Once bitten, twice shy

Sujet: Once bitten, twice shy Ven 17 Mai - 23:26

Once bitten, twice shy

Nathanael & Noah

Tuesday, May 21st

Le temps est long.
Allongé au milieu des bosquets fruitiers d'une des serres, Noah ne se prive pas de grignoter quelques fraises cueillies à même les buissons. Elles sont aussi bonnes que celle qu'il a goûtée ce matin sur les plants de ses filles. Elles ont fait du bon travail, se dit-il en savourant le goût sucré qui lui glisse sur la langue. Elles lui manquent, aussi. Beaucoup. Ça fait dix jours maintenant qu'il les a rendues à leur mère, et c'est avec impatience qu'il attend le week-end suivant où il pourra enfin les voir.
Vendredi soir. Autant vous dire qu'il compte les jours, le bonhomme. C'est difficile pour lui, mine de rien, de vivre en les voyant aussi peu. Même s'il supporte très bien la solitude, il n'a jamais été du genre solitaire. Et s'éloigner des deux petites filles est un déchirement à chaque fois, au point qu'il se demande parfois si le divorce avait été le meilleur choix à faire. Bien sûr que c'est le cas, il le sait. Mais le prix à payer pour ce choix lui paraît parfois bien trop lourd.
Le calme de la serre est bientôt rompu par des conversations qui, si elles ont au départ discrètes, gagnent progressivement en intensité. Les étudiants en première année de médicomagie sont arrivés pour le dernier cours de la journée. Un cours double, pour la plus grande joie de ces derniers. Et pour aujourd'hui, Noah leur a préparé quelque chose de plus poussé que ce qu'ils ont abordés jusqu'ici. Il faut dire que cette formation est l'une de celles pour laquelle la botanique a le plus d'importance, et il est obligé de travailler en suivant plus ou moins la progression de ses collègues de potions.
Et puis, les examens approchent pour eux aussi. La fin d'année apporte son lot de contrôles pratiques et théoriques, certains ayant déjà commencé dans certaines formations.
Aujourd'hui, au programme : les plantes indispensables à la fabrication du Pouss'os, un indispensable dans le quotidien d'un médicomage mais particulièrement délicat à préparer. Et les plantes qui entre dans sa composition ne sont pour la plupart pas des plus simples d'entretien.
L'Alaskien se redresse d'un bond et sort de son bosquet, contourne un grand chêne autour duquel il a organisé cette serre et rejoint le groupe qui l'attend.
C'est parti.
Il ne faut pas longtemps pour que les étudiants mettent leurs gants en peau de dragon. En voici bientôt un qui crie, l'index entièrement enfoncée dans un Chou Mordeur un peu trop enthousiate. Heureusement, plus de peur que de mal, mais il faut quand même que le botaniste intervienne pour libérer la main avant que la plante n'attrape le gant et tente d'en faire son goûter.
C'est qu'il s'agit de ne pas abîmer les précieux choux qui n'arriveront à maturité qu'à la fin de l'automne. La plupart sont encore de petite taille, et il faut veiller à ce qu'ils poussent correctement. Cueillis à la pleine lune du mois de novembre, explique Noah, ils pourront donner le meilleur de leur magie et se conserveront pendant tout l'hiver si on les stocke correctement. Mais avant cela, il faut ôter les chenilles à la main. Ces dernières sont en effet particulièrement friandes des jeunes feuilles tendres des Choux Mordeurs et s'en donnent à coeur joie.
C'est épuisés par le jonglage entre les petites bêtes nuisibles qu'on place dans un seau – Noah leur montrera les miracles que ces petites bêtes peuvent produire sur d'autres espèces végétales – et les dents de choux bien trop contents d'avoir tous ces doigts à attaquer que les étudiants peuvent enfin s'asseoir pour finir le cours par un peu de théorie. Il ne faut pas longtemps à l'américain pour obtenir silence et attention, malgré son manque flagrant d'autorité ; happé par ses talents de conteur, les jeunes l'écoutent parler de cette espèce bien particulière de chou, qui n'est absolument pas comestible et qui, dans des conditions particulièrement favorables, peut atteindre des tailles assez inquiétante pour les animaux de compagnie en tous genres. Il ponctue le tout d'une petite anecdote drôle dont on ne saura pas si elle est vraie ou non, s'assure de la compréhension de tous avant de poursuivre les explications sur les propriétés et l'entretien de ces voraces petites boules vertes.
Comme toujours, il faut qu'un des jeunes ose prévenir l'enseignant-chercheur de l'heure qui tourne pour que ce dernier, passionné par son sujet, les libère enfin avec cet air un peu surpris que les deux heures de cours soient passé aussi vite. Il sort alors sa baguette pour ranger le matériel, glisse un doigt sur un des choux pour le calmer alors que ce dernier commence à s'acharner sur l'un de ses lacets, guette vers l'extérieur de la serre le jour qui décline lentement. Le crépuscule s'annonce déjà. Comme tous les mardis, il ne sera pas rentré à temps pour s'occuper de la forêt qui lui tient lieu d'appartement. Il devra s'en occuper au petit matin, plutôt.
Le fil de ses pensées s'arrête quand il remarque une silhouette à l'extérieur de la serre, au niveau d'une des fenêtres qu'il avait ouvertes pour permettre une meilleure circulation de l'air.
Tiens donc.
Le monde sorcier est soit petit, soit bien fait. Noah se souvient bien avoir laissé sa carte à cet homme, mais il n'aurait jamais pensé que ce dernier viendrait le chercher jusqu'ici. Il a d'ailleurs assez de modestie pour se douter que Nathanael n'est sans doute pas ici pour lui et qu'il s'agit d'une coïncidence. Il ne se prive toutefois pas de lui faire signe d'entrer, pour l'inviter à parler un peu.
Il pourra peut-être même lui montrer son gros plant de dictame qu'il a sauvé in extremis d'une mort certaine en arrivant – ce qui aurait été fort dommage, d'ailleurs, parce qu'il était arrivé à une maturité suffisante pour donner le maximum de son efficacité. Les mains encore pleines de terre, les manches de la chemise retroussée jusqu'au dessus des coudes, il fait un grand sourire au pâtissier alors que, du bout de sa baguette, il remplit les arrosoirs et les lance dans un ballet qu'il maîtrise à la perfection.
Beaucoup d'eau par ici, à peine par là, surtout pas une goutte sous cette plante qui n'en a pas besoin aujourd'hui…
“Hi there !” salue-t-il avec le même enthousiasme qu'à l'ordinaire. “It's unexpected to see you here. How are you doing ?”¹
___________________________
¹ Salut ! C'est inattendu de vous voir ici. Comment allez-vous ?

Codage par Emi Burton

Sujet: Re: Once bitten, twice shy Sam 18 Mai - 21:36

Le quotidien du pâtissier était des plus répétitif ces temps ci. Il ne sortait que peu, s'en tenait aux tâches qu'il savait le mieux faire, comme si un retour aux sources était la seule chose dont il était capable. Levé aux aurores, promenade nocturne en compagnie de Cosmo. Puis café. Ensuite, il préparait les fourneaux et les pâtons, fruits, et autres préparations dont il aurait besoin tout en dressant le petit déjeuner pour Hyacinthe lorsque ce dernier était la. Et puis sa journée commençait. Une pause le midi, une nouvelle sortie pour le Doggamy et puis enchaînait l'après midi jusqu'à la fin de journée. Le soir, une promenade avec Cosmo avant la tombée de la nuit, dîner seul ou avec son frère, un dernier tour dehors et puis au lit avant de tout recommencer. C'était comme être en pilote automatique, depuis qu'il n'avait plus cet élan qui l'emportait vers l'Auror. Cette escapade qui lui avait été si bénéfique le confiait à présent a être moins que ce qu'il avait été.

Mais ça irait, comme il l'avait promis a son cadet. Un jour. Parfois, la curiosité le gagnait a nouveau et il se replongeait dans ses livres de Médicomagie. Il avait même été jusqu'à mettre le nez dehors pour acheter des ingrédients et s'essayer, tant bien que mal, a des potions. Il n'ouvrait plus que rarement le tiroir où sa baguette reposait. Ça faisait plus mal d'essayer que de juste la laisser là. A force, une idée avait germé en lui. Il ne savait pas comment, il ne savait pas pourquoi, peut être était ce d'être venu en aide a Ulysse, a Karim, et a Noah plus récemment. Son besoin d'aider était plus fort que la dépression des semaines passées. Et au bout d'un certain temps, il s'était résolu a essayer.

Le grand McDougall n'avait pas dit a Hyacinthe qu'il se rendait a la MUL pour une autre raison que sa bibliothèque extrêmement bien fournie. Il aurait tout aussi bien pu aller a celle du chemin de traverse, pour y trouver ce qu'il prétextait. Non, en réalité il avait pris rendez vous a l'Université pour discuter de possibles cours du soir. Après tout, il était plus ou moins un Cracmol, et ces derniers étaient acceptés. Il avait passé son rendez vous a discuter des possibilités et ressortait de là avec tout autant de questionnements, mais une impression nouvelle. Bien sûr, il serait bien incapable de suivre certains cursus. Et reprendre les mêmes études qu'il avait brillamment passées étant plus jeune était hors de question. Il avait un certain nombre de parchemins d'informations avec lui lorsqu'il franchit les grandes portes.

Il faisait encore jour, même si les rayons étaient bas et balayaient le campus avec une belle lumière dorée. Celle ci se réfléchissait sur les serres qui rappelaient au pâtissier que son frère avait un cours là bas, le mardi. Quand a l'heure il n'avait aucune idée mais les cours étaient bientôt finis, ça valait le coup d'aller voir, pour qui sait rentrer ensemble. Passant a proximité, il y voit effectivement une classe qui semble être une première année mais pas de tête blonde bouclée appartenant à sa fratrie. Par contre, les choses sont bien faites, il reconnaît sans trop hésiter la carrure de l'Americain qu'il n'a pas reçu depuis la frayeur de ce dernier dans sa boutique. Il ne l'a pas rappelé. Il n'est pas prêt a sortir, encore, pas même pour un verre innocent comme ce qu'il croit qu'on lui propose. Il ne s'est pas rendu compte qu'il est resté à observer l'autre homme, emporté dans un récit apparemment passionnant pour les adolescents, et ne réalise que lorsque la cloche sonne la fin de la journée.

« Evening' »

Il répondit a Noah. Trop tard pour faire demi tour maintenant, se dit le pâtissier. Il avait laissé les élèves, mêmes retardataires sortir, et hésita un moment avant de passer la porte, oscillant sur le pas. Ses yeux observaient la danse d'aroisoirs avec fascination, sans compter l'enthousiasme débordant -malgré l'heure tardive- de l'autre homme.

« Sorry to barge in unannounced, I thought maybe my brother was with you today. »

Il expliqua, essayant de sourire poliment. Et puis comme Noah s'affairait à l'intérieur, il finit par sauter le pas, et entrer. Il n'avait jamais été un spécialiste en herbologie, loin de là, mais sa spécialité, et le fait qu'il était bon élève aussi et studieux, faisait qu'il n'était pas novice non plus, malgré le temps qui avait passé. Il reconnaissait certaines espèces sans même avoir à réfléchir, d'autres avaient du mal à lui revenir. Etre ici lui rappelait le temps bénit où il savait encore ce qu'il voulait faire de sa vie. Tout aussi solitaire qu'aujourd'hui, par contre. Un air nostalgique s'afficha sur ses traits alors qu'il souleva les branches qui tombaient en cascade d'une plante qu'il savait inoffensive mais dont il avait oublié les propriétés.

« It has changed quite a bit since I've last been here... I remember back when Professor Grubbly-Plank used to teach here. She came back from retirement so many times. »

Et puis il se tut. Il se rendait compte que la nostalgie le faisait parler un peu trop. Et en même temps que les bons souvenirs, la douleur d'en être privé n'était jamais loin. Et il ne voulait pas tomber là dedans. D'autant qu'il n'était pas seul.

***
Bonsoir'
Pardon de débarquer comme ça, je me disais que peut être que mon frère serait avec vous aujourd'hui.
Ca a bien changé depuis le temps... Je me souviens à l'époque où Professeur Grubbly-Plank enseignait ici. Elle est sortie de retraite un bon nombre de fois.

Sujet: Re: Once bitten, twice shy Sam 18 Mai - 22:52

Once bitten, twice shy

Nathanael & Noah

La danse des arrosoirs se poursuit, menée à la baguette dans un geste souple. Noah surveille tout cela du coin de l'oeil, mais son attention est plus tournée vers le pâtissier que vers les plantes qu'il bichonne pourtant quotidiennement avec un soin tout particulier. Ça lui fait plaisir de le revoir ; il ne s'est pas fait tant de copains que ça depuis son arrivée à Londres – on se demande bien pourquoi – et voir une tête connue est toujours quelque chose de bienvenu.
Il balaie les excuses d'un geste de la main, n'en tenant absolument pas rigueur à l'homme d'avoir été le spectateur de la fin de son cours. Au contraire d'ailleurs, sinon il ne l'aurait pas invité à entrer dans la serre.
“That's what I've been told, yeah,”¹ commente le botaniste en hochant la tête. Il ne dénigrera pas la vieille dame dont il a pris la succession, évidemment, mais l'état des serres avait parlé pour elle. Elles étaient pratiquement revenues à l'état sauvage pour certaines, et beaucoup de plantes rares, d'un âge très respectable parfois, n'étaient pas passé loin de rendre l'âme. Sans parler de celles qui avaient été dépouillées par des potionnistes peu scrupuleux et qui ne s'étaient à aucun moment posé la question de savoir si prélever des ingrédients à outrance n'allait pas nuire au végétal.
C'était d'ailleurs la raison pour laquelle il avait tenu à ce qu'on empêche le libre-service dans les serres à partir du moment où il les reprenait en main. Il était hors de question qu'on transforme son lieu de travail en champ de bataille. Ça lui avait pris des mois avant d'obtenir enfin un résultat convenable – et qu'il compte bien encore améliorer ! – et il n'était absolument pas prêt à le voir gâcher par des étudiants imprudents.
N'est-ce pas Jesus ?
“I reorganize the whole lot, I wouldn't be surprised if you can't recognize most of it,”² poursuit-il. Il parle de façon factuelle, sans fierté mal placée, tout en se dirigeant vers un buisson touffu aux fleurs ocre dont les pétales ondulent pour mieux attirer les insectes et ainsi se faire poliniser. “I'm sorry Hyacinthe wasn't here today. Is he the reason why you're here ? Or is there something I can help you with ?”³ Il adresse à nouveau un grand sourire au pâtissier, sincère dans sa démarche, sans qu'on sache trop si cet enthousiasme était simplement sa façon d'être ou bien si elle était le résultat de sa joie de le revoir.
Je crois bien que le bonhomme lui a méchamment tapé dans l'oeil, en fait.
“If you need Dittany leaves or… Anything else, really, for your potions, I'm pretty sure I can supply you with a few herbs,”⁴ propose-t-il alors.
Tu veux voir mon gros dictame ?
Sérieusement Noah, on t'a connu un peu plus subtil. Enfin, la chance sera sans doute avec toi : après tout, ce bel homme n'a pas compris ton invitation à boire un verre la dernière fois, il ne verra peut-être pas ta tentative de l'appâter pour le faire rester un peu plus longtemps que ce qu'il avait prévu.
“I'm still not pretty sure of what you do for a living. You own a bakery but… How come you have medical skills as well ? They ain't skills people usually combine, right ?”⁵ poursuit-il en guidant un arrosoir plus rempli que les autres jusqu'à lui, le tout en examinant ce buisson aux fleurs agitées qui lui semble bien trop dynamique, par ailleurs.
En général, à ce moment de la journée, les fleurs étaient sensées commencer à se refermer, pas se dandiner dans tous les sens dans l'espoir d'attirer une abeille !
___________________________
¹ C'est ce qu'on m'a dit, oui.
² J'ai tout réorganisé, je ne serais pas surpris si vous ne pouviez pas en reconnaître la majeure partie.
³ Je suis désolé que Hyacinthe n'ait pas été là aujourd'hui. Est-il la raison de votre venue ? Ou bien y a-t-il quelque chose que je puisse faire pour vous ?
⁴ Si vous avez besoin de feuilles de Dictame ou… De quoi que ce soit d'autre, vraiment, pour vos potions, je suis plutôt sûr de pouvoir vous fournir quelques herbes.
⁵ Je ne suis pas encore certain de bien comprendre ce que vous faites dans la vie. Vous êtes propriétaire d'une pâtisserie, mais… D'où vous viennent ces compétences médicales ? Ce ne sont pas des talents qu'on combine habituellement, pas vrai ?

Codage par Emi Burton

Sujet: Re: Once bitten, twice shy Dim 19 Mai - 21:13

Effectivement, comme Noah le disait, il était difficile de reconnaître la serre de son ancienne professeure d'herbologie. Pas parce qu'elle était gâteuse et ne pouvait pas s'occuper de sa classe, pas à l'époque où il étudiait en tout cas. Mais parce que l'endroit avait une personnalité différente. Après tout, ils avaient tous les deux des personnalités très différentes, Nathanael l'avait remarqué. Surtout le côté over confident et expansif. Les plantes elles même semblaient bénéficier de ce traitement, et prendre confiance et s'étendre un peu partout. C'était peut être impressionnant, ou inhabituel pour le pâtissier qui connaissait d'avantage la réserve. Il ne savait pas trop quoi répondre à sa question, s'il était prêt à en parler, déjà, alors que le projet n'en était qu'à l'état de foetus.

« I was thinking about attending some evening class again, actually. I'm not sure wether it'll be possible or not yet, though. »

Il avait dit, sans le regarder, portant plutôt ses yeux et son attention sur une nouvelle plante. Il était bien paumé, oui. Il n'avait pas particulièrement envie d'entendre des encouragements ou d'en parler, il le fit comprendre dans sa gestuelle fermée. Mais il esquisça un sourire à la proposition de l'autre. Il était vraiment amical, cet Americain. Il devait se sentir drôlement seul ici parmi les Londoniens coincés. Sauf s'il avait une bonne descente peut être.

« I'm good... But I'll think about it. Thank you. »

Nathanael se demandait ce qu'il faisait ici. En vérité, il n'était pas prêt à faire ami ami avec le nouveau venu, aussi gentil soit-il. Il avait toujours cette lourdeur sur le coeur, qui n'avait rien à voir avec lui. Même si Noah avait abordé un nouveau sujet fâcheux. Nate n'était pas idiot, il savait que ce n'était pas seulement la perte de sa magie qui le mettait dans cet état. Il pensait encore souvent à Arthur. Il avait rangé le téléphone l'autre jour, se disant qu'il le chargerait quand même au cas où... Quoi. Ce dernier voudrait l'appeler ? Il savait que ce serait à lui de faire le premier pas, s'il y arrivait un jour. Là, il savait que s'il le revoyait, son coeur se serrerait bien trop de ne pas pouvoir être proche comme ils l'avaient été. Peut être pas si proches, question sentiments, pour Arthur mais... Nate soupira. Entre l'Auror, Hyacinthe et sa magie, c'était un miracle qu'il continue à avancer.

« You know, I'm not sure... A good pie can heal almost anything, my father used to say. »

Il avait encore eu ce sourire douloureux en y repensant. Et puis il avait regardé Noah à nouveau. Ce pauvre homme ne méritait pas qu'un type déprimé comme lui lui pourrisse sa soirée comme ça. Au moins, il méritait une explication.

« I was a mediwizard a few years back. I used to work alongside Aurors on the front. But I had to but this life behind to raise my brother so... I opened a bakery, like my parents had before. It's a good think too, I probably would be out of a job if I didn't. »

Un pâtissier sans magie, c'était dur, mais faisable. Un médicomage sans magie, c'était impossible. Nate devait se le répêter plusieurs fois, quand sa tête lui rappelait combien il s'était senti lui même, en guérissant Noah l'autre fois, et Ulysse aussi. Il était fait pour aider les gens. Peut être parce que ça lui évitait de s'occuper de lui même, ça...

« I should probably head home. »

Il dit, voyant que le soleil commençait à sérieusement se coucher.

***
En fait, je pensais m'inscrire à un cours du soir. Je ne sais pas si ce sera possible ou pas encore.
J'ai ce qu'il faut ... mais j'y penserai. Merci.
Je ne suis pas sûr ... Une bonne tarte peut guérir presque tout, mon père avait coutume de dire.
J'étais un médicomage il y a quelques années. J'avais l'habitude de travailler aux côtés des Aurors sur le front. Mais j'ai du laisser cette vie derrière moi pour élever mon frère alors ... J'ai ouvert une boulangerie, comme mes parents auparavant. C'est une bonne idée, je serais probablement au chômage si je n'avais pas fait ça.
Je devrais probablement rentrer.

Sujet: Re: Once bitten, twice shy Dim 19 Mai - 23:02

Once bitten, twice shy

Nathanael & Noah

Belle philosophie de vie, se dit Noah en entendant Nathanael dire qu'une bonne tarte pouvait tout guérir. Il ne pouvait qu'approuve : ne disait-on pas que l'alimentation était la première façon de prendre soin de son corps ? Alors, comme toujours, il lui sourit, comme pour l'encourager à aller plus loin.
Il voit bien que ça a l'air difficile pour le pâtissier d'expliquer où il veut en venir. De s'ouvrir, peut-être ? Il ne sait pas trop. Depuis son arrivée en Europe, il a parfois du mal à cerner les gens, et n'arrive pas à différencier les personnes réservées de celles qui suivent simplement des préceptes propres au vieux continent, qui veut qu'on ne s'ouvre pas trop à l'autre.
La suite des explications arrive, plus surprenante cette fois. Il n'avait, à aucun moment, pensé que son interlocuteur était un homme de terrain. À le voir bien à l'aise dans sa boutique, il était difficile de l'imaginer en terrain de guerre à venir en aide aux aurors qui en auraient besoin. Et finalement, le botaniste trouve un écho à son histoire dans celle de Nathanael.
Obligé d'abandonner un mode de vie pour lequel on avait tout donné pour pouvoir s'occuper des siens. Il ne pouvait que compatir à cette situation, quand bien même il était bien placé pour savoir qu'elle apportait aussi son lot de petits bonheurs. On abandonne une vie pour une autre et, finalement, on s'y fait.
À voir le pâtissier s'interroger maintenant, Noah se demande comment il fera, lui, quand ses filles auront grandi et n'auront plus besoin qu'il soit sédentarisé pour le voir. Repartira-il sur la route ? Se sera-t-il fait à sa vie de sédentaire ? Son corps, dans dix ans, lui laissera-t-il seulement le choix de pouvoir faire comme il l'entendait ? Après tout, il n'a plus vingt ans, et déjà aujourd'hui il sent des limites qu'il n'avait pas senties quelques années plus tôt…
Et il ne sait pas de quoi l'avenir sera fait. Il se sera peut-être installé avec quelqu'un, d'ici là, un bel homme qui voudra fonder une famille à son tour et…
Noah, tu t'emballes. Arrête de mater comme ça, tu vas lui faire peur.
Ah bah voilà, t'as tout gagné ! Le voici qui parle de rentrer maintenant. Difficile pour le botaniste, qui était si content de le croiser de façon aussi inattendue, de cacher sa déception. Bon, il n'est pas idiot, il voit bien que ce n'est pas la grande forme pour lui, mais il avait espéré avoir une vraie conversation, peut-être un peu plus longue cette fois, avec lui.
C'est qu'il lui plaît vraiment, et qu'il a envie d'apprendre à le connaître.
Il ne se rend pas compte de toutes les bribes d'information que Nathanael laisse échapper, et qu'il est peut-être un des rares à savoir certaines choses.
“Already ?” ne peut-il s'empêcher de faire remarquer. Il marque une pause, avant finalement de prendre le taureau par les cornes : il n'a pas saisi son invitation à boire un verre la dernière fois, peut-être que là… Et puis, ça serait l'occasion de savoir clairement s'il avait quelqu'un ou non dans sa vie. “If no one's expecting you home, maybe we could… I dunno, how about sharing a drink ? I know a nice place, not far from here. What are you saying ?”¹
En tout cas, lui, personne ne l'attendait à la maison. À part quelques plantes un peu envahissantes qui attendraient un petit peu avant d'être bichonnées.
Ce soir, il avait envie de s'offrir un peu de compagnie. Et puis, sa bonne humeur aiderait peut-être l'autre homme à sortir de sa réserve et à lutter contre l'amertume qui a l'air de le hanter ?
___________________________
¹ Déjà ? Si personne ne vous attend à la maison, peut-être qu'on pourrait… Je sais pas, pourquoi pas boire un verre ? Je connais un endroit sympa, pas loin d'ici. Qu'en dites-vous ?

Codage par Emi Burton

Sujet: Re: Once bitten, twice shy Lun 20 Mai - 11:20

On pouvait concéder une chose a Noah Inuksuk, c'était qu'il ne perdait pas le nord. Ni son sourire, d'ailleurs. C'était a se demander s'il voyait vraiment le visage froncé et soucieux du pâtissier. Ou peut être qu'il s'en fichait. Ou encore qu'il voulait justement lui remonter le moral a sa façon ? C'était un parfait inconnu ou presque, encore, pourtant. Décidément, sa façon de faire surprenait le pâtissier. Il pouvait bien sûr dire que Hyacinthe l'attendait à la maison, c'était la vérité, mais Nate savait que le garçon avait aussi besoin d'air. Il lui avait prouvé que parfois il le trouvait étouffant comme grand frère. Ca avait failli lui coûter sa peau et sa magie à lui aussi. Nate en avait encore des frissons, à imaginer Hyacinthe traverser ce qu'il avait traversé lui ces derniers mois.

« It's nice of you but... You know, I wouldn't be the best company at the moment. »

Il essaya, pour lui faire comprendre qu'il n'était pas la meilleure option pour un verre au bar en ce moment. Mais sans doute que l'Americain, étant arrivé ici depuis peu de temps, n'avait pas d'autre option. Pourtant, il savait engager la conversation sans aucun probleme, et il avait l'air d'un naturel tellement rayonnant que n'importe qui d'autre que Nathanael en ce moment aurait dû accepter une invitation à sortir.

« And what about your daughters ? »

Noah devait être sacrément désespéré si sa tête ne lui disait pas de le laisser partir et même de ne plus jamais le revoir, et profiter de sa famille, ou il y avait autre chose. Et c'est là qu'il remarqua la main sans bague, et qu'il comprit.

« Oh, I'm sorry. »

Il se reprit, quand il comprit pourquoi l'autre homme n'avait sans doute pas ses filles avec lui ce soir. Et un élan de compassion l'envahit. Bien sûr il n'avait aucune idée de ce que l'autre homme traversait, mais il pouvait imaginer. Et peut être que c'était la raison pour laquelle il ne voulait pas passer la soirée seul, aussi. Nate réfléchit un moment de plus, les yeux sur un buisson qu'il reconnaissait comme une plante à Pipaillon.

« Alright... But just one drink ? I don't like leaving Hyacinthe alone for too long these days. »

Il servit comme excuse. Il se savait fatigué, aussi. Hyacinthe lui aurait dit de passer la soirée dehors et de profiter, plutôt que de rentrer pour lui, il se serait probablement mis en colère même s'il savait qu'il se servait de lui comme excuse. Il sorti alors de la serre, attendant qu'il finisse ses derniers préparatifs avec les derniers rayons du soleil.

« Could you send him a message for me ? You know, so he's not worried ? »

Ils étaient un peu loin de la moindre poste à hiboux. Nate se souvenait du Patronus de l'autre homme. Maintenant, il commençait un peu plus à comprendre.

***
C'est vraiment gentil mais... je ne suis pas de la meilleure compagnie en ce moment.
Mais et vos filles ?
Oh, je suis désolé.
Bien mais juste un verre ? Je n'aime pas laisser Hyacinthe seul trop longtemps ces jours ci.
Pourriez vous envoyer un message pour moi ? Pour qu'il ne s'inquiète pas.

Sujet: Re: Once bitten, twice shy Lun 20 Mai - 12:48

Once bitten, twice shy

Nathanael & Noah

Bon, bah, de toute évidence, ce ne serait pas pour aujourd'hui. Entre le moment où il lui a donné sa carte et ça, il faut croire que le pâtissier et lui ne sont pas du tout sur la même longueur d'onde. Pour autant, Noah ne compte pas lâcher l'affaire tout de suite : tant qu'on ne lui collera pas un vrai râteau, il ne se découragera pas. Après tout, il ne lui dit pas qu'il n'est pas intéressé, mais qu'il n'est pas de très bonne compagnie en ce moment.
Qu'à cela ne tienne ! Le botaniste est d'assez bonne humeur pour deux ! Il lui sourit à nouveau largement, prêt à enchaîner sur un nouvel argument pour le convaincre – quelque chose du genre bonne ou mauvaise, votre compagnie me ferait plaisir – quand il entend la suite.
Le sourire rayonnant disparaît instantanément. Sa main gauche a un mouvement inconscient, comme s'il essayait de jouer avec une alliance ôtée il n'y a pas si longtemps – ou en tout cas pas assez pour le libérer de cette vieille habitude d'en porter une. Son expression s'assombrit alors qu'il répond d'un ton bien moins jovial :
“They're at their mother's, in Paris.”¹
L'amertume soudaine est toutefois rapidement balayée par l'acceptation de l'homme à venir boire un verre avec lui. Il lui sourit à nouveau, bien que moins grandement, et va d'abord se laver mains et avant-bras au niveau du point d'eau de la serre avant d'envoyer un patronus au jeune homme, comme demandé par Nathanael.
Hyacinthe va finir par trouver son frère bien volage, à sortir avec deux hommes différents en l'espace de deux mois.
Et un de ses professeurs en plus !
En attendant, Noah retrouve peu à peu sa bonne humeur, et prend le chemin vers l'extérieur des serres. Comme il l'avait annoncé, l'établissement auquel il pensait n'était pas très loin du campus et ils n'ont échangé que quelques banalités quand ils arrivent sur place. Ils sont passés du côté moldu, et le botaniste a veillé à cacher sa baguette sous sa chemise aux manches retroussées dès qu'ils ont quitté le Londres sorcier.
Noah essaie de rester agréable, galant même en tenant la porte à Nathanael et en le précédant dans les escaliers – même s'il aurait préféré être derrière lui pour profiter de la vue. Et le voici qui lui tient à nouveau la porte quand ils arrivent sur le toit-terrasse sur lequel est installé le bar.
Il n'a pas mis longtemps pour repérer les bons endroits de la capitale, il faut croire. Avec la lumière du jour qui décline, la vue sur les alentours est magnifique. Les moldus ne voient pas la forêt de la MUL, mais eux deux peuvent l'apercevoir, ainsi que les imposants bâtiments de l'université. La vue sur la Tamise a un petit quelque chose de magique, aussi. Et que dire aussi des plantes bien entretenues dans leurs pots de leurs jardinières qui sont disposées ça et là ! Ça donnait un charme certain au lieu, il n'y avait pas à dire.
En tout cas, l'américain espérait que le charme opère un peu sur le grand ours qu'il avait ramené. Ce dernier avait l'air tout déprimé, tout taciturne ; Noah espérait bien faire naître quelques étoiles dans ses yeux.
Un éternel optimiste, je vous dis.
Il leur dégotte une table près du bord de la terrasse, un peu à l'abri des regards au milieu d'un petit arbre fruitier et de bacs à fleurs, mais avec une vue plutôt dégagée.
“What will you have ?” demande-t-il en voyant un serveur s'approcher d'eux, déjà. “Can I suggest you one of their beers ? It's very light, with a floral taste, very refreshing at this time of year.” Et sa préférée, évidemment. “My treat, of course.”²
A nouveau, il offre un beau sourire à son interlocuteur tout en fouillant dans l'une de ses poches à la recherche d'un billet pour pouvoir payer leurs consommations – car il espère bien que Nathanael se laissera tenter par plus qu'un seul verre. Non pas qu'il veuille le saouler, mais il aimerait vraiment passer un bout de soirée avec lui.
“Hazel talks a lot about you, you know,” fait-il dans l'espoir de relancer la conversation. Il lui avait semblé que l'homme était moins sombre au contact du rayon de soleil qui lui servait de fille – c'est qu'elle a de qui tenir ! “She likes you, though I don't know if she was more amazed by you or your pies, to be honest.”³
Il ricane, évidemment, se remémorant le sourire et l'enthousiasme de sa petite fille qui avait passé la fin du week-end à parler de son aventure chez le pâtissier.
“She said she wants to bake you a strawberry pie with the strawberries she has grown.”⁴
Potentiel de mignonnerie : maximum.
La tarte aux fraises, elle, en revanche, risque de ne pas être la meilleure du monde.
___________________________
¹ Elles sont chez leur mère, à Paris.
² Qu'est-ce qui vous ferait plaisir ? Est-ce que je peux vous conseiller une de leurs bières ? Elle est très légère, avec un parfum floral, très rafraîchissante à cette période de l'année. C'est moi qui invite, bien sûr.
³ Hazel parle beaucoup de vous, vous savez. Elle vous aime bien, même si je sais pas si elle a été plus impressionnée par vous ou vos tartes, pour être franc.
⁴ Elle a dit qu'elle voulait vous faire une tarte aux fraises avec les fraises qu'elle a faites pousser.

Codage par Emi Burton

Sujet: Re: Once bitten, twice shy Lun 20 Mai - 19:16

Nathanael avait senti qu'il faisait un faux pas en énonçant les fillettes en voyant le sourire habituel de Noah s'effacer aussi sec. Il aurait aimé élaborer, mais presque comme s'il avait été bipolaire, le sourire de l'autre homme était revenu à l'idée de boire un verre en sa compagnie. Maintenant, c'était impossible pour lui de se défiler. Damn. Mais il n'aimait pas l'idée de l'autre homme sans ses filles, vu comme ce dernier avait l'air absolument gaga de celles ci. Nate, tout en suivant son compagnon d'un verre jusqu'à l'endroit de son choix, supposait un divorce, et essayait de se mettre à la place de se dernier. La question ne s'était jamais posée pour lui, comme il avait compris bien tôt qu'il ne rendrait pas une femme heureuse, mais si c'était arrivé et qu'il s'était réveillé un matin, réalisant... Non. Heureusement. Et pourtant, il commençait à sérieusement regretter de ne pas avoir pu faire d'enfant, et ça ne s'annonçait pas simple pour le futur non plus.

Il était rassuré en voyant l'abeille s'envoler, et en même temps, un peu prisonnier de sa promesse. Il répondait d'une voix un peu distante, mais essayait de ne pas faire payer sa déprime à l'autre homme qui était au demeurant vraiment gentil avec lui.

Lorsqu'ils arrivèrent sur le toit, aussi renfermé et le coeur lourd qu'il était, Nathanael ne pouvait pas ignorer la beauté de l'endroit. La vue, la lumière, la décoration simple mais familière. Il n'aimait pas vraiment les lieux branchés ou qui en faisaient trop, pour lui un banc et quelques tables / caisses en bois lui suffisait. Les gens avaient l'air de prendre du bon temps entre amis autour d'eux, simplement. Il s’assied et accepta le premier verre en le remerciant.

« I thought you were a bit lost but you already know your way around here. »

Il fit remarquer, une fois que le serveur était reparti. Est-ce que c'était surprenant ? L'homme avait l'air à l'aise partout. La preuve, ils ne se connaissaient ni d'Eve ni d'Adam et il lui faisait déjà la conversation si facilement. C'était toujours impressionnant pour lui, qui avait toujours été réservé, en dehors de son domaine de prédilection. Le grand timide à Poudlard, à la MUL, mais pas sur le terrain. Noah en avait eu un aperçu avec la fourmi venimeuse de l'autre fois.

« Does she, now ? »

Il répondit, un peu attendrit.

« I have nothing to do with it, the children... They always see marvels everywhere. You just have to show them the way, sometimes you don't even have to. Having a bakery helps a lot too. »

Ca lui rappelait Hyacinthe et la façon dont il l'avait émerveillé presque chaque jour, quand il l'avait élevé. Alors qu'ils venaient tous les deux de traverser une tragédie, il s'était révélé être d'une force incroyable. C'était plus lui qui l'avait porté que l'inverse, bien souvent. Et puis les enfants dans sa boutique, c'était toujours un ravissement. Il suffisait de voir avec quelle énergie Enid entrait, du haut de ses à peine trois quatre ans, autoritaire et adorable à la fois. Cette pensée étira un triste sourire sur son visage, alors qu'il regardait l'horizon. Et une nouvelle vague de tristesse l'envahit. C'était idiot comme on faisait des parallèles, comme ça, mais le dernier verre qu'il avait bu en compagnie d'un ami c'était avec Arthur. Et son sourire s'effaça.

Il ne faisait même pas le lien entre les deux, suffisamment pour comprendre que Noah l'avait invité ici pour apprendre à le connaître. Aussi parce qu'ils n'avaient eu aucun but, Arthur et lui, à part vider leur sac devant une pinte la dernière fois. Le serveur revint leur apporter leur verre, verre sur lequel Nate baissa les yeux, honteux de faire passer un tel moment à Noah qui n'avait rien demandé.

« I'm sorry Noah I'm... I can see you're a good man. I've just had a rough couple of weeks and I don't know if I can do... this. »

Il n'avait pas encore touché à sa boisson, comme si c'était au dessus de ses forces.

« This has nothing to do with you... »

Est-ce qu'il devait partir ? Rester ? Il ne se voyait pas confier tout ce qu'il avait sur le coeur à cet homme qui n'avait rien demander, peut être que ce serait plus simple de ne rien dire.

***
Je vous pensais perdu mais vous semblez bien connaitre le coin.
Oh vraiment ?
Je n'ai rien à voir là dedans, les enfants... Ils s'émerveillent d'un rien. Il suffit de leur montrer, parfois on n'a même pas besoin de le faire. Avoir une pâtisserie aide beaucoup aussi.
Je suis désolé Noah, je... Vous êtes un homme bien. J'ai juste eu plusieurs semaines difficiles et je ne sais pas si je suis capable de... tout ça.
Ca n'a rien à voir avec vous...

Sujet: Re: Once bitten, twice shy Lun 20 Mai - 19:47

Once bitten, twice shy

Nathanael & Noah

Ah ça, Noah a déjà repéré les lieux. Il a vite trouvé l'endroit idéal où poser ses valises, près d'un parc botanique et au dernier étage d'un immeuble. Il n'a pas tardé à identifier quelques lieux où s'abriter ou passer un bon moment. Il découvre encore, bien sûr, comme il avait mis un peu de temps à trouver la pâtisserie qui avait tant ravi les papilles de ses deux filles.
Et elles avaient été tant ravies qu'elles ne manqueraient sans doute pas de réclamer à y revenir dès le week-end suivant. Noah ne peut qu'acquiescer au fait que les enfants s'émerveillaient d'un rien. Surtout quand il s'agissait de pâtisserie, ou de quoi que ce soit de coloré. C'était un bonheur de voir leurs yeux s'ouvrir en grand et absober toute la beauté du monde.
“It certainly does. Too bad all of this goes away when they grow up…”¹
L'adolescence faisait un mal terrible à l'enfance. Il s'en rendait compte, maintenant qu'il travaillait avec un public qui restait encore très ancré dans les comportements adolescents. C'était pire, même : c'était des adolescents persuadés qu'ils étaient adultes, puisqu'ils étaient majeurs. Il n'est pas défaitiste pour autant, quoi qu'on puisse interpréter dans ses paroles. C'est plutôt qu'il ne sait pas à quoi s'attendre de la part de la chair de sa chair, et ne voudrait pas voir les sourires de sa progéniture s'effacer au profit de l'habituel air blasé que les adolescents arborent le plus souvent.
Et, alors que ses pensées progressent, il voit bien qu'un cheminement similaire se fait chez Nathanael. Ça a l'air bien plus amer cependant, s'il en croit le sourire triste qui apparaît avant de s'effacer complètement.
Les bières arrivent, mais déjà il semblerait que leur entretien s'écourte. Le botaniste est-il vraiment surpris ? Pas tant que ça. Il a bien senti les réticences de l'autre homme, mais s'était dit que sortir et faire autre chose lui aurait peut-être remonté le moral. Et puis, il avait bien envie de passer du temps avec lui.
C'était dommage… Mais ce n'était pas la fin du monde.
“It's alright,” répond-il avec un nouveau sourire. Moins radieux, bien sûr, peut-être plus compatissant. Plus sincère, sans doute, que l'expression qu'il arbore par défaut. “I don't mind.”²
Ah ça, vous trouverez difficile plus bonne pâte que Noah. Pas tellement contrariant, ni foncièrement susceptible, il prend les choses avec une certaine philosophie. Non pas qu'il ne prenne rien à coeur, bien sûr, mais se prendre un râteau de la part de quelqu'un qu'il connaît à peine et qui n'a visiblement pas l'air dans son assiette n'est pas le genre de choses susceptibles de le braquer.
“I know it's easier said than done but… It's sometimes easier to get things off your chest with someone you barely know.” Il n'a pas touché à sa bière, comme s'il attendait de savoir s'il devait trinquer ou non. “But I'll understand if you don't want to.”
Il lui adresse alors un beau sourire, réellement amical. “But again, I wouldn't mind.”³
___________________________
¹ En effet. Dommage que tout cela fiche le camp quand ils grandissent…
² C'est pas grave. Ça ne me dérange pas.
³ Je sais que c'est plus facile à dire qu'à faire, mais… Parfois, il est plus facile de vider son sac avec quelqu'un qu'on connaît à peine. Mais je comprendrai si vous ne le voulez pas. Une fois encore, ça ne me dérange pas.

Codage par Emi Burton

Sujet: Re: Once bitten, twice shy Lun 20 Mai - 21:44

C'était peu dire que de dire que Nathanael se sentait mal, en ce moment. Pas seulement à cause de tout ce qui se bousculait dans sa tête, mais parce qu'il avait accepté une invitation et qu'à présent il essayait de s'en sortir de la façon la moins polie et la moins délicate qui existait. Comment est-ce qu'il avait pu passer de cette ouverture, cette envie d'essayer, à reculer de dix pas à nouveau ? L'autre homme n'avait rien fait pour ça. Rien de plus que d'évoquer ses fillettes adorables qui avaient aussi fait craquer le pâtissier. Peut être que c'était ça. Son coeur avait trop souffert ces derniers temps, et la moindre ouverture faisait peur. Demandait de l'énergie qu'il n'avait pas. Rouvrait des blessures qui n'avaient pas encore guéries.

Pourtant, il savait qu'elles guériraient. Tout comme il l'avait assuré à son ami, avec un peu de temps, ça irait. C'était peut être juste trop tôt ? Est-ce qu'il présumait de ses forces, en essayant, en se forçant à ce point ? Ce n'était qu'une bière, pourtant. Avec quelqu'un de parfaitement équilibré, qui avait une famille, peut être ses propres batailles mais... Il n'avait pas à prendre toute la misère que traversait Nate qu'il connaissait à peine. Même si ce dernier se faisait un point d'honneur à le faire pour les autres. Il avait honte. Il ne voulait pas le décevoir, et en même temps, il n'avait pas la force.

« I am so sorry. »

Il finit par relever les yeux, sincère. Qu'au moins Noah sache qu'il lui était reconnaissant de son invitation.

« You're right... to some extend, I did that for a while but... I can't, tonight. »

Il serra la bière qu'il aurait bien aimé partager avec lui, mais rien que ça, c'était trop. Il ramassa ses affaires, particulièrement maladroit, d'être aussi impoli, finalement.

« Are you sure you don't mind ? »

Il le regarda dans les yeux, serieusement, et soucieux. Il avait oublié, que ses filles ne l'attendaient pas ce soir. C'était dire à quel point il n'était pas dans son état normal, dans le cas contraire jamais il n'aurait laissé Noah passer la soirée seul. Il aurait au moins partagé un verre, ou il l'aurait invité à marcher avec lui. Il voulu payer pour la boisson, mais l'autre refusa, alors il rangea sa bourse et lui sourit sincèrement, peut être pour la première fois pour lui et pas pour ses petites.

« Thank you for your kindness. See you, Noah. »

Et il prit le chemin de la maison.

***
Je suis vraiment désolé.
Vous avez raison... jusqu'à un certain point, je l'ai fait mais... pas ce soir.
Est-ce que vous êtes sûr ?
Merci pour votre gentillesse. A bientôt, Noah.

Sujet: Re: Once bitten, twice shy Mar 21 Mai - 18:10

Once bitten, twice shy

Nathanael & Noah

”Don't.”
Le geste du botaniste est éloquent. Nathanael n'a pas à payer pour une consommation à laquelle il n'a pas touchée. Il s'occupera de la descendre lui-même – histoire de ne pas gâcher. Et puis, il lui avait dit qu'il l'invitait, vous vous souvenez ?
Et puis le sourire qu'on lui offrait en retour valait bien ça. Noah le lui rend, bien sûr, et le salue d'un signe de tête avant de le regarder s'éloigner. Un peu déçu, c'est sûr, mais pas au point de s'en faire toute une histoire. L'avantage d'être un adulte : un adolescent aurait sans doute pris cela à coeur et se serait mis dans tous ses états. Ou un adulte moins équilibré, peut-être.
Pas lui. Il avait tenté sa chance avec cet homme qui lui plaisait, mais ne voudrait pas lui forcer la main. Ça n'apporterait rien de bon, de toute façon. Alors tant pis, se dit-il en buvant sa pinte de bière seul, observant la vue par dessus une jardinière en fleurs. Il observe les pétales, se redresse en entendant un bourdonnement familier et sourit presque affectueusement en voyant une abeille couverte de pollen sortir de l'enchevêtrement de feuilles. En voilà une qui en avait trouvé pour son compte, de toute évidence. Il l'observe voleter autour des fleurs avant de repartir, sans doute en direction de sa ruche. Là-bas, elle indiquera à ses soeurs où elles peuvent aller se gorger de nectar, et elles reviendront plus nombreuses.
La marche de la vie.
Après une nouvelle gorgée, Noah tire son carnet à croquis de la poche arrière de son jean, ainsi que son crayon à papier. Il tourne les pages, avise certains dessins oubliés – tracés il y a bien trop longtemps – et se mt à l'ouvrage lorsqu'il tombe sur une feuille blanche. Il fait glisser la pointe du crayon avec une certaine dextérité, s'amuse à faire une reproduction plus artistique que botanique. Le croquis se fait dessin, mais l'homme ne prend pas vraiment de liberté avec son modèle. Il préfère lui être fidèle et retranscrire ses courbes et ses ombres avec attention… Tout en sirotant sa bière.
Le monde autour ne fait pas attention à lui et c'est tant mieux. Personne ne vient le déranger, ou même l'aborder. Et c'est tranquillement qu'il noircit son carnet, jusqu'à boire la dernière goutte d'alcool. À ce moment seulement se relève-t-il pour ranger son carnet dans sa poche et sortir d'une autre un billet chiffonné. Il le glisse sous une des deux pintes vides et repart sans demander son reste.
Aussi surprenant que cela puisse paraître, il ne prend pas la peine de transplaner pour rentrer chez lui. Certes son quartier est assez éloigné et cela lui prendre deux bonnes heures pour le rejoindre à pied, mais il ne se démonte pas. Il a effectué de bien plus longues distances à pied, et dans des conditions bien moins confortables. Alors, les mains dans les poches, longeant la Tamise pendant un long moment, Noah s'enfonce dans la nuit, en silence.
En s'efforçant de ne penser ni au manque de ses filles, ni à la probabilité de ne plus revoir le pâtissier pour boire un verre avec lui.

Codage par Emi Burton

Sujet: Re: Once bitten, twice shy