Good vs Bad ft. Silène Beaumarchais

Un nouveau jour commence, une nouvelle journée pleines d’opportunités, de joie, de rencontres ! Oui, Silène essayait de s’auto-persuader de tout cela. Ce n’était pas parce qu’il avait eu quelques mauvaises surprises ces derniers temps qu’il devait se laisser abattre. Déjà, il avait la chance de faire des études ici. Il allait être l'élève le plus brillant de sa promotion cette année. Du moins, il allait peut-être essayer, pour s’occuper l’esprit quelques temps. C’était pas mal comme idée. Il s’envola vers la cafétéria, il n’avait pas de cours avant quelques heures, alors, il avait du temps devant lui. Il s’installa son moka cannelle en main, un donut dans l’autre. Et… Son regard ne put s’empêcher de tomber sur ce magnifique spécimen de genre masculin deux tables plus loin. Il ne put s’empêcher de tendre l’oreille. Ils avaient l’air en plein débat sur… la situation politique actuelle dans le monde magique. Waw. Pourquoi fallait-il qu’il crush sur une tête en politique magique ? Il allait avoir l’air d’un con s’il allait le voir… Franchement, il allait pas parler de l’alimentation des focifères à ce genre de garçon… Rah. La journée avait commencé si bien ! Maintenant, il allait devoir s’intéresser à la politique s’il voulait draguer… Et en même temps, un peu de culture générale, cela ne lui ferait pas de mal, même s’il ne réussissait pas pécho ce mec-là…

Allez, haut les coeur, renseignons nous sur la politique de ce monde de tarés. Il attrapa son sac et en route pour la bibliothèque. Il termina son café et sa pâtisserie en route. Il jeta les emballages avant de rentrer. Il ne savait pas si le yokkai de la bibliothèque serait là à cette heure, autant se préparer. Il lissa le col de sa chemise et passa une main dans ses cheveux. Si combat il devait y avoir, il serait là pour se battre. Et cela ne manqua pas. A peine eut-il fait quelques pas dans les rayonnages que la voix de cet insupportable bibliothécaire. La journée tournait de plus en plus mal, définitivement. Il lança un grand sourire au japonais. Un sourire plein de gentillesse et de sympathie. Et oui, il n’allait pas lui donner des raisons tangibles et visibles de le virer. Il savait être toujours très poli et respectueux.

“Oh ? Vraiment ? Je ne pensais pas que vous parliez sérieusement, auquel cas j’aurai été prévenir la direction d’un cas de discrimination envers un des étudiants. Vous aimez pourtant votre travail ici, non ? Vous voulez vraiment avoir des soucis en m’empêchant de venir m’instruire ? N’est-ce pas contraire à la déontologie de l’établissement qui vous emploie, monsieur A-shi-ga-ga ?”

Il insista bien sur son accent français pour massacrer comme il le fallait le nom de l’employée de l’université.

“Et je vous remercie de vous inquiéter de ma vie sociale, ne vous en faites pas, elle va très bien, mais étant donné que je tiens à eux, je ne vais pas utiliser mes amis pour faire mes recherches documentaires, vous comprenez ? C'est un basique pour que des amitiés restent saines...”

ça et ne pas draguer ses amis... Faut que je retravaille cette partie-là d'ailleurs... Il appuie son sourire.

“Peut-être que vous pourriez en revanche m’aider, je cherche à me documenter sur la situation géopolitique actuelle ? Auriez vous des ouvrages à me conseiller ?”

Ce serait tellement beau que je réussisse à pécho grâce au plus détestable des bibliothécaires du coin… Petit sourire en coin à cette pensée.

Gnagnagna… Comment il pouvait savoir que ses amitiés n’étaient pas saines ? Il était qui lui ? Le roi de l’amitié ? Franchement, s’il avait déja un seul ami, ce serait exceptionnel. Un mec pareil ne pouvait pas avoir d’amis. Impossible. Il était trop détestable pour ça. Alors, Silène ne put s’empêcher de lever les yeux au ciel en se retenant de ricaner.

“Voyons, je ne me permettrai pas de me moquer d’un employé de l’université…” dit-il avec son air le plus angélique.

L’étudiant suit donc le bibliothécaire. Il ne peut s’empêcher de songer que ce bibliothécaire est affreusement sinistre. Il doit vivre tout seul avec des rats ou peut-être des chats. Il l’imagine bien dans un obscur manoire très lugubre. Le cliché même du Sang-Pur consanguin un peu timbré. En même temps, c’était carrément un cliché ce mec. De quoi vous conforter dans le dédain de votre généalogie si pure et si précieuse. Ce type ou sa mère, c’était sensiblement le même type de connerie maladive.

Silène regarde furtivement les livres que l’homme lui désigne. Mais s’arrête bien vite en entendant le bibliothécaire. Il lui lance un regard étonné. Comment pouvait-il savoir qu’il faisait ça parce qu’il avait un kiff sur un gars ? C’était improbable. Ça ne se voyait pas sur sa gueule. C’était… De la violation d’intimité si ce mec était en train de lire dans ses pensées. Surtout qu’en remontant le fil de ses pensées, il s’aperçut qu’elles avaient été pas le moins du monde catholique, et merde, c’était un peu comme se faire prendre la main dans le slip à l’adolescence, c’était foutrement désagréable comme sensation ! Il reste sans voix. Comme un con. C’était franchement la lose cette situation. Il se sent pris en flagrant délit de… de non contrôle d’hormones. Et ça arrive à des gens très bien aussi, ok ? Et puis comment il pouvait savoir que ce mec était pas un gay qui s’ignore d’abord ? C’était pas un bibliothécaire qui vit avec un balai dans le cul qui allait avoir un meilleur gay-dard que lui, ok ? Et puis zut quoi ! Il avait le droit de fantasmer, merde ! Il avait pas le droit de lui saper le moral comme ça !

Le petit rouquin attrapa deux livres sur la politique et quitta le rayon. Il avait un nouvel objectif, et il allait trouver ce qui lui fallait seul. En s’énervant mentalement contre ce fichu bibliothécaire. C’était incroyable comme cet homme réussissait à le mettre hors de lui. En si peu de mots. C’était insupportable. Et merde, personne n’avait le droit de rentrer dans sa tête, non de non ! Alors il avait parcouru en long en large et en travers le rayon traitant de l’occlumancie pour en extraire deux livres visiblement assez complets.

Et il alla au bureau du bibliothécaire. Et si tu lis dans ma tête, t’es vraiment aussi tordu qu’antipathique !

“Re-bonjour, je peux vous emprunter ces ouvrages s’il vous plaît ? Et je tiens à revenir sur ce que vous m’avez dit, je ne vois pas ce qui vous fait penser que mon intérêt pour la politique est intéressé… Il est vraiment mal venu de me réduire à ma sexualité, c’est presque discriminant vous savez…”

Il sourit au bibliothécaire, mais son regard était celui d’un animal féroce. Oui, même un Poufsouffle peut avoir un sacré caractère et ne pas se laisser faire. Il était hors de question qu’on empiète sur son intimité mentale.

“Ou alors, vous faites usage de Legimancie, et c’est assez malsain de votre part d’empiéter l’intimité mentale des étudiants… C’est autorisé ? Ce n’est pas spécialement rassurant si c’est le cas…”

Des menaces ? Non, il ne se le permettrait pas enfin. Silène prend une mine outrée face aux accusations. Il a pourtant pris garde à son choix de mots, il n’est pas stupide, loin de là. Il se permet juste un peu de provocations. De toutes façons, il n’irait probablement pas perdre du temps à faire remonter une plainte à la direction… D’une part, parce que ça prenait trop de temps ces conneries, et d’autre part, parce qu’il n’aimait pas se conformer au système. Son côté punk sauverait sans doute le bibliothécaire… Enfin si crainte il y avait à avoir.

“Vous vous sentez menacé ? Vous avez quelque chose à vous reprocher sans doute, parce que ce n’était point mon but, monsieur…” mentit-il avec une merveilleuse conviction et un air angélique.

Il ne pouvait pas s’empêcher de jouer de ses grands yeux bleus et de son air très enfantin. Il était certain que cela ne ferait rien au bibliothécaire, mais il y avait des témoins, et Silène se couvrait en provoquant ainsi aux yeux de tous. S’il devait finir chez le directeur, il aurait des étudiants pour prendre sa défense.

“Une guerre ? Vraiment ? Je tentais juste de comprendre comment vous auriez pu établir un jugement hâtif sur ma personne… Et puis, pauvre bibliothécaire, je suis sûr que vous êtes bien plus que cela, ne vous réduisez pas ainsi, monsieur.”

L’étudiant récupère le contrat d’emprunt, il le signe tranquillement. Il n’est pas intimidé par cet homme. Il n’est intimidé par rien ni personne en réalité. Il est sans doute trop insouciant et inconscient. Mais qu’a-t-il à perdre réellement ? Rien. Du moins, de son point de vue, il ne voit rien. Pourtant, il suffirait de s’en prendre à ses amis pour que son univers s’effondre, mais il n’y pense pas, peut-être parce qu’il n’est pas assez retors. Peut-être parce qu’il n’irait pas attaquer l’entourage même d’un ennemi. Il pose ses mains sur les livres. Et soutient le regard de l’homme. Peut-être qu’il s’est surestimé parce que là, le regard vissé à celui de l’homme, il ne se sent pas forcément de taille à lutter. Il y a quelque chose de réellement effrayant dans ce regard, mais il ne saurait dire ce que c’est.

“Ma place ? Et vous pourriez me dire quelle est ma place ? Clairement, je crois que je suis complètement à ma place. Vous savez, cette haine que vous semblez avoir pour les gens comme moi est déplacée. Je n’ai pas demandé à rejoindre votre monde vous savez, c’est plutôt votre monde qui est venu me chercher dans le mien. Et puis, vous savez sans les moldus, les sorciers seraient sans doute beaucoup trop consanguins pour être en bonne santé…”

Il n’allait pas se laisser intimider. Il n’avait pas peur. Il n’avait pas peur de cet homme qui ressemblait beaucoup trop à sa mère dans son discours. Dans ses actes. S’il avait pu tenir tête à sa mère, il n’allait pas se laisser bouffer par un connard de bibliothécaire. Ses mains se crispèrent un peu sur les livres, signe de cette colère sourde qu'il gardait au plus profond de lui-même.

“Ceci-dit, vous avez l’air un peu malade, peut-être la pureté du sang qui ne vous va pas au teint, pensez peut-être à prendre des vitamines ?”