Requiem for a Love [Ft. Keyser] /!\ triggring : violence

Les pages de ton carnet à croquis jonchent le sol en plusieurs morceaux. Tu les as arraché une a une. Tu les as déchirés avec une telle rage que celles-ci ne ressemblent plus à rien d'autres qu'à des confettis. Depuis ta dernière conversation avec Drew, dans laquelle des paroles ont été échangées. Cette conversation qui a sonné le glas de votre amitié. Depuis ce ce moment là, tu ne cesse de ressasser tes pensées. Depuis ce jour, tu es en proie à une rage qui ne veut pas s'arrêter.

La main du Majordome garde sur le haut de sa main, la les traces des dents de la fourchette que tu lui a planté d'un coup sec lors d'un récent repas. Il avait juste voulu servir un des plats. Une remarque de l'une de tes soeurs au sujet de tes études et le coup était parti tout seul. Sa main était au mauvais endroit au mauvais moment. Toujours silencieux, il avait continué à te servir comme si de rien n'était et était reparti vaquer à ces occupations comme si cet incident n'avait jamais eu lieu. Dans son regard tu pouvais lire un "Ce n'est rien". Tu connais le Majordome depuis ton enfance. Il est une des personnes qui fait parti de ton monde.

Tu avais essayé de voir si l'herbe était plus verte ailleurs. De vivre la vie des sorciers et sorcières de ton âge. Mais tu n'es pas comme eux. Tu ne l'as jamais été et ne le seras jamais. À l'aide d'un sort de feu, tu brûles le reste de ton carnet à croquis. Ne reste que des cendres. Allégorie de ton propre coeur. Tu avais cru pendant ces derniers mois à l'amitié. Tu avais cru à l'amour. Tout ça ce n'est pas pour toi. Ces derniers temps tu t'étais affaiblis par ces bons sentiments. Au point où, tu passais moins souvent à la boutique de Keyser.

Keyser, ton Mentor. Ton modèle. Une sorcière qui fait parti de ton monde. Tu regardes le paquet cadeau. Tu as prévu de lui offrir une broche. Habillée d'une robe noir, et d'un long manteau assorti, la mine triste tu transplanes jusqu'à Londres. Tu n'as pas voulu prendre l'armoire à disparaître. Tu as traversé l'Allée des Embrumes. Cette Allée que tu as souvent emprunté.

Tu rentres dans la boutique de ton Mentor. Celle-ci est sous polynectar. Quelques clients sont présents. Tu te rapproches du comptoir et demande doucement.

- Bonjour Madame. Auriez-vous du venin d'Acromentule, je vous prie ?

Bien sûr, toutes les deux vous savez que cette demande n'est qu'un prétexte pour vous retrouver à l'arrière boutique dans la réserve. Pour ne pas griller sa couverture.  

- Oui bien sûr madame.

Keyser joue le jeu et te demande de l'aider. Tout sourire tu lui répond en continuant de jouer la comédie. Une fois seule et loin des oreilles et des regards indiscrets dans l'arrière boutique, nul besoin de jouer un rôle.

Quand ton mentor te dis que ça fait longtemps qu'elle ne t'a pas vu, tu culpabilises. Elle te demande comment tu vas. Tu es tentée de lui dire que tu vas bien. Mais tu ne tromperais personne. Surtout pas elle qui te connais bien.

- Je voulais t'offrir ce présent dans un premier temps.

Tu sors le cadeau de ta poche et le lui tend. Tu as préféré le faire avant d'entamer le sujet du pourquoi tu es là. Tu respires un bon coup et tu te lances.

- Ça ne va pas. J'ai faibli. Je...

Tu te sens honteuse vis à vis des tiens. Les Deathwings. Tu t'es laissée adoucir et ça ne te va pas du tout.

- Je suis tombée amoureuse. D'un garçon rencontré à l'université. Le seul qui avec qui je pouvait passer du temps en dehors de mon frère. C'est pathétique n'est-ce pas ?

Et encore, Benjamin ne pouvait pas être avec toi autant que tu le voulais avec son travail de professeur.

- J'ai cru en notre amour. Il était si gentil avec moi... Et quand je lui ai avoué... Il m'a brisé le coeur.

Dans les faits ses sentiments pour toi n'étaient surtout pas réciproques aux tiens. Il t'aimais bien. Depuis il ne reste plus rien. Qu'une grande rancoeur. Toutes les marques d'affection, qu'il avait à ton égard, tu croyais sincèrement qu'il s'agissait d'amour. Tu es tombée de très haut et tu t'es bien crashée au sol. De rage, ton poing se serre. Tes ongles s'enfoncent dans ta paume.

- J'ai décidé d'arrêter mes études. La vie à l'université n'est pas pour moi. Je ne ferais jamais parti de leur monde. J'ai été si idiote de l'espérer.

Espérer avoir une vie normale. Sortir, avoir des amis, un chéri. Vivre libre. Tu voulais connaître ces choses que tu ne connais que par les conversations que tu as pu entendre et au travers de tes lectures. Tu espérais être autre chose que cette fille creepy solitaire. Mais on ne peut changer son destin. Ton regard se pose sur les deux serpents de ton mentor en train de dévorer la nourriture qu'elle leur a donné. Tu les aimes bien.

- Je souhaite retrouver la place que je n'aurais jamais dû quitter. Ce pour quoi je suis faite.

Être DeathWing à temps complet et servir à nouveau la cause comme il se doit. Et surtout tu ne veux plus te laisser attendrir de nouveau. Oh ça tu ne le seras plus jamais.

- Si je dois être châtiée pour ma faiblesse, qu'il en soit ainsi.

Un prix bien raisonnable comparé à ce que tu ressens à ton propre égard. Mais c'est à ton mentor de décider ce qu'elle fera.  

L'Amour, ce sentiment qui n'est rien d'autre qu'un poison. Un venin qui rend faible quand il s'insuffle dans les veines. Tu as un air surprise quand tu apprends que ton mentor avait aussi été piégée par ce sentiment. Encore un point commun.

- C'est lui qui aurait dû se sentir sale et détraqué.

Comment pouvait-on avoir honte d'une sorcière comme ton mentor ? C'est incompréhensible à tes yeux. Tu idéalises ton modèle.

Après un instant de silence, Keyser te demande si tu es vraiment certaine de vouloir arrêter tes études à l'université. Quand tu l'entend se dénigrer ton regard s'assombrit.

- Si je pouvais arriver, ne serait qu'à un dixième de ta cheville, alors je pourrais m'estimer heureuse.

Keyser est à tes yeux un modèle à suivre. Un exemple. Tu fais parties de celles qui lui font preuve de la plus grande des loyauté. Au point de lui avouer tes propres failles et tes propres faiblesses. Tu réponds finalement à sa question.

- Je suis certaine de vouloir arrêter afin de me consacrer à ma véritable mission. L'avantage du domaine pour lequel j'ai voulu me lancer est celui de ne pas avoir besoin de faire spécialement des études universitaires.

Quand le monde magique sera purifié de toutes ses impuretés, tu auras toutes les occasions de vaquer à tes talents de créatrice et de couturière. Mais chaque chose en son temps. Participer à la naissance d'un monde meilleur est la mission qui doit être prioritaire.

- Et toutes ces fois où j'ai voulu les faire souffrir. Tous ces êtres misérables. Tous ceux qui se sont moqués de notre cause.

Des conversations d'étudiants entendues par ci par là. Tu aurais bien voulu leur faire ravaler leurs mots et leurs sourires de la manière fortes, mais là-bas, tu ne pouvais pas employer la magie noire comme tu l'aurais voulu. Alors tu as rongé ton frein.

- Ils le payeront un jour...

Tu replonges dans le silence et attend patiemment le châtiment que pourrait t'infliger ton mentor. La rédemption par la douleur. Tu ne veux pas de traitements de faveurs. Parce que cela ne t'aideras pas à déculpabiliser. Il n'y a qu'en souffrant physiquement que tes fautes pourront être expiées.

Tu souris quand ton mentor, te dis que vous préparer un monde fantastique. Un monde plus pur. Tu ne seras peut être plus là pour le voir. Si on te demandait de mourir pour votre cause, tu le ferais. Sans aucune hésitation. Ton mentor te demande si tu vas participer au Bal de la Charité qui aura lieu en janvier.

- Oui. Cette fois-je ne compte pas être mise de côté dans nos actions. Même si je dois t'avouer que l'idée de ce bal me donne envie de gerber.

Tu ne connais pas les plans de vos supérieurs, tu le connaitra en temps et en heure. Mais tu y seras. Parce que tu ne veux plus être mise sur le banc de touche. Déjà que tu n'avais pas pu participer à l'Attaque de Poudlard à ton grand regret. Cette fois, personne, pas même ton père ne pourras t'empêcher d'agir pour votre cause.

- Et toi y seras-tu ?

Tu lui poses la question en retour. Ce serait un grand honneur pour toi, d'être à ses côtés. L'effet du polynectar de ton mentor avait commencé à disparaître quelques instants avant qu'elle te pose la question au sujet de ta présence au Bal. Une digne sorcière, telle que ton mentor, ne devrait pas être obligée de vivre sous l'apparence d'une autre. Malheureusement, en raison des circonstances, elle ne le peut pas. Pas encore.

- Bientôt, tu ne seras plus obligée de te cacher.

Quand le monde sera devenu fantastique, elle pourra se révéler sous son vrai jour. Il te tarde que ce moment arrive. Ton mentor s'approche de toi, elle prend tes cheveux et les soulève. Tu restes immobile, silencieuse quelques instants.

Tu n'as besoin de personne pour briller.

Les paroles de ton mentor, s'insuffle dans ton esprit. Et dire que tu t'étais laissée avoir par ton coeur. Tu avais voulu découvrir ce qu'était l'amitié et l'amour. Ces sentiments ne sont pas pour toi.

- Plus jamais je ne me laisserais avoir... Plus jamais, je ne me laisserais tentée par un autre chemin.

Plus jamais, tu ne te détourneras de ta destinée. Là où beaucoup aurait frissonner de peur au contact si proche de ton mentor, toi tu ne bouges toujours pas et attend la suite des événements.

Tu es enchantée à l'idée que ton mentor soit présente au gala. Tu acquiesces en hochant la tête de haut en bas quand elle t'annonce que tu la reconnaîtra. Tu fais partie des privilégiées qui peuvent la reconnaître alors qu'elle est sous polynectar. Bientôt viendra le moment où elle n'aura plus besoin de se cacher. Bientôt le monde sera meilleur. Selon ta vision de la justice et de tes convictions.

- Est-ce que tu voudrais que je te fasse une robe pour la soirée ?

Que tu lui proposes en souriant. Ce serait un véritable honneur pour toi. Pouvoir créer une tenue pour la grande et admirable sorcière qu'elle est. Tu serais si fière.

Tu fermes les yeux à sa remarque. Toi aussi, tu espères que tu ne tomberas plus dans le piège. En tout cas, tu feras tout pour ne plus te laisser tenter. Seule ta mission compte. Rien ni personne ne doit se mettre sur votre chemin. Tu as faibli une fois. Tu ne comptes pas te laisser avoir une seconde fois. Plus jamais.

Ton mentor t'annonce ce que tu devras faire. Tu l'écoute avec une grande attention. Une sorte de douce vengeance. Sur le coup tu n'as pas d'idées de comment la réaliser et ta joueuse est au même stade, mais tu as tout le temps d'y réfléchir.

- La vengeance est un plat qui se mange froid. Le mien sera glacial...

Que tu annonces avec froideur. Le regard remplit d'une lueur que ton mentor connaît bien. Puisque, tu as souvent vu la même dans le sien. Un sourire sardonique s'affiche sur ton visage de poupée. Tu regardes avec une grande fascination les deux serpents dans leur terrariums. L'un des deux chasse sa nourriture. Dans quelques secondes, la proie vivante, mise en pâture, ne le sera plus. Quand la morsure du serpent aura agit sur son organisme. Tout n'est qu'une question de temps.

Ton regard brille d'une certaine fierté quand ton mentor accepte de porter l'une de tes créations. C'est un véritable honneur pour toi. Tu ne doutes pas une seule seconde qu'elle trouvera la bonne personne pour son dessein. Tu as pleinement confiance aux capacités de la femme qui se tient à tes côtés. Elle a beau ne plus avoir sa véritable baguette, elle a de nombreuses ressources.

Tu as tout ton temps en ce qui concerne ta vengeance. Pas de limites imparties. Pas de deadline. Quand viendra le moment, tu sauras quoi faire. Tu lances un sourire entendu à ton mentor. Vous êtes sur la même longueur d'ondes. Vous n'avez pas forcément besoin de mots pour vous comprendre.

Le sujet dérive sur les serpents de ton modèle. Sublimes et dangereuses créatures. Tu les regardes avec une grande admiration. Tu aimerais bien en avoir, peut-être devrais tu songer à en demander en guise de cadeau à tes parents.

- Oh que oui. Ils sont si fascinants...

Tu souris en coin, lorsque elle émet l'idée de les emmener avec elle quand elle sort. Il vient à la plus jeune une suggestion.

- Ce serait un danger pour eux. Ces monstres contre qui nous luttons n'auront aucun scrupules pour les blesser ou pire encore.

Ton mentor en aurait le coeur brisé et ça tu ne le supporterais pas. Tu sais à quel point elle tient à eux. Tu poursuis sur ta lancé.

- Mais si nous pouvons récupérer leur venin, pour par exemple y tremper la lame de nos couteau, cela pourrait rajouter une saveur particulière lorsque nous réglons le compte de nos ennemis.

Tu ne dis rien de plus et laisses ton mentor réfléchir à la question. Le temps est passé à une allure folle. Bien trop vite.

- Nous devrions y aller. Une si longue absence pourrait créer une méfiance inutile, auprès de ta clientèle.

Tu laisses ton mentor reprendre une dose de Polynectar pour retrouver l'apparence de la vieille femme. Tu tiens dans ta main, une fiole de venin d'accromantule. Puisque c'était ton excuse pour venir dans l'arrière boutique. Tu aides la vieille femme à se déplacer. Arrivés au comptoir, tu règles la note comme une cliente tout à fait ordinaire.

- Merci bien madame. Bonne journée.

Tu quittes les lieux, un sourire s'affiche sur ton visage.