La difficulté d'un métier

Mr Blake a disparu depuis deux mois. Le 17 octobre plus précisément. L'Alerte avait été donné le jour même. L'absence du Secrétaire du Département des Ministère est un cas de force Majeur. Son épouse est enceinte. À voir son ventre bien rond, le terme de son accouchement ne devrait pas tarder. La jeune femme a tout d'une cible de choix pour servir de point de pression. Pour éviter tout risque, elle est sous la garde rapprochée d'une équipe d'Aurors. Les surveillances durent quatre heures au maximum. C'est au tour d'Eurydice de prendre la relève. Après les formalités d'usage auprès de l'Auror dont elle prend la relève afin de lui signaler que cela est bien elle et non un de ces terroristes encapuchonnés qui se serait servi de polynectar pour prendre son apparence tout, elle commence sa surveillance.

Nyx est chez l'une de ses plus proches amies. Ne pas se retrouver seule. Ce jour là, elle décide de retourner à son domicile. Eury la suit à bonne distance. Assez loin pour ne pas empieter sur l'espace vitale de la jeune femme. Assez près pour réagir en cas de problèmes.

Un journaliste est parvenu à se glisser jusqu'à la porte de la jeune femme. Ces putains de vautours ne cherchant qu'une chose : du sensationnel. À écrire leur putains d'articles avec les larmes des victimes. Comme si cette affaire n'était pas assez difficile comme ça.

Difficile car les recherches pour retrouver Mr Blake ne donnait rien de bien concret. Plus le temps passe et plus l'étau se resserre. Difficile et c'est un euphémisme pour son épouse. La voir ainsi, aussi dévastée serre le coeur de l'italienne. Et ce foutu journaliste qui ne lâche pas l'affaire.

Eurydice attrape la plume à papote du charognard et sans ménagement elle la brise en plusieurs morceaux.

- Elle ne répondra à aucune de vos questions.

L'Auror tente de garder son calme, bien que l'envie de faire subir le même sort que sa plume à papote au Fouille-Merde soit véritablement tentant.

- Et si vous ne voulez pas être envoyé à Azbaban, je vous conseillerais de déguerpir au plus vite. Soyez en sûrs, nous ne vous ferons aucun cadeau.

Son regard est sérieux. Assez explicite pour que le journaliste puisse comprendre qu'il ne s'agit pas là de paroles en l'air.

L'incident avec le journaliste est clos. Le Fouille-Merde étant bien énervé et bousculant au passage l'Auror, qui n'en tient pas rigueur. Le principal étant qu'il ne soit plus là et qu'il ne réalise pas son article pour son torchon.

Nyx la remercie et lui propose de boire une tasse de thé. L'italienne lui répond avec une douceur qui contrastait avec la scène précédente.

- Volontiers Miss.

Pendant que la jeune femme se dirige dans la cuisine pour préparer les tasses, l'italienne observe les alentours, l'agencement du salon, la décoration sur les meubles. Cet espace que le couple à créé ensemble. Déformation professionnelle dirons-nous.

- Ce n'est pas grave Nyx... Je suis Miss Di Scipio. Vous pouvez m'appeler Eurydice, si vous le préférer.

L'Auror comprend parfaitement que la jeune femme en face d'elle n'a pas la tête à se souvenir le nom de tous les Aurors qui veillent sur elle. Eurydice sirote son thé et le repose sur la table basse.

Les sourcils foncés, elle prend la lettre que lui tend la jeune femme. Encore une. Mais en dehors de l'écriture, impossible de connaître la provenance du courrier. Sans quoi, l'affaire aurait vite été réglée. Mais un jour, ils feront une erreur, et à ce moment là, ils seront cueillis comme il se doit. Eurydice lit le contenu du courrier.

- Votre époux est toujours vivant.

Le reste de la lettre qui concerne les tortures subis par Mr Blake, elle ne le dit pas a la jeune femme. Car il s'agit là pour les DeathWings d'un moyen de faire souffrir la jeune femme et la mettre sous pression afin qu'elle cède. Afin de la faire craquer.

- Nous faisons tout pour le retrouver. Ne perdez pas espoir.

Son regard se pose sur le ventre rond de la jeune femme. Elle lui demande avec douceur.

- C'est pour bientôt ? Vous avez choisi le prénom ?

Le geste de protection que fais la jeune femme enceinte sur son ventre est un réflexe naturel. Eurydice est surprise quand elle apprend que Nyx n'attend pas un enfant mais deux. Des jumelles.

- Toutes mes félicitations !

L'Auror apprend que le couple Blake a choisi le prénom de leur deux filles, deux jours avant la disparition du Secrétaire du Département des Mystères. Les Aurors sur l'enquête feront tout pour retrouver le sorcier vivant. Ils feront tout pour retrouver les DeathWings qui ont commis cet acte répugnant. Ces monstres sans morales.

En observant la photo du couple, elle y voir un couple amoureux. Heureux. Elle se fait la promesse à elle-même, que cette photo ne sera pas qu'un souvenir. Que d'autres viendront après. Des photos où deux petites filles se rajouteront. La question de Nyx la surprend. Pendant quelques secondes l'italienne repense à son compagnon. Torturé et tué devant ses yeux par des Mages Noirs. Elle repense à l'enfant qu'elle a perdu au cours de cette mission tragique. C'était il y a trois ans. Elle y repense de temps en temps. Certaines enquêtes ravivent les souvenirs douloureux. Celle-là en fait partie. Paradoxalement, c'est peut être ça qui lui donne cette volonté tenace de retrouver le disparu. Pour que la jeune femme en face d'elle ne vive pas ce qu'elle a vécu.

- Oui. J'ai rencontré mon compagnon après l'attaque. Comme quoi on a bien fait de me convaincre d'assister aux réunions pour les victimes.

Où plutôt, elle l'a retrouvé. Suite aux traumatismes liées à l'attaque de Poudlard, on l'avait convaincu d'assister aux réunions des victimes. C'est là qu'elle a retrouvé Adriaan. De fil en aiguille et de rendez-vous en rendez-vous, ils ont fini par se mettre ensemble. Elle n'oubliait pas pour autant son ancien compagnon. Mais elle commençait à faire son deuil. Ressentir à nouveau ce sentiment qu'est l'amour lui fait un bien fou.

Nyx a une révélation. Effectivement, la jeune femme a soigné l'Auror à Ste Mangouste. Cela revient à Eurydice aussi. Elle répond en souriant à la femme enceinte.

- Oui, je m'en souviens maintenant. J'espère pour vous que la plupart de vos patients ne sont pas comme moi.

Eurydice n'étant pas une patiente des plus facile. Si ça n'avait tenu qu'à elle, elle serait sortie de Ste Mangouste le jour même, quand bien même, elle n'était pas en état.

Suite à l'attaque de Poudlard, Ste Mangouste n'a pas eu de repos. L'afflux des blessés avait été impressionnant. Les équipes de médicomages et de guérisseurs ont travaillé d'arrache-pied afin de faire de leur mieux pour sauver le maximum de vie. Eurydice repense à son collègue Elijah. Si il a réussi à s'en sortir, il le doit en grande parti au medicomages qui se sont occupés de lui. Lui ainsi que plusieurs de ses collègues. Ceux encore du côté de la Justice.

- Il me semble avoir croisé votre mère.

Au cours d'un moment où elle avait tenté de fugué de l'hôpital, avec la chemise de nuit et la perfusion. Ce coup là Eurydice la Fugitive avait vite été rattrapé par un membre du personnel de l'hôpital magique. Peut être bien que la femme qu'elle avait croisé à ce moment n'était pas la mère de la jeune femme. Mais il y avait une ressemblance physique.

- Devenir médicomage est une vocation pour vous ?

Qu'elle demande par curiosité. La jeune femme semble être prise de contractions. Mais rien d'inquiétant. Juste les contractions normales à ce stade de grossesse. La jeune femme à un sursaut quand on saute à la porte. Une voix à l'extérieur clame qu'il y a un colis pour elle.

- Ne bougez pas.

Pour sa sécurité. Ne sait-on jamais. Ce livreur n'en n'est peut être pas un. Peut être est-il un journaliste. Ou pire un DeathWing. Il vaut mieux être prévoyant. Baguette en main, prête à agir. Peut être est-ce là de la paranoïa. Dans sa profession, il en faut. Elle entrouvre la porte, avec un air de Cerbère prête à en découdre. En face d'elle le livreur qui est un jeune homme d'une vingtaine d'année, la regarde avec des yeux ronds comme des soucoupes. Eurydice regarde le nom inscrit sur sa tenue. Dans le cas où le livreur n'est pas la personne qu'il est ou qu'il prétend être, ils le seront bien vite. Elle récupère le carton. Le livreur file vite et dévale les escaliers quatre par quatre. De retour auprès de la femme enceinte, elle lui demande.

- Vous attendiez une livraison ?

Peut être du matériel de potions ou des affaires pour bébés ? Elle laisse à la jeune femme, le soin de lire ce qu'il y a d'affiché sur l'étiquette de l'expéditeur du colis.

Contrairement à l'italienne, la mère de Nyx n'a pas tenter de fuguer de Ste Mangouste. Eurydice a donc bel et bien confondu la femme avec une autre. Peut être que les produits dans sa perfusion était plus fort qu'elle le pensait ?

L'Auror sirote son thé qui a bien tiédi au fil des minutes qui s'écoule. Elle écoute avec une grande attention la jeune femme parler de sa vocation de médicomage. L'Envie de Protéger.  C'est cette envie qui a donner à l'Auror la volonté de faire son métier.

- Sans médicomage, nous ne ferions pas long feu.

Auror étant un métier à risques. Sans les interventions des médicomages, les Aurors seraient dans de beaux draps. D'ailleurs, ils n'en seraient même pas là pour en parler tout court.

Après que le paquet mystérieux soit arrivé et quand l'Auror demande à Nyx si elle attend une livraison, le silence s'installe pendant quelques seconde. Eurydice remarque la tristesse sur le visage de la femme enceinte.

- Peut être voulez-vous attendre son retour pour ouvrir ce paquet ?

Ne pas abandonner. Ne pas sombrer en s'imaginant le pire. La femme enceinte laisse sa dernière phrase en suspend.

- Votre époux est un sorcier solide. Ne baissez pas les bras. Même si je comprend que ce que vous vivez en ce moment est terriblement douloureux, accrochez-vous. Vous êtes une femme forte.

Si les DeathWings ont capturé le Secrétaire du Département des Mystères, ce n'est pas un hasard. C'est qu'ils cherchent à obtenir quelque chose de lui. Tant qu'ils n'auront pas ce qu'ils veulent, ils le garderont vivant.

L'Auror observe Nyx avec une grande attention, le regard bienveillant, elle lui demande :

- Avant l'enlèvement de votre époux avez vous remarqué des détails inhabituels les jours auparavant ?

Le diable se trouve dans les détails. Le moindre indice peut être un élément pour se pencher sur une piste et faire avancer l'enquête. Se sont ils senti suivi ? Bien sûr, en raison des circonstances, que la jeune ne s'en souvienne pas n'est pas anormal. Mais qui sait ?

Quand Eurydice lui propose d'attendre le retour de son mari pour ouvrir le paquet, la jeune femme enceinte lui répond par la négative et qu'elle doit finir de préparer la chambre de leur bébés. Ce que Eurydice comprend bien. Elle lui répond avec un doux sourire.

- Très bien. C'est comme vous le voulez.

Quand Eurydice lui pose la question qu'elle a dû entendre plusieurs fois avant avec les autres Aurore, la jeune femme fronce les sourcils. Rien de particulier ne lui revient. L'Auror écoute ses paroles avec une grande attention. Le Secrétaire du Département des Mystères travaillait sur un dossier particulier. En raison du secret professionnel qu'oblige la profession, la femme enceinte ne peut pas en savoir plus sur ce dossier. Un dossier qui est une piste à creuser. Toutes les pistes sont à creuser.

- Votre époux n'avait aucun souci avec ses collègues ? Personne dont il se méfiait au sein de son équipe ? Ou un de ses collaborateur qui a paru avoir un comportement différent ?

Dans le cas où l'enlèvement a eu lieu en raison du dossier qu'il traitait et si cela intéressait les DeathWings. En raisin des trahisons de plusieurs sorciers et sorcières au sein même du Ministère de la Magie, il vaut mieux rester sur ses gardes.

Elle apprend que Charly Blake était parti voir ses parents. Sa disparition est venue après. Il faudrait aussi creuser de ce côté là. Interroger les parents. Le voisinage. Tout ce qui est possible pour obtenir des informations.

Il est temps d'ouvrir le paquet encore fermé. Ce que fait Eurydice après que Nyx en ait fait la remarque. Elle prend soin de ne pas abîmer le paquet. Elle observe à l'intérieur. Rien d'anormal. Dedans on peut y trouver des affaires pour bébés. Elle a un sourire attendrit en regardant les hochets à l'intérieur.

- Voulez-vous que je vous aide à les installer ?

Qu'elle demande. La femme enceinte a peut être envie de faire cela toute seule. Ce qu'Eurydice comprendrait parfaitement. Préparer la chambre de bébé à venir est une étape importante.

La femme enceinte n'a eu connaissance d'aucune remarque particulière en ce qui concernent le patron ou les collègues de son mari. Elle demande à l'Auror, si ils ont fouillés ses affaires. Une question bien légitime.

- L'équipe en charge de l'affaire fait le nécessaire.

Il y a une plaie que l'on appelle : les formalités administratives. Pour fouiller les bureaux, il faut des accords de sorcier plus haut placé au sein de la hiérarchie. Mais nul doute, qu'Arthur finira par les avoir ces foutues autorisations. Dans le cas contraire, si cela tarde trop, ils devront utiliser des moyens moins professionnels dirons-nous.

Eurydice laisse le temps à la femme enceinte de regarder les affaires qu'il y a dans le colis. Elle veut bien de l'aide pour l'aménagement de la chambre des jumelles. Celle-ci est dans les tons verts tendres avec quelques touches de mauves. Un très bon choix selon Eurydice. Loin des clichés. À l'aide de sa baguette et de ses biscotos, elle s'occupe de ranger les affaires là où Nyx veut qu'elles soient.

On frappe à la porte, Eurydice lance un regard à sa montre. Les quatre heures de surveillances se sont presque écoulées. On frappe à la porte. Il s'agit de l'Auror en charge de prendre la relève. Eurydice fait les vérification d'usages afin de vérifier que la personne en face d'elle soit bien celle qu'elle dit et pas un mage noir ou un journaliste sous Polynectar. Ces charognards étant prêt à tous les stratagèmes pour obtenir ce qu'ils veulent. Souriant à Nyx, elle prend congé d'elle en la saluant poliment. Elle rajoute à son attention.

- Prenez soin de vous. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, n'hésitez pas.

Eurydice dévale les escaliers quatre par quatre. La journée de l'Auror n'est pas encore terminée, pour autant. Après avoir grignoté un sandwich, qu'elle aura pris rapidement dans une boulangerie, elle va se remettre à la tâche. C'est qu'il y a un homme à trouver de toute urgences. Chaque minute est précieuse. Le temps est compté.