa situation, c’était peut-être compliqué de comprendre ça, même en la connaissant aussi, cela dit. Après tout, même si on savait, il était possible de se demander pourquoi elle n’en profitait justement pas. Pourquoi elle ne profitait pas, justement, de ce temps trop court pour vivre comme bien des personnes de son âge.
D’après ce que lui disait le mélomane, lui semblait en profiter. Après lui avoir expliqué qu’il étudie dans le secteur de la flore magique, il lui raconte ce qu’il aime dans cette grande ville, bien différente de ce que semblait être le lieu d’où il venait, d’après ce qu’il expliquait. L’une des choses qu’il dit semble particulièrement éveiller, encore une fois, la curiosité enfantine de la demoiselle aux cheveux argentés.
« Un peu de nature au milieu de la ville ça fait toujours du bien, même si ça ne me semble jamais assez. Donc, je vois ce que tu veux dire quand tu parles de retourner se ressourcer, j’avoue que je n’ai pas trop d’utilité à toute cette agitation nocturne, même si j’admets que ça peut toujours occuper. »
Dit-elle pour commencer, puis elle finit ce qu’elle mange avant d’ajouter, sans jamais cacher son intérêt.
« Tu fais des concerts avec un ou plusieurs amis ? Vous avez un groupe de musique ? »
Son regard passe rapidement sur le grand piano noir, avant de revenir sur Drew. Une partie d’elle cherche dans sa mémoire à la recherche d’un indice. Il avait parlé de concert en utilisant le pluriel, donc il devait avoir un groupe de musique, non ? Est-ce que c’était quelqu’un qu’elle connaissait, ce qui expliquerait son impression d’avoir déjà vu son visage quelque part avant de venir l’agresser sur le pas de sa porte ce jour-là ? C’était probable, Lya écoutait toute sorte de musique, elle n’avait pas vraiment de préférence en la matière et prenait juste ce qui lui plaisait sans se poser de questions. Elle ne cherchait pas plus à en savoir sur les artistes que sur le style de musique que c’était. Pour elle, cela ne s’arrêtait qu’à ‘ça me plaît’ ou ‘ça ne me plaît pas’. Mais est-ce qu’elle écoutait un groupe en particulier qui jouait beaucoup de piano ? Elle ne voit pas ce que cela peut être, et elle est à des années-lumière d’avoir l’idée que ce piano ne pouvait pas être le seul instrument que jouait le plus grand, ou même qu’il puisse être l’instrument de prédilection d’une autre personne vivant dans cet appartement, car après tout, il n’était pas obligé de vivre seul, mais ça, la demoiselle n’en savait rien pour le moment.
Mais, malgré ses réflexions, elle ne voit pas, ce n’était peut-être pas ça finalement, elle l’avait peut-être simplement déjà vu dans un autre court cette année, ils avaient peut-être quelque chose en commun dans leurs plannings. Elle ne savait pas quoi, mais ça n’était pas impossible après tout . Lui n’évoque pas précisément les cours qu’il a, difficile de savoir. Mais il pose bien des questions sur son cursus à elle, et sur l’avenir qu’elle pense choisir après l’université. Son ton enjoué fait même rire un court instant la Canadienne.
« J’ai encore la fin de cette année et l’année suivante pour finir. J’ai encore du temps, mais en même temps pas assez. Je ne pense pas ouvrir un cabinet, ou aller travailler pour quelqu’un qui en a un. Non, j’aimerais, si je peux me le permettre, travailler comme zoolomage. J’aime m’occuper des créatures et des animaux, mais j’aimerais travailler pour qu’il n’y en ait pas besoin, ou beaucoup moins. Que ce soit en informant les autres, en faisant avancer la cause pour protéger les espèces qui en ont besoin ou de quelque manière que ce soit. Ce que j’aimerais dans l’idéal s'est donné mon temps pour améliorer leur qualité de vie, mais avant qu’ils ne soient blessés ou en danger. Je ne sais pas où que ce soit à Londres ou ailleurs dans le monde, mais je trouverais bien. »
Elle prend une gorgée du café froid ainsi qu'un instant pour réfléchir à ce qu’elle vient de dire. Elle finit par ajouter après un court instant.
« Je suppose que c’est un peu diffus comme explication, mais j’espère que ça répond à ta question quand même. Mais toi, il te reste longtemps à étudier et explique-moi ce que tu aimes dans tes études et qu’est-ce que tu penses faire après ? Ouvrir une boutique de plantes ou de remèdes ? »
“On fait beaucoup de bruit pour obtenir le silence.”
Parler du Montana a boosté Drew. Il est extrêmement content de penser à ce chez-lui qui lui manque, même s'il se plait, ici, à Londres. Principalement our les concerts, ses amis, et ses études. La ville en elle-même ne le passionne pas plus que ça, mais ça, il fallait s'y attendre. La colocation avec Killian, les cours intéressants, le fait d'avoir tous ses amis proches pour faire de la musique... Et les rencontres qu'il a faites, pendant cette demie-année d'études. Ariel, Karim, Swann, Sao et tant d'autres. Il aime cette vie, même si la menace des Deathwings plane au dessus d'eux. Mais il aspire à autre chose, une vie plus calme, un cocon de verdure dans lequel il se réfugierait, entre les tournées et les concerts. Et, pourquoi pas, quelqu'un qui l'attendrait là bas..? Cette idée le fait sourire, il n'y croit pas le moindre du monde. Pas pour lui, c'est pas fait pour lui, tout ça. Les autres oui, mais lui... C'est compliqué, la confiance et la loyauté. Il ne se rend pas encore compte qu'il s'attache et peut être amené à développer des sentiments. De toute façon, il ne veut pas y penser.
Quand ils parlent des relations, de la qualité et de la quantité, Drew est un peu triste. Il n'en dit rien, n'en montre rien, mais c'est quelque chose qui le touche. Il est très sociable, donne sa chance à chacun, mais ce comportement positif et ouvert à tous a tendance à déplaire à certains. Et ça le blesse bien souvent, d'entendre les rumeurs qu'il peut y avoir sur lui. Un garçon facile, superficiel, qui fait semblant d'apprécier les gens juste pour compléter une liste et augmenter son tableau de chasse. Les mots d'Alcyone lui reviennent parfois, souvent, même. Il devait bien s'amuser, avec ses vrais amis. Se moquer d'elle. Lui qui pensait qu'elle savait qui il était, au fond. Il s'était bien trompé. Combien de ses amis pensent comme elle? Combien se rendent compte d'à quel point il tient à eux? Il n'en sait rien, et ça lui fait peur. Mais il n'en montre rien. Il sourit simplement en écoutant Lya. Pas le temps, hein. Il faut le prendre, le temps. Mais Drew ne dit rien, il se contente d'hocher la tête pour seule réponse. Il peut comprendre qu'on ne veuille pas se forcer, s'encombrer à sortir, et tout. Se concentrer sur ses études, Killian en est le premier exemple. Parfois, Drew se demande comment ça peut marcher, leur amitié. Ils sont tellement différents, et Drew tape certainement sur les nerfs de Killian. Il le sent, depuis quelques temps. Ca n'est plus vraiment comme avant. Ils ne font plus rien ensemble, mangent de plus en plus souvent séparément. Ils se croisent juste, comme deux inconnus qui vivent sous le même toit. Ca le fait souffrir, mais il respecte les limites que lui impose son ami.
Drew écoute les remarques de Lya sur la vie nocturne qu'elle n'apprécie pas, et il se contente encore une fois de sourire. Il ne sait pas quoi lui répondre. Elle comprend que ça puisse occuper. Comme si sortir le soir c'était juste pour tromper l'ennui. Drew aime ça, s'amuser, rencontrer du monde. Mais comment lui faire comprendre que c'est bien plus qu'un passe temps? Il n'en sait trop rien, et comme elle enchaîne sur le groupe et les concerts, un grand sourire vient habiller ses lèvres.
― Oui, j'ai un groupe de musique! On est quatre amis, ça fait plus de dix ans qu'on joue ensemble. Depuis Ilvermorny, en fait. On faisait des concerts et des tournées aux Etats-Unis. J'ai hâte de recommencer, ça me manque beaucoup. Même s'il sait qu'il n'a plus la forme physique pour tenir les tournées, que ça fait bien longtemps qu'ils n'ont pas vécu tout ça, il a hâte. C'est son rêve. Il sait déjà qu'il va devoir se remettre au sport. Mais ce sera pour la bonne cause. Pour le moment, il profite. Lya enchaine pour lui expliquer ce qu'elle voudrait faire plus tard. Il lui reste autant de temps d'étude qu'à lui, et elle lui parle de Zoolomagie, de protéger les animaux... Un but noble, certes, mais Drew ne comprend aucunement ce qu'elle veut vraiment faire, ni comment. Il se contente d'hocher la tête, il ne veut pas la froisser en lui disant qu'il n'a certainement pas bité un seul mot ou concept de tout ce qu'elle a dit. Il a comprit le principal, et ça lui fait plaisir de voir qu'elle a l'air passionnée. Elle lui retourne la question, et son sourire s'agrandit. Il me reste autant de temps que toi. Cette année et la suivante. J'aimerais beaucoup ouvrir une serre, tranquille, dans la campagne. Je voudrais bien que le groupe décolle aussi, comme ça je pourrais faire des concerts et des tournées, et rentrer dans mon cocon tranquille et calme. Le guitariste de mon groupe veut devenir maître des potions, du coup les plantes que je ferai pousser lui seront utiles! Il sourit grandement, content que Brad et lui se complètent. Et il termine de manger avant de ranger ce qui a besoin d'être au frais, après s'être assuré qu'elle n'en veuille plus. Il la regarde en souriant. Tu écoutes beaucoup de musique? Je suis curieux de connaître tes goûts. Et il se rassoit sagement, il a besoin de bouger un peu, surtout comme il est très heureux.
Ses explications données sur ses préférences pour ce qui est des relations humaines et pourtant, Drew sourit toujours. Il ne demande rien, ce qui soulage en partie la petite demoiselle qui aurait bien eu du mal à lui expliquer. Non, pas que ce soit difficile de trouver les mots exactement, mais le courage lui aurait sûrement manqué pour expliquer cela à quelqu’un, aussi gentil et accueillant soit-il.
Heureusement, la discussion quant au sujet du potentiel groupe de musique semble beaucoup égaillez le plus grand qui lui donne les détails demandés. Il jouait de la musique avec des amis depuis plus de dix ans et cela avait commencé à Ilvermorny. Elle aurait clairement dû y penser, il lui avait bien expliqué venir du Montana, elle du Canada. Le fait qu’ils aient été à la même école de magie n’était pas surprenant, ils venaient du même continent. Et il n’y avait que cet établissement, pour ce qu’elle en savait. Mais ce dont il parle l’interpelle encore plus.
« Il y a dix ans, à Ilvermorny ? On a dû se croiser alors, j’étais élève à cette époque aussi. J’ai été assignée à Puckwoodgenie, enfin, j’aurais pu aller à Womatou, mais je ne regrette pas mon choix. »
Elle avait encore l’image des deux statues s’inclinant devant elle le jour de son entrée. Le félin à six pattes l’avait immédiatement renvoyé à cet autre part d’elle dont elle voulait s’échapper autant que possible. Bien que choisir la représentation du cœur plutôt que celui du corps semblait étrange pour quelqu’un d’aussi peu sociale qu’elle. Mais si le souvenir de sa répartition n’était pas ébranlé par le temps, celle d’un groupe de musique d'étudiants ayant à peu près son âge ne lui disait pas grand-chose. Les bruits de couloir, le social, tout cela, ne l’intéressaient pas plus à l’époque que dans le présent, et après l’histoire avec Ange elle s’était encore plus refermée sur elle-même. Elle frémit en y repensant et secoue légèrement la tête pour se concentrer sur le véritable sujet.
« Au moment d’Ilvermorny je n’étais pas attentive à ce que faisaient les autres, je dois bien avouer, mais si vous avez fait une tournée et joués en dehors de l'école, peut-être que je vous ai déjà entendu. »
C’était peut-être de là que l’homme lui disait quelque chose. Ça où le fait qu’ils viennent de la même école, bien que dans le deuxième cas, cela serait moins probable, en connaissant le passé de la poufsouffle. Elle écoutait beaucoup de style de musique, peut-être qu’elle les avait entendus à la radio ou autres. Et si ce n’était pas encore le cas, elle espérait que ça le deviendrait, elle était curieuse de savoir ce qu'il pouvait bien jouer. Si l’étudiant réussit le plan d’avenir qu’il lui exposait, il y avait des chances que cela arrive.
« Une serre à la campagne ? C’est un projet sympa, je dois avouer que c'est le genre d'avenir qui aurait pu me plaire aussi. J’espère que ça marchera pour vous, je viendrais avec plaisir à l’un de vos concerts. »
C’était peut-être le genre de musique qu’elle écoutait, et qu’elle aimait, elle n’en savait encore rien. Même s’il lui donnait le genre exact que jouait le groupe d’amis, cela ne l’aiderait pas énormément, car la Canadienne n’avait pas vraiment un genre de musique préféré. Du coup, la question qu’il lui pose la fait réfléchir à comment expliquer ça.
« J'en écoute vraiment pas mal oui et en fait un peu de tout je pense. Je ne pense pas savoir précisément faire la différence pour être honnête. Bien sur, j'ai une préférence pour les textes en anglais, mais le style varie en fonction du moment, de la journée de ce que je fais, de mon humeur. »
Tout en expliquant cela, elle sort son téléphone de sa poche en faisant attention aux plumes qui y pendent avant de le déverrouiller. Elle ouvre l'application de musique dont elle se sert. Elle tend ensuite l’appareil à son hôte pour le laisser regarder l’intégralité de la play-list. À défaut de savoir lui donner le genre il aurait ainsi une idée plus précise. Comme elle l'avait dit, il y a un peu de tout. Un beau méli-mélo de chansons de tous styles, générations, et origines. Linkin Park, Jennifer Lopez, Metallica, Lindsey Starlings, Evanescence. Certains noms ne reviennent qu'une fois ou deux comme Natasha St-Pier, Kyo, Katy Perry, Within Temptation, Scorpions, Muse, AC/DC, Céline Dion. Aussi plusieur covers et des remix récent. Des chanteurs ou groupes un peu moins connu également. Plusieurs Original Soundtracks, de jeu, d'animé ou de série. Et dans ce foullis, on peut également trouver un bon nombre des chanson de Don't Panic.
“On fait beaucoup de bruit pour obtenir le silence.”
Drew l'écoute parler en souriant. Elle aussi a été à Ilvermorny, et ils ont l'air d'avoir à peu près le même âge. Mais Drew ne se souvient pas d'elle. En fait, il ne se souvient pas vraiment de grand monde, là bas. Seulement les personnes dont il a été le plus proche. Parce que Drew a toujours eu beaucoup de gens gravitant autour de lui, et il a toujours essayé de prendre le temps d'aller voir les gens les moins entourés pour les sortir de leur solitude. Une belle âme qui ne peut malheureusement pas se souvenir des noms et des visages de tous ceux qu'elle croise. D'autant plus qu'ils étaient tous deux dans la même maison. Bien que ça ne revêt pas une très grande importance aux yeux de Drew, surtout que ça ne lui fait pas remonter plus de souvenirs à propos de la jeune femme. En soit, ça n'est pas bien grave. Elle n'a pas l'air de se souvenir de lui bien plus, et de toute façon, ça ne les empêche pas de se redécouvrir comme ils le font déjà. Elle lui avoue aussi ne pas avoir été très attentive aux autres, à cette époque. Le sourire compréhensif de Drew lui répond. Il peut comprendre, il vit avec Killian qui est le même genre de personnage. Puis, elle n'a pas l'air non plus d'avoir fort changé depuis. Bien que Drew nee la connaisse pas plus que ça, il a du mal à se dire qu'elle a pu changer du tout au tout, surtout avec ce qu'elle lui dit des sorties entre amis qui ne l'intéressent pas. Chacun son truc, Drew n'est pas du genre à juger les gens sur leurs préférences.
Il lui parle alors de ses rêves et ses espoirs en souriant largement. Ca lui fait plaisir d'en discuter, et il se sent bien. Peut-être la faute à la soirée du Nouvel an qu'il a passé, ou à sa nuit avec Swann. Dans tous les cas, il se sent bien, et ce, malgré les mots d'Alcyone qui lui reviennent parfois. Ca lui fait du bien, de s'amuser. Se concentrer sur le concert à venir, sur autre chose que les démons qui lui tournent autour de la tête. C'est gentil, merci Lya. Il lui sourit chaleureusement, ça fait toujours plaisir quand quelqu'un nous souhaite de réussir ce qu'on entreprend et ce qu'on rêve de faire. Même si leur rencontre n'a pas très bien débuté, il s'avère qu'ils s'entendent plutôt bien, au final. C'est chouette, pour Drew. Il n'aurait pas aimé se prendre la tête avec la voisine d'en face et que ça reste une plaie. Il hoche légèrement la tête en écoutant ses préférences musicales avec intérêt, et son regard noisette suit ses mouvements alors qu'elle sort son téléphone. Il sourit largement en perdant ses iris sur les plumes qui feraient un bon jouet pour chat. Heureusement que j'ai pas de chat, il aurait surement voulu jouer avec ton porte-clé! S'amuse-t-il de bon coeur, avant de se concentrer sur ce qu'elle lui montre. Il lit les groupes en souriant, ils écoutent certaines choses en commun. D'autres ne lui disent rien du tout. Et puis il tique. Il reconnait des chansons à eux, et son sourire se fait rayonnant. Il se redresse et commence à chanter des paroles de certaines de leurs chansons, un immense sourire aux lèvres. Tu nous as dans ta playlist! Il s'en amuse beaucoup, et en réalité ça le touche bien plus qu'il ne le laisse paraître. Son sourire s'agrandit encore. Je peux t'en jouer une au piano si tu veux! Il propose, son sourire immense.
Bien que distante, autant que possible avec un maximum du monde, depuis plusieurs années déjà, Lya espérait toujours le mieux pour les autres. Cela lui semblait normal, même naturel. L’homme devant elle semblait très gentil accueillant, et ce, malgré son comportement vis-à-vis de lui. Impossible donc de ne pas lui souhaiter de réaliser ses projets autant que possible. Ce qui semble beaucoup lui faire plaisir et le sourire chaleureux qu’il lui fait en est là pour lui faire comprendre. Malgré sa mauvaise humeur, le plus grand avait réussi à la faire revenir à la normale, mais en plus, elle se sentait doucement plus à l’aise, ils s’entendaient même vraiment bien. Ainsi donc, de par son tempérament et sa gentillesse, Drew avait détendu la bête sauvage qu’il avait laissé entrer dans son charmant petit appartement. Et celle-ci, sans s’en rendre compte lui rend alors son sourire. Légèrement, mais c’était là.
Plus que de lui offrir un de ses rares sourires, la demoiselle aux cheveux argentés lui avait également tendu son téléphone sans crainte ni même réfléchir. Au-delà de la valeur pécuniaire de l'appareil, l’objet lui était aussi précieux que sa baguette magique, aussi utile et indispensable pour s’organiser. Mais surtout le fameux pendentif avec des plumes qui y étaient accrochées. Ce dernier avait une valeur sentimentale très importante pour elle, malgré la fragilité de l’objet, à savoir des petites plumes grises et brunes, elle ne gardait en très bon état ce qui n’était pas si simple. Et si la jeune sorcière avait tendu son smartphone si facilement, cela voulait bel et bien dire qu’elle était bien loin de son état d’esprit initial et qu’elle appréciait son hôte.
Le poufsouffle lui fait d’ailleurs remarquer que l’accessoire pourrait attirer un chat, s’il en avait un chez lui. La maledictus tressaille légèrement à cette réflexion, qui en soi était tout à fait véridique, un petit félin aurait certainement pris plaisir à jouer avec ce genre d’accessoire. C’était assez amusant qu’il fasse une telle remarque, ne sachant pas qu’il en avait, techniquement, un gros devant lui. Enfin, moins pour Lya, heureusement qu’il ne pouvait pas lire dans ses pensées à ce moment-là ! Elle n’ose pas répondre à sa réflexion, de toute façon elle ne serait pas quoi lui dire sans que son visage ou sa voix ne trahissent quelque chose.
Mais combien même elle saurait quoi dire sans paraître plus suspecte qu’elle ne devait déjà l’être, elle n’en a pas le temps. Après un coup d’œil à sa playlist, le sorcier lui fait une révélation parfaitement inattendue. Parmi les diverses chansons qui la composaient, il s'avérait qu’elle possédait plusieurs musiques du groupe de son très cher voisin. Son cerveau semble s’arrêter pendant un instant… Elle avait de musique de son groupe ? Elle regarde en clignant des yeux, surprise. Impossible de douter, il venait de lui en faire la démonstration, en direct, il lui avait chanté une partie de l’une de ses chansons préférées.
En résumé, la petite étudiante venait de découvrir qu’en plus de vivre à deux pas d’un artiste dont elle admire le travail, elle l’avait agressé, fait une proposition salace accidentellement, puis s’était incrusté chez lui. Comment se sentir plus con ? Hmm ah, oui, elle ne l’avait même pas reconnu. Alors que son visage, plus précisément ses joues reprennent quelques couleurs, elle passe une main dans ses cheveux pour les repousser en arrière. Un peu pour se ressaisir et se donner contenance.
« Je comprends mieux maintenant pourquoi j’avais l’impression de t’avoir déjà vu. J’étais bien à côté de la plaque. Dire que j’écoute un bon paquet de vos chansons et je ne t’ai même pas reconnu, je me sens un peu bête. »
Elle dit ça avec un léger et court rire gêné. Heureusement, Drew ne semble pas lui en tenir rigueur, déjà qu’elle avait envie de s’enterrer à six pieds sous terre. Quand il lui propose de lui jouer un peu de musique au piano, elle hoche la tête et son regard s’illumine.
« Ca me ferait vraiment plaisir, si ça ne t’embête pas bien sûr. »
Même si le musicien sourit, semble plutôt amusé et que ce soit lui qui le propose, elle préfère tout de même demander. Après tout, il lui avait quand même déjà proposé le café, le petit déjeuner, elle avait un peu peur d’en demander trop et d’exagérer. Mais aucun doute, écouter l’Américain jouer l'une de leur musique lui ferait vraiment plaisir.
“On fait beaucoup de bruit pour obtenir le silence.”
Il a proposé et elle a accepté. Voilà que Drew se lève rapidement, un grand sourire prenant une place de choix sur ses lèvres qui s'étirent sans grand mal. Il range rapidement tout ce qui est périssable, au frigo principalement, puis fiche toute la vaisselle sale dans l'évier pour la laver plus tard" Ou demander à la magie de la laver. À voir. Ou alors ce sera Killian qui s'en occupera, Drew verra bien avec le temps, pour le moment il a bien mieux à faire. Lya a accepté qu'il lui joue un morceau au piano, et le musicien ne va pas se faire prier. Donc il range ce qu'il y a à ranger, fourre dans l'évier ce qui y a sa place, et file dans le salon pour tirer la banquette qui fait face à l'instrument, avant de poser son popotin sur le coussin. Il se craque les doigts rapidement, par habitude plus que par gêne, et le voilà qui réfléchir à quelle chanson il pourrait facilement lui faire en solo au piano, pour lui donner une chouette expérience. La seule qui lui vient en tête pour le moment reste This is Gospel. Il lui jouera de la guitare un autre jour pour une autre chanson, genre Hallelujah. Mais pas là. Ils auront tout le temps, elle habite en face.
Drew pose donc ses mains sur les touches et commence à jouer les accords du début, les répétant plusieurs fois pour se refaire au rythme, aux touches, et toutes ces choses qu'il n'a plus vraiment expérimenté depuis quelques temps. La dernière fois qu'il a joué du piano, c'était dans un bar et il y a rencontré Corwin. Enfin, là n'est pas le propos. Il enchaine donc les notes et les accords, avant de commencer à chanter en souriant. On peut entendre le sourire dans sa voix, il est guilleret, heureux et content de sa soirée de la veille, de sa nuit, et de sa journée. Il est content mais la chanson ne s'y prête pas vraiment, alors il se concentre et essaie de donner le meilleur de lui-même pour faire plaisir à Lya. Il s'applique, s'amuse, teste des choses et pousse un peu sa voix. Il a chanté la veille et est donc un peu échauffé, il peut se permettre d'essayer de faire le show, juste un peu. Pour une fan! Elle a presque toutes leurs chansons disponibles, dans son téléphone. Alors il fait l'effort. Puis, quand il a fini, il se lance dans les accords d'une chanson d'un autre groupe qu'il a vu dans la liste et qu'il aime aussi, chantant une seconde chanson juste pour le plaisir. Le sien d'abord, puis celui de Lya, il l'espère en tout cas. Quand il termine, il se tourne vers elle avec un immense sourire qui fend son visage, tout fier et attendant de voir enfin sa réaction à elle.
Même si la proposition venait du plus grand des deux sorciers, la demoiselle avait encore une fois précisé qu’elle ne voulait pas l’obliger. Cependant, il ne serait pas vraiment difficile de comprendre que ça lui fait autant plaisir qu’à elle. Bien qu’elle ne le montre pas autant que lui, intérieurement, elle était vraiment très heureuse qu’il lui fasse une telle proposition. Après tout, il était l’un des artistes, auteurs et compositeurs qu’elle admirait depuis un moment. Qui ne serait pas heureux à sa place ? Mais pourtant, pour ce genre de chose, elle n’avait jamais été très démonstrative, malheureusement. Ou du moins le pense-t-elle.
Quand Drew se lève pour débarrasser les denrées périssables et la vaisselle, elle se lève pour venir l’aider, timidement, mais tout de même, ça lui semblait la moindre des choses. Elle aurait également bien lancé un sortilège pour que la vaisselle se fasse seule, si elle avait eu le courage de demander la permission. De toute façon, l’homme s’installe bien vite devant l’instrument majestueux qui trône dans son salon.
Sans se faire prier, Lya approche pour écouter, mais aussi l’observer, le voir faire. Les yeux et les oreilles prêts, elle le regarde craquer ses doigts avant de les faire parcourir sur le clavier noir et blanc, faisant retentir les notes dans la pièce, provoquant un léger frisson chez la maledictus qui a une affinité particulière avec son sens de l'ouïe qui est sensible, au même titre que celui de l’odorat. Après un petit échauffement, il se lance et commence une première musique qui fait raisonner le cœur de la Canadienne. Les paroles, et la mélodie font écho en elle, frappant à des points si sensibles, réveillant une vague de sentiments qui pourrait bien vite la submerger. Surtout a cette triste période de l’année qui lui rappelle que le temps passe, inéluctablement. Mais, étrangement, ce n’est pas le cas. Le sourire qu’on entend dans la voix du chanteur, sa bonne humeur, cette façon de donner le meilleur de lui est bien trop communicatif. Sans compter sa propre joie d’avoir la chance de voir une personne qu’elle admire jouer pour elle. La bonne humeur et la joie prennent le dessus sur tout ce qui aurait pu être négatif.
Appuyée contre le dos du canapé, la demoiselle n’a pas bougé d’un pour captiver par le show que lui offre son voisin de palier. Seules ses lèvres bougent légèrement. Elles suivent les paroles que l’étudiante ne connaît que trop, comme si la plus petite était sur le point de chanter avec le poufsouffle. Bien évidemment, elle ne fit rien, elle ne s’est même pas rendu de ce détail. Quand le musicien continue sur une autre chanson d’un autre groupe, plus entraînant, elle ne se rendra pas non plus compte que sa tête et sa jambe bougent en rythme.
Quand il se tourne enfin vers elle, son visage affichera une autre réaction inconsciente, un vrai et franc sourire est dessiné sur ses lèvres. Pas à demi-caché, ni en coin, un sourire réel et sincère. Son expression montre clairement qu’elle a adoré. En plus de ce sourire qu’elle affiche si rarement ainsi que son regard émerveillé, elle se met à l’applaudir de bon cœur. Après quoi, elle lui dit, toujours aussi enjouée et sincère.
« Je crois que les enregistrements vont me sembler bien fades maintenant. Tu es vraiment très doué, et je doute qu’un appareil puisse un jour retranscrire ce que je viens d’entendre. »
Elle se rendre compte de ses paroles et son expression et semble gênée. L’une de ses mains se glisse dans ses cheveux argentés qu’elle fait mine de remettre en place pour se donner la contenance tandis qu’elle essaye de retrouver son air neutre habituel.
« E-enfin euhm… c’est vraiment génial, je veux dire… je ne sais pas comment te remercier… c’était super… merci beaucoup… »
“On fait beaucoup de bruit pour obtenir le silence.”
Les notes retombent finalement. Le silence reprend, et il peut entendre son colocataire remuer dans sa chambre. Et... Grogner? Ca n'étonne Drew qu'à moitié. Killian n'a jamais vraiment aimé le bruit, encore moins lorsque son appartement est envahi par un ou une inconnu.e. De toute façon, Drew n'a jamais vraiment été très prévenant, ni respectueux de la règle du "personne d'autre à la maison". Sa faute surement, mais Drew a toujours été très sociable, et Killian a du faire avec. Jesus, Swann, et maintenant Lya. Autant de gens qui n'auraient pas du voir l'intérieur de l'appartement, et encore moins y rester. Mais dans tous les cas c'était trop tard. Et depuis quelques temps déjà, les relations entre les deux amis d'enfance se dégradent. Drew n'a, fort heureusement, pas vraiment le temps de penser à tout ceci. Son invitée et voisine l'applaudit. Il sourit de contentement en voyant son sourire à elle, immense et franc. Ca a quelque chose de flatteur, bien plus que les applaudissements. Créer le bonheur, une joie sans concessions, sur le visage de quelqu'un qui d'ordinaire ne montre pas vraiment ce genre d'émotion. Et le compliment arrive, il frappe Drew de plein fouet. Ce dernier ne peut s'empêcher de rougir, en réalité. Il rosit, ses joues prenant cette teinte caractéristique d'une légère gêne flatteuse. Son sourire s'agrandit à son tour, et il se passe une main dans les cheveux en riant légèrement, essayant de reprendre contenance face à quelqu'un qui l'a à demi agressé quelques minutes plus tot. Pas que ça ne soit pas oublié, mais il faut dire que ça n'est pas habituel, comme déroulement des choses. Loin d'être commun. Il la remercie en souriant, toujours un peu gêné mais bon, ça lui fait vraiment plaisir, au fond. Et finalement, les deux jeunes gens passent encore du temps ensemble. L'un à jouer, tantôt du piano, tantôt un peu de guitare, juste une demie-heure de plus. Juste le temps de fêter cette découverte, le temps que Drew a envie de jouer et chanter. Et finalement, la petite Poufsouffle rentre chez elle, juste de l'autre côté du couloir. Moins énervée, requinquée d'un café, et d'un mini concert privé, juste pour elle.
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