Drink till you want me (Zéphyr & Silène)

Les débuts d’année avait ça de bien : tout un tas de soirée d’intégration, ou plutôt de désintégration vu l’état dans lequel tout le monde ou presque fini. Et c’était plutôt marrant à voir. Enfin, Silène devait être honnête, il finissait rarement mieux que les premières années, et souvent, il se réveillait dans une chambre qui n’était pas la sienne. Ce qui était des fois un soucis. Alors, cette fois, il avait choisi de prendre son assurance “soirée qui finit pas dans le lit d’un inconnu homophobe une fois désaoulé”, aka son géant préféré, Zéphyr. Peut-être qu’il avait aussi envie de finir dans son lit. Non, il en avait envie. Depuis longtemps. Il s’était juste fait à l’idée que ça n’arriverait pas. Sans doute parce qu’il ne plaisait pas au géant. Sans doute parce qu’il était bien bloqué dans la friendzone. Enfin bref, c’était presque une affaire close. Il était l’ami pédé du plus charmant géant qui soit. Ça avait ses avantages. Il s’y était fait. On se fait à tout non ?

“Je te promets, ça va être marrant ! Et… Si je commence à faire n’importe quoi, tu m’arrêteras, hein ? Tu me laisses pas partir avec quelqu’un d’autre que toi, hein ?” lança-t-il au géant alors qu’ils passaient le seuil du bar.

Accroché au bras du géant, il n’était pas improbable qu’on les prenne pour un couple. A être tout le temps collés ensemble. Et en même temps, il était si bien avec Zéphyr. Il y avait quelque chose de si doux, et apaisant chez le grand dadet. Silène l’aimait pour ça. Pour sa gentillesse aussi. Peut-être aussi parce qu’il était un peu lent, et que c’était souvent assez drôle de le voir réaliser les choses à contre-temps.

“C’est moi qui offre les verres !” lance-t-il joyeusement à Zéph’.

Il s’approche du bar en tenant toujours la main du géant, histoire qu’ils ne se perde pas dans la foule. Quelques mots au barman qui connait bien le petit frenchy aux cheveux rouges. Et les voilà avec un verre de whisky pur feu chacun, de quoi qui réveiller son estomac et son taux d’alcoolémie !

“A notre nouvelle année ici, Zeph !” dit-il en levant son verre, attendant que Zeph se prépare lui aussi au cul sec pour boire d’une traite son verre.

Il secoue la tête après le verre. Ça brûle de partout dans sa bouche, dans son oesophage, il sent le rouge monter à ses joue, à ses oreilles. Il relève le regard vers Zéphyr… Qui a l’air bien plus serein que lui après le verre.

“Ça te fait rien à toi ?” demande-t-il un peu surpris. “On en reprend un ?”

Une soirée avec un ange gardien aussi charmant et aussi intimidant pour le reste du monde, c’est juste une bénédiction. Silène a vraiment bien négocié sa soirée. Et en plus, il aura une super excuse pour dormir dans le même lit que son crush d’adolescent. Si c’est pas magnifique pour débuter une nouvelle année ! Il est radieux, il est aux anges. Littéralement.

“T’en fais pas ! J’ai bossé aussi ! Et puis, t’es mon garde du corps, ange gardien alors, c’est un peu normal que je t’offre quelques verres ! Tu crois pas ?”

Il sourit au demi-géant. Son regard ne peut s’empêcher de se perdre quelques instants, sur ses lèvres, sur son cou tatoué. Par Brocéliande et toutes ses fées, il a vraiment le cou le plus sexy de la terre. Ou c’est un manque d’objectivité. Peut-être. N’empêche que son cou est diablement sexy. Et il est probablement déjà influencé par le whisky qui semble directement lui être monté au cerveau. Le petit sorcier profite du paquet de cigarettes sorti pour en chiper une au passage, en faisant un petit air de chiot à Zéph’, histoire qu’il ne lui dise rien. Il profite aussi pour lui voler une petite flamme au passage et suivre son regard. Il soupire légèrement en voyant que les beaux yeux de son ami sont posés sur un groupe de filles. Quelle drame. Elles ne sauront jamais l’apprécier à sa juste valeur. Pas comme lui l’apprécierait, il en est certain.

“Tu veux que j’aille leur parler ? Je suis sûr qu’elles me croiront si je dis que tu es l’homme qu’il leur faut… J’ai une bonne réputation en terme de choix de mâles…” commente-t-il amusé.

Il relève la tête vers son ami en l’entendant parler de jus de citrouille. Sérieusement ? Il ne peut s’empêcher d’avoir un sourire un peu amusé, peut-être légèrement sarcastique. Lui ? Boire du jus de citrouille ? C’était vaguement insultant pour sa réputation de fêtard.

“T’en fais pas, je serai pas mal ! Je suis un grand mec costaud !” Il remonte la manche de son tee-shirt, en contractant les muscles de ses bras. “Bon, j’arriverai jamais à être aussi grand et fort que toi, mais vu mon patrimoine génétique, j’me défends pas si mal ! Tu verrais la gueule de ma mère… Je te jure, je pars de loin. Et moi vivant, jamais je ne boirai de jus de citrouille en soirée, d’accord ? Mais va pour la bière au beurre !”

Il retourne au bar, attend qu’on prenne sa commande, tout en zieutant son ami. Il paraît si grand et si perdu. Si seulement, il pouvait être la boussole dans sa vie. Ohlala, c’était niais comme métaphore, ça. Vraiment très niais. Il secoue la tête. Les amours d’adolescent font vraiment penser n’importe quoi. En plus, il devait bien y avoir de beaux mecs dans le coin. Comme ce gars-là, en train de parler avec ses amis. Mais les bieres au beurre étaient arrivées. Une taille standard et une double pour son ami.

“Hey, ravitaillement !” lance-t-il en lui collant son verre dans la main. “Bon, tu veux faire quoi ce soir ? Rencontrer une fille ? Jouer à des jeux à boire clairement stupides, mais drôles ? Danser ? Oh ! Je t’ai jamais vu danser… Je veux voir ça ! Tu voudras bien danser avec moi ?! Je fais “la fille”,t’inquiète !”

Son regard pétille à l’idée de danser avec le géant. Même s’ils vont ressembler à… à pas grand chose en fait, entre sa carrure de demi-allumette et la carrure de géant de Zéphyr. Mais Silène s’en fiche ! Il veut danser avec son ami ! Il boit peut-être un peu trop vite sa bière. Il repose son verre et sautille presque d’impatience devant son géant préféré.

Le voir rougir et détourner le regard des filles… ça n’a pas de prix. Qu’il est adorable. Comment font-elles pour ne pas voir comme il est adorable ? pourquoi est-il encore seul ? Et pourquoi ne peut-il pas le rendre heureux ? C’est injuste de voir toutes ses qualités, de toujours être à ses côtés mais ne pas pouvoir lui offrir ce dont il a besoin. Ce n’est pas faute de le vouloir… Silène a un soupir à peine perceptible.

“Oui, danser ! Et pas la valse.. C’est terriblement ennuyant la valse !” Il secoue doucement la tête. “Tu es bien trop mince pour ressembler au père Noël… A la limite, Jack Skelington… Et crois-moi, j’adore Jack Skelington, c’est le meilleur personnage de dessin animé moldu ! Mais si t’as pas envie de danser, je vais pas te forcer… Je suis pas un monstre !”

Il l’écoute reprendre sur les filles. Décidément, il ne comprendra jamais ces filles qui ne voient pas la valeur du géant. Il a tellement de douceur et de tendresse à revendre. Il ne comprend pas comment on peut refuser à Zéphyr d’offrir tout cela. Aime-moi, je t’assure que je t’aimerai tout autant en retour. Ses yeux ne disent que cela en l’observant. Il aimerait tellement être celle qui se love contre lui. Mais il n’est pas “elle”. C’est un peu le drame de sa vie. S’il ne s’était pas autant aimé en homme, il aurait pu changer pour quelqu’un comme Zéphyr. Mais la vie est ce qu’elle est, et il n’est qu’un homme qu’il n’aimera jamais. Fin de l’histoire.

“Elles ne savent juste pas ce qu’elles râtent franchement… Mais je te comprends, je crois qu’on finira tous les deux entourés d’animaux et on sera pas plus mal comme ça ! L’amour, c’est franchement trop compliqué et les humains aussi !” finit-il par dire en haussant les épaules.

Il regarde son verre déjà vide. Il aurait bien bu pour oublier la tristesse de leurs désirs si compatibles et si incompatibles à la fois. La question des enfants… Il ne se l’est jamais vraiment posé. Sans doute parce que la parentalité lui fait peur. Parce qu’il sait comme les parents peuvent dévaster la vie d’un enfant. Il ne veut pas de ces responsabilités là. Et puis, quand on est gay, on se fait sans doute à l’idée qu’on aura pas de descendance ? Lui, il s’était fait à ça. Il n’avait jamais songé à être papa. Et il n’y avait pas son père pour lui demander des petits enfants. Lui, il voulait que la lignée de sa mère se finisse avec lui. C’était sa vangeance personnelle en quelque sorte.

“Quoi ? Tu as peur de ma colère maintenant ? Est-ce que je me suis déjà énervé contre toi, Zephy ?”

Non. Jamais. Il n’y arrive pas. Même quand Zéphyr l’exaspère à être trop gentil et à ne pas voir qu’on profite de lui. Jamais il ne s’était énervé contre lui. Il l’aimait trop pour ça. Mais oui, sa question est inattendue. Un peu destabilisante. Il pose son regard bleuté dans celui du géant. Il ne sait pas bien quoi lui dire en fait. Il réfléchit, se mordillant un peu la lèvre.

“Je me suis jamais posé la question, parce que… Je veux pas d’enfants.” finit-il par dire d’une voix un peu pensive. “Je veux pas… Je veux pas avoir cette responsabilité, tu vois… Je… J’ai grandi élevé par mon père et… J’ai vu tous les sacrifices qu’il avait fait pour moi… Et… Je suis pas capable d’une telle abnégation… Et puis… Je suis pas fichu de m’occuper correctement de moi, alors m’occuper d’un enfant… Ce serait un massacre ! Je préfère être le tonton préféré de tes marmots !”

Il rigole pour ponctuer sa dernière phrase. Il s’imagine bien au milieu de gamins presque aussi grands que lui, à leur apprendre les pires bêtises du monde.

“Tu me laisseras être le tonton gâteau de tes enfants hein ? Vu que je t’ai pas obligé à danser avec moi…”

Il lui donne un petit coup d’épaule en rigolant. Peut-être que l’alcool lui monte déjà un peu à la tête parce qu’il perd un peu l’équilibre et s’accroche au géant. Il reste collé à lui. Parce que c’est vraiment agréable d’être contre lui. Il pourrait rester collé à lui pour l’éternité ou presque. Il soupire doucement.

“T’es hyper confortable, Zéphy… J’peux rester un peu là ?”

Cette proximité avec le géant, Silène n’a jamais su dire si cela lui faisait du bien ou beaucoup de mal. Un peu des deux. En un sens, il avait une relation privilégiée avec lui, et une amitié sincère et profonde. Mais d’une autre côté, de son côté, il y avait aussi ce goût d’incomplet, d’amour invisible.

“Super, j’ai toujours rêvé d’être le tonton qui apprend toutes les bêtises aux gamins et qui laisse le bazar aux parents !” rigole-t-il à sa réponse.

Il reste lové contre le géant. On doit réellement les prendre pour un couple là. Ce n’est pas pour le gêner. Mais cela explique peut-être le désert sentimental dans lequel ils sont tous les deux. Pourtant, même en sachant ça, il n’a pas envie de mettre de la distance entre eux. Peut-être qu’il préfère cette affection désintéressée du géant que le véritable amour avec tout le lot de complication qui va avec. Avec Zéphyr, tout est simple…

“Hm… Je comprends… Tu sais, j’ai pas eu une enfance malheureuse… Au contraire, j’ai grandi en plein Paris, mais mon père était fleuriste, alors c’était un peu une jungle notre appartement au dessus du magasin… Et puis… Mes grands-parents vivaient en Bretagne, j’ai eu l’occasion de courir partout… De me casser une jambe en grimpant dans les arbres aussi… Je pense que c’est la Magie qui a fait que j’suis pas mort en tombant…”

Il n’avait jamais trop parlé de tout ça avec Zeph. Ni avec qui que ce soit en fait. Il fallait qu’il soit un peu éméché pour parler aussi naturellement de son passé. De son enfance. De son père. En général, il restait silencieux sur tous ces points. Parce qu’il savait que beaucoup se seraient apitoyés sur son sort ou aurait tirés des conclusions hâtives sur ses actuels choix de vie. Mais pas Zéphyr. Peut-être parce qu’il ne réfléchissait pas si loin. Beaucoup auraient vu sa simplicité de pensée comme un défaut, pour Silène, c’était une bénédiction, compensant sa capacité à angoisser, à trop penser.

“Oh oui ! Une ferme, c’est génial… Hm, je crois que j’aime bien vivre en ville aussi… Il me faut un milieu tu vois… Mais peut-être que plus vieux, je préfèrerai la campagne… Surtout si tu m’invites à vivre avec toi, je pourrai pas refuser ça !”

Il relève un peu le nez en l’entendant dire qu’il trouvera un petit ami. C’est étrange, mais dans la bouche du géant, cela sonnait tristement. Il ne voulait pas entendre ça de sa bouche.

“Hm… Je sais pas si j’y gagne à trouver un petit ami, ça me dit bien de juste vivre avec toi et des animaux pour le reste de ma vie…” répond-il avec une petite moue avant de lui sourire.

Puis il se décolle de son ami. Histoire de ne pas passer pour une sangsue. Et puis, ils vont peut-être un peu bouger. Il attrape la main libre du géant. S’il n’a pas le courage d’aller voir ces filles, il va l’avoir pour lui. Il l’entraîne vers les jeunes filles, et il leur fraie un chemin pour rentrer dans leur cercle.

“Excusez-moi, on se connait pas encore, mais… Je vous assure que vous devez faire la connaissance de mon incroyable ami Zéphyr… Donc Zéphyr et moi-même, Silène, son humble ami, aimerions passer un peu de temps avec vous… Vous êtes en quelle année ? On est en vétomagie et vous ?”

Eh oui, Sisi était capable d’arriver comme ça dans un groupe et attirer la sympathie sur lui et par ricochet sur son ami. N’était-ce pas masochiste de lui offrir l’opportunité de trouver le grand amour ? Sans doute, mais Silène voulait que son ami soit heureux… Avec une fille bien, si ce n’était pas avec lui…

Regarder son ami se confronter à d’autres personnes était quelque chose d’assez étrange.Un certain malaise émanait de lui, et en même temps un tel charme. Silène ne pouvait pas résister. Il le trouvait si adorable avec son accent, ses hésitations. Il détourna le regard pour discuter avec la rouquine qui lui demandait comment était Beaux-Bâtons. Silène n’avait aucun mal à bavarder, à faire quelques traits d’esprit, tout en surveillant du coin de l’oeil son ami. Et quand il le vit partir, il eut un regard pour la brune, l’espace d’une petite seconde, son regard fut rempli de mépris. Comment pouvait-elle éviter un jeune homme si adorable ? C’était frustrant. Révoltant. Il était tellement jaloux de ces filles. Enfin, la rouquine était sympa… Il échangea encore quelques phrase avec elle puis s’éclipsa à son tour pour retrouver son ami au bar.

Silène glisse une main dans le dos de son ami, le caressant doucement.

“Si elle te prend pour un idiot, c’est qu’elle ne voit pas la moitié de ce que je vois... “ souffle-t-il d’une voix rassurante.

Il l’aime son géant. Il l’aime tellement. Il voit bien sa simplicité, sa naïveté, mais il a l’intelligence des gens bons, il est doux, attentionné, gentil, terriblement gentil. Il trinque avec le tatoué. Il aimerait tellement lui faire comprendre, lui faire voir tout ce que lui voit. Un être exceptionnel. Silène boit un peu plus doucement que les premiers le verre que son ami lui a offert. Et lance un regard surpris à son ami. Ow, c’était une invitation pour une escapade rien que tous les deux ? C’est surprenant. Très agréablement surprenant.

“Tu veux te saouler avec moi ? Dis donc, je vais demander à plus de filles de mal te parler si ça me permet de t’avoir rien que pour moi…” répondit-il avec un petit sourire. “J’suis chaud, j’suis toujours chaud pour renouer avec mes origines de moldus, tu le sais !”

Il finit le verre qu’il en encore en main d’une traite, et s’accroche au bras de son ami, tout content. En route vers le monde Moldu ! Ils cheminent hors du bar, Silène ne marche déjà plus très droit. Mais il s’en fiche, il est avec Zéphyr, pour toute la soirée, rien que lui et l'immensité du monde moldu.

“Tu sais, elles savent pas ce qu’elles perdent, vraiment ! En plus, je suis sûr que t’es un amant tellement doux et attentionné… Je suis sûr que c’est parfait au lit avec toi… Et en plus, ton lit est trop immense, c’est trop bien pour après !”

Il fronce les sourcils, soudain prit d’un énorme doute. Un affreux doute.

“T’as déjà… Enfin… T’es pas puceau ? On a jamais parlé de ce que tu faisais vraiment avec tes copines mais enfin… Enfin… T’as déjà ?...; J’te gêne peut-être à parler de ça ? T’es un peu pudique comme mec en vrai… D’habitude, les hétéros me balancent touuuute leur vie sexuelle, en mode trophée de mec viril, mais pas toi… T’es trop adorable toi… C’est dommage que t’aime les files en vrai…”

Oui, Silène parlait trop. Oui, Silène était déjà bien attaqué par l’alcool. Oui, Silène était toujours pendu à son bras. Oui, Silène était rouge des joues jusqu’aux oreilles… C’était une riche soirée qui s’annonçait pour Zéphyr, à le traîner accroché façon koala à son bras…

Rigolo ouais… Pourquoi avec une telle évidence sous les yeux Zéphyr n’arrivait pas à comprendre ? Il allait dire un truc, mais le tatoué le coupa en lui confiant sa bière. Silène se retrouva contraint de la prendre et de suivre. Non mais… Zéphyr n’allait pas jouer les marieuses pour lui quand même ? C’était improbable. Silène sourit un peu gêné quand le demi-géant le présente au groupe. Ils doivent passer pour deux relous qui s’incrustent non ? Quoique, Zéphyr a l’air vraiment sympathique… Il est si mignon, bon sang. Silène ne peut s’empêcher de le dévorer un peu des yeux alors qu’il dresse d’eux un portrait pas complètement faux.

“Oui, et puis, tu peux pas vivre sans moi, avoue que je suis ton guide spirituel…” commente Silène avec un sourire sarcastique.

Il croise le regard de l’autre garçon. Il essaie de sourire un peu. Ce qui n’a pas l’air de franchement intéressé le gars en question. Il souffle comme le vent du désintérêt. Silène en a un peu l’habitude mais ça ne rend pas l’expérience plus agréable pour autant. Il boit une gorgée de bière et rendant à son ami son verre par la même occasion. Il sent bien que Zéphyr fait des efforts pour rien. C’est mort… Le mec n’essaie même pas de croiser ses yeux. Silène sourit en entendant Zéph les vendre maladroitement comme êtres au grand coeur. Sérieux ? pour l’aider à pécho, y’avait mieux.

“On est un peu des utopistes aussi… Enfin surtout lui… Je suis notre bon sens… Des fois.” sourit-il en se laissant quand même serrer par le grand bras autour de ses épaules.

Bon sang Zéphyr, arrête de toujours me serrer contre toi. Franchement, tu veux que je fasse comment pour draguer alors que j’ai toujours l’impression qu’un jour tu vas me faire une grande déclaration ? Vraiment, Zéphyr… Faut qu’on arrête… Et Zéphyr essaie ensuite de me faire passer un message avec une discrétion… Tout à fait relative. Silène lève les yeux au ciel.

“Oui je sais…” souffle-t-il aussi en français à son ami. “Ça se voit !”

Puis il sourit aux autres qui le questionne déjà sur la France, là d’où ils viennent. Il répond évasivement avec quelques traits d’humour, histoire de meubler quelques minutes. Puis en finissant son verre, il se tourne vers Zéphyr.

“On va aller se recharger ? C’était sympa de discuter un peu avec vous ! A une prochaine !”

Merci, au revoir, m’sieurs. Il attire le grand tatoué à sa suite. Et se met à rire.

“T’es le pire matchmaker du monde, Zéph… Mais c’était mignon de te voir essayer de me caser… Tu vas tellement devoir finir la nuit avec moi si ça continue, mec !”

Et lui commençait à être sérieusement pompette…

“J’te préviens, dans deux verres, j’pourrai plus marcher, même en zigzag…”

Entendre le grand brun lui promettre de dormir avec lui, c’est quelque peu amusant. Il ne se rend compte de rien. Il se doute bien qu’Ariel ne sera pas contre son passage. Et puis il n’en saura sans doute rien. Il se dit que cela sonne comme une promesse bien agréable pour une soirée plutôt ratée. Il rigole en entendant le tatoué parler de le porter.

“Owi, tu me porteras dans tes bras musclés, je serai ta princesse et toi mon preux chevalier, Zeph !”

Il acquiesça en l’entendant parler de cidre. Il aimait bien cet alcool. Ses grands-parents en produisaient dans leur ferme, alors le goût de cet alcool réveillait souvent de bons souvenirs en lui. Alors il n’était vraiment pas contre. Et puis qu’importe l’alcool pourvu qu’on en ait l’ivresse ! Et puis, commander du cidre semble provoquer le côté dansant de son ami, alors que demander de plus ? Il suit son ami en riant. Il ne se fait pas prier pour sautiller lui aussi, pour danser avec bien plus d’aisance. Se laissant porter par le rythme de la musique, ses pieds comme ses hanches répondant aux notes de rock. Il n’a rien de viril quand il danse, mais il a quelque chose de sincère, de vraiment unique dans sa façon de danser.

“A mulatto, an albino, a mosquito, my libido !” entonne-t-il avec son ami.

Il s’amuse. Il se sent tellement bien quand il est avec son ami. C’est terrible de se dire qu’il ment à Zéphyr pour profiter de ces moments-là. Si il savait, est-ce qu’il accepterait de danser comme ça avec lui ? Est-ce qu’il accepterait cette proximité ? Est-ce qu’il se dirait qu’ouvrir un refuge avec lui est une vraie bonne idée ? Il n’en sait rien. Il craint que non.

A la fin de la musique, il tombe dans les bras de son ami, un peu trop éméché pour tenir bien sur ses jambes très longtemps. Il rit. Il est si bien. Il s’accroche au cou de son ami. Il le regarde un instant. Se perdant dans ses yeux bleus. Et puis finalement, à quoi bon mentir encore ? Il se met sur la pointe des pieds. Ses lèvres se posent au coin de celles de son ami. Message clair sans pour autant abuser de lui. De toutes façons, il est bien trop petit pour voler un vrai baiser à son ami. Sans son accord, c’est bien trop compliqué. Et c’est probablement une erreur. En fait… Il ne sait pas. Son esprit n’est pas très clair. Il regarde son ami. Sans savoir quoi dire. Ce n’est sans doute pas à lui de parler…

Le silence qui suit le baiser, c’est encore le baiser, non ? Un peu comme le silence qui suit du Mozart, non ? Enfin pour Silène, c’était un peu le cas. Quoique, le silence devenait un peu angoissant. Il avait l’impression qu’il durait des heures. Des mois. Des années. Et le choc fut rude. Le retour à la réalité. Au delà des mots -auxquels il était un peu habitué-, ce fut le choc de sa tête contre le bois du tabouret qui le ramena de plein fouet dans le monde réel. Est-ce que ce bâtard venait de lui gâcher un putain de moment romantique qu’il attendait depuis des années ? Genre, c’était bien ça qui se produisait ?! C’était genre carrément pas possible ça. En l’espace d’une seconde, Silène bascula de l’amoureux niaiseux à la pire des furies. Sa colère grimpant en flèche. Il se releva en s’appuyant contre le tabouret. Ils avaient du bol d’être des putains de moldus, parce qu’autrement, il les aurait défoncé à coup de sorts pas sympathiques.

Zephyr le devance un peu. La violence de son ami est surprenante. Elle fait s’arrêter le petit français. L’espace de quelques secondes. Wow. Il n’avait jamais vu son ami dans un tel état d’énervement. C’était assez impressionnant. Presque flippant en fait. Mais en vrai, ils l’avaient bien cherché ces bâtard ! D’ailleurs celui qui voulait choper son ami par derrière se manger un bon coup de genoux dans les couilles et voit son nez rejoindre dans la foulée le genou du sorcier. Dans ta mouille, connard. Bizarrement leurs gestes combinés semblent faire reculer les autres gars.

“Alors c’est qui les pédés ?! Putain, vous avez perdu vos couilles ou quoi ? Allez tous bien niquer vos mères !” crache le petit rouquin hargneux.

Mais il sait aussi qu’il vaut mieux qu’ils profitent de cet espèce de moment de flottement pour se casser. Histoire de ne pas se faire attraper par la police. Ce serait dommage de finir en garde à vue chez les moldus. Il attrapa le bras de Zephyr. Ils devaient se barrer. Assez vite. Il attira le géant dehors. Ils devaient vraiment partir avant de s’attirer plus de problèmes. Il attira le grand brun vers une ruelle, les faisant se cacher dans une porte de garage. Il serra le tatoué dans ses bras pour l’entraîner dans son transplanage.

Et ils atterrirent pile à côté de son lit. Se vautrant dans sa chambre. Et autant, transplaner en temps normal ne lui faisait rien, mais là… Il attrapa sa poubelle à côté de son bureau et vomit tout le contenu de son estomac, sans grâce aucune. Il avait la tête qui tournait. Et maintenant, il réalisait qu’un truc poisseux coulait de son crâne à son front puis sur ses yeux. Merde. Il saignait. Rah. C’était la pire soirée du monde. Mais avant de râler, il se souvint qu’il n’était pas seul.

“Zephyr ! ça va ?! Ils t’ont pas fait mal ?” demanda-t-il d’un coup inquiet, s’approchant de son ami.