La parole permet d'établir une relation, mais les gestes la forge feat. Hyacinthe McDougall

L’emploi du temps de Hyacinthe était relativement chargé, entre ses cours, ses heures de travail à la bibliothèque et les quelques élèves de premières année qu’il aidait pour les cours, il avait peu de temps pour lui. Au fond, ce n’était peut-être pas si mal. ça l’aidait à avoir l’esprit toujours occupé. Au moins, il ne réfléchissait pas trop à ses dernières déconvenues amoureuses. C’était pas si mal. Même si bon, on avait vu plus sain comme méthode pour faire le deuil d’une relation impossible… Seulement, il n’avait pas trouvé plus efficace. Et puis, quand il était vraiment très fatigué, ça avait aussi l’avantage de neutraliser son don de voyance. Souvent.

Enfin, là, il avait un peu de temps, il allait pouvoir se reposer, et peut-être reprendre ce cours qui lui avait semblé un peu complexe. Il visait d’excellents résultats pour qu’on lui confie plus de responsabilités pendant ses stages. On le trouvait toujours un peu discret, mais au moins, on ne déniait pas son discernement et ses capacités. C’était une pression supplémentaire qu’il se mettait, mais… Il voulait rendre ses proches fiers, et être fier aussi de sa propre réussite. Il était un peu comme ces enfants qui se disent dans leur tête : “si j’arrive à faire ça, on m’aimera plus”, c’était le même fonctionnement : “si j’arrive à être premier, on finira peut-être pas me remarquer”. C’était sans doute un peu simpliste comme raisonnement. Mais… Il était comme ça.

Il fit un petit détour par la cafétéria, ça faisait longtemps qu’il n’avait pas offert quelques douceurs à sa colocataire. Il prit aussi des chocolats chauds, parce que par cette saison, c’était un must-have ! Et puis, il n’avait pas beaucoup pris de temps pour parler avec elle ces derniers temps. Même s’il n’était pas très doué, lui, pour parler, il aimait écouter sa colocatrice. Elle était souvent pétillante, et sa bonne humeur était contagieuse.

Hyacinthe poussa la porte, et fit se poser les deux gobelets de chocolat chaud sur son bureau et… n’arriva pas à retenir la porte qui claqua à demi. Oups. Il jeta un regard désolé à sa colocataire qui avait été surprise. Il lui sourit désolé.

“S...S...Salut ! ça...ça va bien et… Et toi ? Je… Je t’ai pas réveillé au moins ? Je… Je voulais pas faire autant de bruit… Désolé !”

Il alla poser son sac en papier sur son bureau, histoire de ne pas abîmer leurs pâtisseries.

“Je...Je suis passé par la cafétéria pour nous prendre de quoi grignoter… Et nous réchauffer !”

Il ôta son manteau et ses chaussures, puis apporta le gobelet à Cerri. Il lui sourit.

“Tu révisais ? Tu… Tu veux peut-être continuer à travailler ? Y’a… des pâtisseries aussi si tu veux…”

Il alla déballer le sac qu’il avait prit et lui tendit la boîte pour qu’elle choisisse ce qui lui plaisait.

Absorbé par la lecture de mon livre, je sursautais en entendant la porte de la chambre claqué et je croisais le regard désolé de Hyacinthe. Je souriais légèrement pour lui indiquer que ce n'était pas grave avant de refermer mon livre et de le poser sur mon lit. Je saluais alors le jeune homme tout en lui demandant si, il allait bien. “S...S...Salut ! ça...ça va bien et… Et toi ? Je… Je t’ai pas réveillé au moins ? Je… Je voulais pas faire autant de bruit… Désolé !” Je m'étirais légèrement avant de m'asseoir sur le bord de mon lit.

-"Oui ça va ! Non ne t'inquiète pas, je ne dormais pas...J'étais plongé dans la lecture d'un livre."

Je le regardais poser un petit sachet en papier et je constatais que nous avions eu la même idée. Il avait bien longtemps qu'on avait pas eu l'occasion de passer un peu de temps ensemble, il fallait dire que mon emploi du temps était plutôt chargé et il me semblait bien que celui de Hyacinthe aussi. “Je...Je suis passé par la cafétéria pour nous prendre de quoi grignoter… Et nous réchauffer !” Je souriais une nouvelle fois avant de pointer du doigts les confiseries que j'avais également ramené de la cafétéria. Au moins, nous n'allions pas mourir de faim. Je glissais mes doigts autour du gobelet que le jeune homme m'apportait et j'humais l'odeur du chocolat chaud. C'était une odeur très réconfortante et bienvenue en cette période hivernale. “Tu révisais ? Tu… Tu veux peut-être continuer à travailler ? Y’a… des pâtisseries aussi si tu veux…” Je jetais un rapide coup d’œil à mon livre qui trônait tranquillement sur mon lit.

-"J'ai suffisamment travaillé pour aujourd'hui...Il est temps de prendre du bon temps ! Et quoi de mieux qu'un bon chocolat chaud !" Je lui souriais pour le remercier tandis qu'il venait me tendre une boite remplit de pâtisserie en tout genre. Je jetais mon dévolue sur un éclair au chocolat et je croquais rapidement dedans. Ce n'était vraiment pas une bonne idée pour le régime, mais vu que je n'étais pas au régime, je pouvais me le permettre. Bien entendu après ça, il était hors de question de tenter de voler sur son balai au risque de s'écraser au sol.

-"Ta journée s'est bien passé au faites ? Comme je ne t'ai pas vu dans les couloirs..." Il était rare qu'on arrive à se croiser, mais de temps en temps ça arrivé. Bien entendu, on prenait jamais le temps de parler lorsqu'on se croisait ainsi, il fallait dire que j'étais souvent pressé ou alors en compagnie d'un autre élève qui avait besoin d'aide. Etant préfète de Poufsouffle, je me devais d'aider les autres Poufsouffles dans leur différentes quêtes.

Tant mieux s’il n’avait pas interrompu quelque chose de trop important pour le travail de sa colocataire. Il veillait à être le plus discret possible. Il ne voulait pas qu’elle regrette de partager un bout de quotidien avec lui. Et puis, il aimait bien Cerri. Elle était brillante, et sociable, elle avait bien plus de rayonnement que lui. Elle était solaire. Il était plutôt complémentaire. Elle, solaire, lui, lunaire.

“J’é… J’étais s...sûr que le cho...chocolat chaud ferait son effet !”

Il eut un sourire content. Il avait visé juste ! Il commençait à la connaître un peu. C’était un bon signe. Il ne devait pas être un trop mauvais colocataire .Il alla s’asseoir par terre, non loin du lit de Cerri. Il n’aimait pas trop s’installer sur les lits des autres. C’était un endroit un peu privé selon lui. Et puis, il aimait bien se mettre en tailleur, en dessous de Cerri, ça éviter de faire une tête de plus qu’elle. Parfois, c’était pesant d’être plus grand que tout le monde. Surtout quand on est un grand timide. Il piocha lui même un beignet à la pomme et croqua dedans avec gourmandise.

“O...Oui ! Un… Un peu chargée… J’avais des cours importants… Et...Et puis a… avec la bi...bi...bibliothèque, ça me demande du temps !” dit-il doucement avec un sourire. “Mais… Mais on… on est content de moi !”

Et quelque part, ça l’aidait à avancer doucement, à prendre un peu plus confiance en lui. C’était une cheminement lent, mais les encouragements des bibliothécaires s’ajoutaient à ceux de ses maîtres de stage à Ste Mangouste. A ceux de son frère.

“Et toi ? Ce… Ce n’est pas… pas trop dur en ce moment ? Entre… les… les cours ? Et… Et ton rôle de préfète ?.... Et… Et le reste ?”

C’était peut-être la première fois que le blond évoquait… Le reste. Les amours, les amants, c’était le sous-texte qu’il fallait lire. Il avait un peu rougi en disant ça. Peut-être qu’il avait un peu envie de savoir comment les autres gèrent ça. Parce que pour lui… Ces échecs se suivaient avec un panache sans limite.