Après avoir traversé la Manche (ou plutôt, traversé les voiles telluriques) aux aurores à l'aide d'un portoloin, notre charmant sorcier s'inscrivit sur le registre du Ministère de la Magie britannique.
Le premier étage du Ministère, était un long couloir circulaire autour duquel des plateformes ouvertes abritaient des bureaux lustrés. Occupées sur celles-ci, des machines à écrire ensorcelées frappaient d'un cliquetis précipité tandis que des beuglantes et avions en papier colorés prenaient leur envol afin de rejoindre leurs destinataires. Un paysage tout à fait ordinaire pour qui vivait dans le monde de la sorcellerie.
Il est inutile de vous décrire l'ennuyeuse matinée de notre charmant personnage plus en détail. Tout ce qu'il vous est à peu près utile de savoir est qu'il passa pas moins de deux grandes heures au bureau des registres d'employés ministériels, section étrangère. Une file monstrueuse défila sous ses yeux avant que le numéro affiché sur son tiquet ne soit appelé par un gobelin fort peu appréciable. Puis, on lui remit son permis d'accès au département de la Justice Magique sans plus de cérémonie, et le Français put reprendre sa route.
Il n'était pas moins de neuf heures et quart lorsque Quentin pénétra enfin dans le bureau de la Brigade de police magique sous la tutelle du directeur du département qui le présenta à Travers, sa supérieure. Les brigadiers furent tous étonnés de voir un homme en pleine trentaine prendre service dans leur section et Quentin ne se laissa aucunement intimider. Alors qu'on lui fit faire le tour des locaux, il ne manqua pas de faire taire les plus curieux d'un simple regard. Il fallait dire que du haut de son mètre quatre-vingts dix, vêtu de sa robe de sorcier en cuir noir, sa carrure de guerrier et sa voix rauque à l'accent français, il n'était pas bien difficile de le remarquer. Néanmoins, son regard foudroyant nimbé d'expérience vous faisait vite oublier sa présence s'il vous prenait l'envie de le regarder un peu trop longtemps. Villargent n'était pas bête. Il savait qu'on ne l'accepterait qu'en étant témoin de sa valeur. En vérité, cela lui importait peu, il n'avait rien à prouver. De plus, il avait bien l'intention d'être transféré au bureau des Aurors, son vrai métier. Toutefois, la première impression était décisive, et se faire marcher sur les plates-bandes ne faisait pas parti de ses principes.
Après avoir fait le tour du service et serré des mains, Quentin fut finalement laissé aux soins… d'une gamine.
Elle devait avoir dans la vingtaine, mignonne comme tout, elle aurait pu être sa petite soeur. Le blond haussa les sourcils. Il fut partagé entre l'incrédulité et la méfiance. Il savait de source fiable que les anglais avaient un sens de l'humour particulier, mais si l'on cherchait à se moquer de lui, alors celui ou celle derrière tout ça n'avait pas fini d'entendre parler de lui.
En temps normal il aurait pu apprécier de telles facéties. Mais la période qu'il traversait actuellement ne pouvait pas laisser de place aux plaisanteries malicieuses.
Villargent repris vite contenance et tendit sa main dans un geste de salutation polie, le regard foudroyant.
« - Bonjour mademoiselle... »
« halloween »