C'est pour les faibles // Eltanin T. Cadfan

L’appartement est calme, quelque bruit résonne dans le bureau de Richard, du verre qui cogne, un feu doux, un liquide bouillonnant… Il est tard, une heure du matin ? Peut-être deux ? Il ne sait pas, le temps est passé si vite. La potion sur laquelle il travaille est complexe, enfin, il l’a rendu complexe. Tester de nouvelles choses demande du temps et beaucoup de concentration, mais ce soir, la concentration n’était pas au rendez-vous. Il était épuisé, les cours essentiellement… Il ne s’imaginait pas qu’être enseignant demandais tant d’énergie. On pourrait penser que des élèves d’une vingtaine d’années seraient capables de se tenir tout seul n’est-ce pas ? Que dalle. Mais bon, faire des potions le relaxait donc il en faisait... Beaucoup… Et pour la dernière préparation de la soirée, Richard s’est dit que jouer avec diverse ingrédient et produit tout aussi dangereux les uns que les autres pour créer un puisant philtre revigorant était une excellente idée… Il avait donc minutieusement dosé chaque ingrédient pour que le résultat final soit parfait, un véritable travail d’orfèvre.

Maintenant plus qu’à attendre que la potion repose, il avait largement le temps de se préparer un bon café, bien mérité, et de le boire à son aise. Pendant que le précieux liquide coulait dans la tasse, Richard pris le temps de noter les ingrédients utilisés dans son carnet, après tout, une telle merveille se doit d’être conservé. Il revient vers la potion avec son café bien chaud déjà à moitié vide. Haaaa… La potion a fière allure ! Plus qu’à la goûter pour s’assurer que tout est parfait. À peine la petite louche toucha ses lèvres qu’il sentit qu’un truc clochait, mais il était trop tard, il l’avait avalé. Pendant une demi-seconde, il se demanda ou était passé ses plus de 25 ans d’expérience, franchement, goûter une potion qui contient littéralement 100 % de produit toxique ! Débile ! Après seulement quelques instants, Richard sentis sa gorge brûlée et sa tête lui faire mal. Bien… Très bien… Il était empoisonné… SUPER. Il repassa tous les ingrédients dans sa tête, probablement un surdosage. Ça lui apprendra à faire des potions aussi complexes la tête dans le cul. Le mal de tête progressait, il commençait à voir trouble, dans disons… 20 minutes ? Il allait s’évanouir.

Ravalant sa fierté, il décide d’aller à l’hôpital St-Mangouste, il savait qu’il y avait un service empoisonnement par potion. Jamais, il ne pensait qu’il en aurait besoin, « c’est pour les faibles. » qu’il se disait toujours. Très calmement, Richard prend son vieux trench-coat accroché à son porte-manteau et son carnet et sorti de chez lui. Par chance l’hôpital n’est pas si loin, mais marché droit allait être un problème et il n’avait pas très envie de s’effondrer sur la chaussée en plein milieu de la nuit, il prit donc un taxi qu’il l’emmena devant un vieux magasin désaffecté. Richard paya grassement le taxi-man qui partit aussitôt qu’il était sorti de la voiture. Il ne donne généralement pas de pourboire, mais aujourd'hui était un cas appart. L’hôpital, enfin. Couvert de sueur, débraillé et avec un regard de tueur en série, voilà comment il s’est présenté à la réception

« Excusez-moi, mais je crois que je vais crever. »

I was born sick, and I love it.

Si t’avais connu des soirs de garde plutôt calmes, ça n’avait absolument pas été le cas aujourd’hui. Heureusement dans un sens, parce que franchement, devoir rester éveillé bien plus longtemps, tout ça pour finir par fixer un pan de mur à écouter tu ne savais quel patient insomniaque capable de raconter ses problèmes pendant des heures, ce n’était pas vraiment ce pourquoi t’avais signé ce contrat. Entre autre, certes, mais tu ne t’étais pas attendu à ce qu’il y ait autant de personnes avec un nombre incroyable d’anecdotes plus inintéressantes les unes que les autres. Ou alors celles qui profitaient d’être ici pour passer un examen complet te où chaque petite tache présente sur leur peau devenait un sujet important à traiter. Peut-être qu’à quelques reprises, par exaspération, t’as fini par dire à quelques personnes qu’il s’agissait d’un signe avant-coureur de dragoncelle ou autre maladie peu agréable. Peut-être. Mais ça ne t’était pas encore retombé dessus une seule fois, étonnamment. Donc t’allais bien tranquillement continuer si l’occasion se représentait.

Enfin, si la première moitié de ta garde s’était plutôt bien passée, les quelques nouveaux cas qui se présentaient n’étant soit pas spécialement graves, soit assez conciliants, il y avait eu cette adolescente. Tu n’avais rien contre eux généralement, ou en tout cas, t’avais moins de mal à les supporter que les enfants en bas-âge. Mais pour le coup, t’aurais encore préféré t’occuper d’une garderie plutôt que de ce cas-là. Que de cette personne dont la tolérance à la douleur était visiblement inexistante. Et qu’elle refusait absolument de boire quoique tu puisses essayer de lui administrer. Parce que soi-disant, elle ne te faisait absolument pas confiance et que tu pouvais très bien simplement essayer de la droguer ou tu ne savais quoi. Bien évidemment, t’avais que ça à faire à deux heures du matin, c’était bien connu. Parce que bon, c’était bien joli et gentil de se fournir tu ne savais où une potion qui devait illuminer son teint à une personne plus que douteuse, mais il ne fallait pas venir se plaindre après lorsqu’on se retrouvait à Sainte-Mangouste après.

Chose rare, ta patience avait atteint ses limites, et à défaut de ne pas pouvoir la forcer à boire quoique ce soit, au risque qu’elle ne s’étouffe – ce qui ne serait absolument pas une grande perte-, t’avais opté pour lui administrer l’antidote à l’aide d’une seringue tant qu’à faire. T’avais espéré que ça puisse la calmer un minimum, mais tu avais juste appris au passage que les faux ongles, ça pouvait faire extrêmement mal si la personne tentait de griffer qui que ce soit. Ah bah super, t’avais pas non plus signé pour finir avec le bras en charpie, même si c’était assez bénin au final, et qu’en plus elle avait rapidement été remise sur pieds, et t’avais pu quitter au plus vite la pièce.

Et même s’il te restait encore quelques minutes, 8 tout au plus, t’avais croisé un de tes collègues, et vous aviez tout bonnement décidés de rentrer respectivement chez vous, en ne vous privant pas de raconter vos mésaventures du jour. Mais arrivés non loin de la réception, t’avais remarqué le nouveau venu, qui franchement avait l’air plus que mal en point. Il arrivait encore à tenir debout, certes, mais pour combien de temps. T’avais tourné la tête vers ton homologue, voir s’il n’avait pas envie de s’en occuper, sauf que tu avais juste fait face à un mur. Cette personne que t’allais dès aujourd’hui qualifier de fils de pute avait visiblement profité de ton instant d’observation pour transplaner tranquillement et te le laisser sur les bras. Génial. T’aurais bien essayé de te réconforter en te disant qu’au moins tes heures étaient bien mieux payées qu’en journée, mais tu ne savais déjà pas quoi faire de ton argent en temps normal, horrible problème. Tu n’avais peut-être que trop peu de considération pour la vie humain, mais t’avais quand même envie de garder ton travail, alors tu t’étais avancé vers lui, assurant à la réceptionniste que t’allais t’en occuper.

« ▬ Vous croyez seulement ? Enfin, c’est plutôt positif, c’est qu’il y a encore une chance de vous sauver, on va quand même tenter de réussir. »

Sinon, t’aurais pu juste te contenter de fermer ta gueule, et de venir directement l’aider à marcher vers l’une des chambres que tu savais libre, prenant un de ses bras par-dessus tes épaules. T’avais profité d’ailleurs de ce trajet pour repérer les effets secondaires les plus visibles, bien que tu ne pourrais clairement pas directement définir ce qu’il avait. Tu l’avais aidé à s’asseoir sur le lit, prenant ta baguette pour pouvoir te faire parvenir ce qu’il y avait de plus essentiel, le plus rapidement possible.

« ▬ Vous arrivez à voir et entendre correctement ? Vous vous souvenez de ce qui a pu se passer, même si ce ne sont que quelques détails ? »

:copyright:️ 2981 12289 0

La réceptionniste n’eut pas le temps de dire grand-chose avant qu’un médecin n’arrive, lui assurant qu’il prendra ma charge, encore heureux ! Le médecin avait l’air de quelqu’un de confiance, enfin, j’aurais probablement fait confiance à n’importe qui maintenant, quoique que ce médecin à tout de même l’air louche… À vrai dire, je n’apprécie pas vraiment les médecins, ma dernière visite dans un hôpital doit avoir eu lieu il y a des années. Généralement, je me soigne moi-même, avec mes potions.

UNE CHANCE ? Comment ça une chance ? Et tenter seulement ? Je suis tombé sur qui là ? Je savais qu’il était louche, ça se voit dans ses yeux.

« Ouais, vous… avez plutôt intérêt à… à réussir »

Il prit un de mes bras pour m’aider à marcher, je ne l’aurais pas laisser faire dans d’autre circonstance mais soit, je ferme ma gueule et puis, je ne m’en étais pas rendu compte sur le chemin mais j’avais vachement la tête qui tournais, j’ai probablement dû m’appuyer de tout mon poids sur lui sans m’en rendre compte totalement. Il m’aida pour marcher, ou à me traîner en fait, dans une chambre et me déposa sur le lit. Il me posa une question.

« Je… Je vois légèrement trouble par contre… Je vous entends, un peu… trop bien, haaaaa… J’ai mal de tête ! »

Je n’avais pas réalisé que parler devenait aussi un problème, je haletais légèrement et je transpirais tellement, en même temps qu’elle idée de chauffer autant cette pièce !

« J’ai bu… une potion… faites maison, il était tard… j’ai surdosé quelque chose… Je crois ? MOI, faire une erreur PAREILLE ? Quel idiot ! »

Mon esprit commençait à s’embrumer de plus en plus, je vais bientôt m’évanouir si ça continue… Je devrais peut-être lui donner mon carnet, je n’aime pas cette idée mais je vais crever devant lui sans que cet idiot ne fasse rien d’utile ! Mais je ne vais pas donner mon précieux carnet de recherches à un parfait inconnu qui pourrait tous me voler ! Surtout lui là, il est fourbe ! Je le vois ! Mais bon, je me résigne, je dois bien survivre pour faire quelque chose de ces recherches… Et merde !

Je tapotais les poches de mon trench-coat bien trop humide à mon goût et pris le carnet de ma poche intérieure et le sorti et le pointant en direction de l’incompétent. J’étais passablement en colère.

« Mon carnet… à la date d'aujourd’hui… Les ingrédients que j’ai utilisés… Je t’assure mon gars… si tu fais quoique… ce soit à mon… carnet, je te défONCES ! »

Sur ce dernier mot, j’ai senti ma tête s’alourdir d’un coup et puis, le noir total.

I was born sick, and I love it.

Une chose qui était sûre et certaine, c’était que lorsque tu rentrerais que tu regagnerais un lit, tu ne le quitterais plus avant un bon bout de temps. Ce n’était pas que tu commençais à fatiguer, mais un peu quand même, en fait. Pas assez pour commencer à faire de la merde heureusement. Sinon tu n’aurais pas pris la peine de te proposer pour t’occuper de ce patient, t’étais pas inconscient, non plus. Pas encore, en tout cas. Face à son intervention, t’avais pas pu t’empêcher de sourire légèrement, peut-être le début de la fatigue. Sans doute, même.

« ▬ Ne vous en faites pas pour ça, il paraît que je fais encore plus de miracles que le Saint-Esprit à ce niveau-là. »

T’espérais ne pas être tombé sur un de ces Nés-Moldus ou Sang-Mêlé catholique qui prendrait mal la chose. Bon, après, s’il était vexé, ce n’était pas spécialement trop ton problème. Ce qui l’était un peu plus, c’était le sens de l’ironie que les patients semblaient perdre dès qu’ils mettaient le pied ici. Tu pouvais comprendre que ce n’était pas spécialement enjaillant de devoir se rendre à l’hôpital, mais quand même. Ca n’empêchait pas d’avoir un second degré quand même. Enfin. T’allais pas non plus lui en tenir rigueur, t’avais déjà dû supporter bien pire que lui. Surtout qu’il n’avait pas l’air non plus de jouer la comédie. Tu notais mentalement ce qu’il te disait, autant parler le moins possible si ça empirait son mal de tête. Tu n’allais pas t’amuser à l’exaspérer plus qu’il ne pouvait l’être. Et même s’il ne l’avait pas spécialement dit, t’avais noté qu’il commençait à avoir un certain mal à s’exprimer. Comme une certaine fièvre qui semblait monter. Ce que tu pouvais arranger facilement, vous aviez une tonne de de potions prévues à cet effet. Tu lui en avait donnée une d’ailleurs, ça ne pourrait que l’aider.

« ▬ Je vois, vous êtes habitué à en faire assez souvent j’imagine ? Vous avez eu le bon réflexe de venir ici au plus vite, je vous assure que vous ne devez pas être si idiot que ça. »

Tu ne le connaissais pas personnellement, non, mais au moins il n’avait visiblement pas tardé à venir ici. Un très bon réflexe qui aurait certainement pu sauver des dizaines de personnes. T’avais pris aussi quelques coussins à mettre sous sa tête, déjà pour que ce soit plus agréable et moins dangereux aussi. Mais voilà qu’il s’agitait, s’énervait même. Manquait plus que ça, tiens. Tu le voyais sortir un carnet. Quoi, c’était son journal intime ? Tu te doutais que non, que c’était peut-être quelque chose d’un peu plus important et de plus intéressants, peut-être un carnet de recherches, ou simplement des potions qu’il faisait lors de son temps libre, s’il était habitué à en faire.

T’avais visé juste, peut-être que t’aurais dû faire plutôt dans la divination. Ou juste devenir voyant, les clients auraient peut-être été un peu plus poLIS. Au moins le karma avait bien fait les choses pour une fois, c’était ce que tu te disais en le voyant perdre connaissance. Ca t’aurait presque donné envie de le brûler, son carnet à deux gallions là. Voir comment il viendrait te défoncer comme il le disait là tout de suite. Ah bah il ferait nettement moins le malin à ce moment là. Mais ce n’était pas vraiment conseillé. Donc t’allais retenir tes pulsions de pyromane là et juste regarder la page indiquée en essayant de ne pas t’intéresser aux autres que t’avais pu croiser. Tu t’étais permis de prendre quelques secondes pour soupirer un peu, avant de t’affairer le plus rapidement possible, autant bien faire les choses et éviter de juste le laisser mourir petit à petit.

Tu n’avais pas mis longtemps à voir l’erreur, un surdosage comme il l’avait bien indiqué. Ca n’allait pas être une mince affaire de préparer l’antidote, tout en gardant un minimum un œil sur lui. A moins que tu ne sois pas seul dans le service. Ce qui était heureusement le cas. T’avais laissé à ton collègue la surveillance du patient, allant préparer cette fameuse potion, le plus rapidement possible tout en restant concentré. Ce serait un peu con qu’il subisse un autre surdosage. T’étais revenu le plus vite possible auprès de lui. Visiblement ton collègue l’avait débarrassé de son trench-coat, ce qui n’était clairement pas une mauvaise idée. Comme lui administrer l’antidote, d’ailleurs. Ca allait prendre quelques minutes, pour qu’il puisse reprendre totalement connaissance. T’en avais profité pour t’asseoir sur une chaise près du lit et en reposant son carnet sur la table de chevet, même si l’envie de le lire était assez grande.

:copyright:️ 2981 12289 0

Mes yeux s’ouvraient sur un plafond blanc et très lumineux, un peu trop lumineux pour mes pauvres yeux pas encore habituée à la lumière et pour cette légère migraine persistante, mais bien moins violente qu’il y a… Combien de temps déjà ? Combien de temps suis-je resté endormi ? Je ne sais pas. Je mis le creux de mon coude sur mon visage pour me protéger de cette lumière. Mise à part le mal de tête, j’ai l’air d’aller mieux. Bien mieux. Il m’a injecté l’antidote vu mon insignifiante douleur au bras. Je le dépose le long du lit et regarde autour de moi, les yeux mis clos.

C’est là que je vis le docteur, celui qui m’a soignée, il est là assis sur une chaise à mon chevet, Mmmh… Étonnant, je pensais qu’il partirait dès qu’il en aurait fini avec moi. Il n’est peut-être pas aussi louche et fourbe que je ne le pensais au premier abord, et pas incompétent non plus, et pour cause, je suis en vie. Je devrais probablement le remercier avant de partir, il le mérite. Quoique je doute qu’il en ait quelque chose à foutre de mes remerciements, c’est son boulot. Pour lui, je ne dois être qu’un patient de plus, probablement même, un patient difficile, étant donné qu’il a réussi à trouver le remède à mon empoisonnement sans connaître les ingrédients que j’avais utilisé dans la potion ! Il n’est peut-être pas si nul, peut-être même… Bon ? Le seul endroit où il aurait pu trouver cette liste d’ingrédients, c’est dans mon… Carnet…

…

« MON CARNET ! »

Je me suis relevé violemment, un peu trop violemment, mon crâne n’a pas apprécié du tout. Mais qu’importe ! Le lit avait grincé d’un coup. Je regardais à gauche, à droite rapidement et je l’ai vu sur la table de chevet, juste à côté de lui, si proche de lui. Je le pris rapidement, presque agressivement. Je l’ouvris pour feuilleté les pages à la recherche de la moindre feuille manquante, du moindre signe qu’il ait pu le lire, mais rien. Il n’a pas l’air d’y avoir touché plus que ça. Et d’un coup, je me sens stupide, je suis trop parano parfois, c’est ridicule, il n’a fait que me soigner rien de plus. Je suis puéril… Je me relaxe, mais garde le petit livret en main et le dépose sur le lit. Je regarde ailleurs, légèrement embarrassé.

« Hum… Merci, Pour m’avoir soigné… Je crois ? »

Sérieusement, « Je crois ? », il mérite au moins un véritable remerciement. Mais bon, je ne vais pas lui dire merci 20 fois ! Il n'a pas accompli un miracle non plus.

« Je m’appelle Richard, au fait. »

I was born sick, and I love it.

T’aurais bien aimé rentrer là tout de suite. Mais au point où t’en étais, tu te disais que tant qu’à faire, autant que les choses soient bien faites. Que même si tu pouvais demander à quelqu’un d’autre de rester jusqu’à son réveil, ça ne prendrait normalement pas beaucoup de temps, et c’était toujours mieux de voir s’il avait un quelconque autre symptôme qui se déclenchait. Parce que s’il avait un problème, que personne n’y réagissait, ça retomberait sur toi. Et ça, t’en avais franchement pas envie. Tu t’étais permis de bâiller alors qu’il ne bougeait pas encore, à cette heure-ci, c’était compréhensible de toute manière. Puis t’avais mis ta main devant ta bouche aussi. T’avais laissé ta tête retomber un peu en arrière, fixant la lampe quelques secondes. T’avais presque hésité à faire une sieste. T’étais même prêt à la commencer, mais on t’avait grossièrement interrompu, par une exclamation.

Fallait se calmer là. T’avais failli te péter la gueule de ta chaise pour le coup. Ce qui aurait été un peu ridicule et dangereux aussi. Pas la peine que tu te casses quoique ce soit, même si t’étais déjà à l’hôpital. T’avais un peu cligné des yeux avant de te redresser totalement et de le fixer. Tu avais légèrement tendu un bras vers lui la main levée. Juste pour pouvoir un peu le rassurer, si ça pouvait aider ne serait-ce qu’un minimum.

« ▬ Eh, calmez-vous, il est…juste là., il n’est pas du tout perdu ou…volé. »

T’étais plutôt bien placé pour savoir que les recherches pouvaient être quelque chose de précieux, mais quand même. A moins qu’il n’ait quelque chose prêt à tuer le monde entier en un rien de temps dedans. Là ce serait vraiment intéressant. Mais il était un peu trop tard pour que tu y jettes un œil. T’aurais dû en profiter il y a une dizaine de minutes, si t’en avais eu la foi. Mais tu le regardes plutôt le feuilleter, en t’étirant légèrement, avec un peu de chance ça te redonnerait un peu plus d’énergie. Un peu. Tu restes quelques instants sur la chaise, alors qu’il repose son carnet non loin de lui, te décidant quelques secondes plus tard de te relever, ce serait bien plus pratique s’il fallait lui apporter encore ne serait-ce qu’à boire, ou autre chose. Puis tu souris en mettant quelques secondes tes mains dans les poches de ta blouse alors qu’il te fait une sorte de remerciement.

« ▬ Avec plaisir, étonnamment, mon passe-temps préféré n’est pas spécialement de regarder les personnes sous ma charge mourir à petit feu, même si certaines le mériteraient très clairement. On va dire que vous avez échappé au pire, mais il vous reste peut-être quelques effets secondaires, comme des…engourdissements ? »

Il fallait dire que certains corps réagissaient plus vite que d’autres. Ou assimilaient mieux les potions et antidotes. Quoiqu’il en soi, tu lui sers un verre d’eau, que tu poses sur sa table de chevet, t’allais pas le forcer non plus à le prendre. Tu retournes ton regard vers lui, alors qu’il se présente.

« ▬ Enchanté ! Eltanin Cadfan. Dites-moi, ça vous arrive souvent de vous décider à confectionner des potions, ou tenter d’en créer ? Simple curiosité. »

:copyright:️ 2981 12289 0

Il doit vraiment me prendre pour un fou, à hurler comme un putois pour à peu près aucune raison, enfin aucune raison… C’est de mon carnet qu’on parle tout de même ! Il a dû se saisir lors de mon réveil, au vu de sa main qui essaye de me calmer, mais je n’ai pas besoin de lui pour me calmer. Je me rends bien compte tout seul d’à quel point j’agis comme un gamin.

Je vois mon médecin se redresser calmement, mes excuses, on aire de lui faire plaisir ? Je l’ai vraiment mal jugé, je le prends pour un connard alors qu’en fait, il a l’air de quelqu’un de bien. Faut vraiment que je me calme parfois.

Pas un passe-temps préféré, mais un passe-temps quand même. Un passe-temps que je pourrai comprendre en fait, même totalement. D’ailleurs son traitement m'a bien remis sur pied même si je suis crevé maintenant, il est je ne sais pas quelle heure tu m’étonnes que j’ai la tête dans le cul.

« Quelques engourdissements oui, mais sinon tout va bien, tout va mieux. Je suis crevé sinon. »

Sur ses mots, le docteur m’apporte un verre d’eau, je n’avais pas réalisé à quel point, j’avais soif qu’uniquement lorsqu’il m’apporta ce verre. Je le pris assez rapidement tout en essayant d’avoir l’air d’une personne normal pour une fois aujourd’hui, même si pour aujourd’hui, la normalité est morte. Je buvais goulûment ce verre d’eau, le liquide frais faisait un bien fou à ma gorge si sèche. Je repose le verre et me présente.

Si ça m’arrive souvent ? Si par souvent, il entend tous les jours depuis les 30 dernières années de ma vie, alors oui, il est vrai, je fais souvent mes propres potions. Je ne sais pas si je devrais lui parler de mes recherches, cependant il l’air très compétant ça serait très intéressant de partager nos connaissances. Si ça se trouve, lui aussi est un chercheur apprendre l’un de l’autre serait vraiment incroyable. Je vais quand même rester sur mes gardes et rester très en surface.

« Souvent ? Tous les jours, tu veux dire ! Depuis que je suis entré à Poudlard - j’étais le meilleur de ma classe - j’expérimente et de plus en plus depuis que j’ai fait des études en pharmacie. J’ai testé tellement de choses, à bases de médicaments, d’alcool… Tout un tas de choses non-conventionnelles pour voir des différents effets possibles, voir à quel point je peux étendre mon art ! J’ai des dizaines et des dizaines de carnet recensent un tas de tests, beaucoup de rater, mais quelques excellentes réussites ! J’ai amplifié des potions, annuler des effets néfastes à certains breuvages. J’ai parcouru toute l’Angleterre à la recherche d’ingrédients rare et unique ! D’ailleurs aujourd’hui n’est qu’une erreur, c’est la première fois depuis des années que je fais ce genre d’erreur, Les cours m’ont épuisé et j’ai fait une bête faute, mes potions sont d’excellentes qualités. De plus, j’ai… »

Je… Je me suis laissé emporter… Rester en surface trou du cul. Je dois avoir l’air d’un enfant, encore, parlant avec des étoiles dans les yeux. Mais que cette passe-t-il aujourd’hui ? C’est la fatigue ? Le remède qui me délie la langue ? Ou le simple faites que j’ai failli crever ? Bon et bien au revoir la normalité, aujourd’hui, je lui déballe ma vie entière alors qu’on ne se connaît pas. Maintenant que j’ai du bien éveiller sa curiosité, il va sans doute me poser encore plein de question à propos de mes recherches, mais si elles n’ont déjà plus aucun secret pour lui vu à quel point j’ai ouvert ma gueule. Bien essayons de calmer le jeu maintenant.

« … Ouais, j’aime bien faire des potions. »

I was born sick, and I love it.

En tout cas, même si la prochaine personne à passer l'entrée de ce service était le Ministre de la Magie, tu m'en verrais assez fortement balader. Ou plutôt tu le redirigerais vers quelqu'un d'autre, c'était bien mieux, pour tout le monde. Parce que t'étais prêt à t'endormir à n'importe quel moment. Tant qu'on ne te demanderait pas de faire d'efforts considérables, tout devrait bien aller mais si ça demandait de la concentration et de la réflexion tu devrais y regarder à deux fois. Tu te faisais confiance généralement, mais quand même, c'était parfaitement humain lorsqu'on était fatigué de voir ses compétences et autres être réduites en fait. Bien que tu pourrais prendre une potion tout simplement pour ne plus ressentir l'état de fatigue, ça ne vaudrait jamais une bonne nuit de sommeil parfaitement naturelle. Il n'y avait aucun remède meilleur que celui là, de toute manière. Une nuit qui risquait de se transformer en journée à ce train là, parce que tu n'étais pas totalement prêt à retourner chez toi, du coup. Il valait mieux vérifier que son réveil se passe bien et ne pas le laisser entièrement seul peut être dans l'incompréhension.

Bien qu'il avait l'air d'avoir encore toute sa mémoire, heureusement pour lui d'ailleurs. Pour toi aussi, devoir expliquer une soirée à laquelle tu n'avais pas participé, c'était un peu difficile. Pas impossible, mais quand même. Il serait plus calme aussi, normalement. Parce que bon, on ne pouvait pas vraiment le qualifier de tel là tout de suite. Tu pouvais comprendre qu'il soit stressé, mais à ce point pour un carnet. Enfin, toujours mieux que le mettre ses faux ongles dans ton bras t'avais envie de dire. Il ne faisait de mal à absolument personne là tout de suite. Mais ça n'a pas duré longtemps, il s'est vite reprit, voyant sûrement qu'il ne manquait rien. Ou alors pour une totale autre raison qui te restait obscure et qur tu ne chercherais pas non plus spécialement. A quoi bon.

« — D'accord, ils devraient partir assez rapidement, surtout avec du repos. Vous pouvez passer la nuit ici sans aucun problèmes si vous préférez, des guérisseurs et medicomages passent régulièrement pour vérifier que tout aille bien. Vous n'aurez qu'à signer un papier à la réception en sortant et vous pourrez tranquillement rentrer chez vous. Vous voulez peut-être que je prévienne quelqu'un d'ailleurs ? „

Ça pouvait être utile, si jamais il était attendu quelque part ou que quelqu'un pouvait se faire du soucis pour lui. Alors que tu pourrais apaiser les doutes d'un hibou, qui étaient assez facilement trouvables ici, malgré les nombres d'hygiène, il fallait bien que vous puissiez envoyer des messages, c'était assez primordial. Quoiqu’il en soit, tu ne t’attendais pas à ce qu’il prenne la parole de cette manière. Si certaines conversations peuvent t’endormir te plus particulièrement t’emmerder, surtout à une heure pareille, ce n’est pas vraiment le cas là tout de suite. Absolument pas. Comment tu pourrais le dénigrer, même mentalement, alors que vous sembliez avoir le même passe-temps. T’adores satisfaire ta curiosité sur ce point, découvrir de nouveaux mélanges, ou même juste remarquer que certains ingrédients n’interagissent absolument pas bien ensemble. Mais il a clairement touché un de tes points faibles ce genre de conversations, t'es capable de les tenir pendant des heures. Apparemment il est bien parti pour aussi, peut-être une chance, peut-être une malchance pour la personne qui aurait éventuellement besoin de cette pièce ou de tes services. Elle attendrait, voilà tout. Pour une fois que tu tombais sur quelqu’un d’intéressant t’allais pas le lâcher non plus.t’avais été totalement absorbé par ce qu’il disait, et ton sourire n’avait fait que s’étendre au fil de son monologue. Bien trop intéressant d’ailleurs. T’avais presque été déçu qu’il s’interrompe. T’avais bien vu, entendu sa passion au travers de ses paroles, et franchement c’était quelque chose de beau.

« ▬ C’est impressionnant ! Vous avez bien raison d’expérimenter, surtout si ça vous passionne et que vous avez un don pour ça. Le conventionnel n’a strictement rien d’intéressant dans ce milieu, du moins si on veut faire avancer les choses. Vous avez bien raison de garder ça dans des carnets, ça doit valoir une tonne de Gallions, même si ce n’est clairement pas ça le plus important ! Si ce n’est pas trop indiscret, et que ça ne vous dérange pas, vous pourriez me parler de certaines de vos réussites ? Je fais pas mal de recherches pendant mon temps libre, et je vous avoue qu’il est rare de croiser des personnes avec qui échanger sur le sujet ! Vous avez voyagé longtemps ? Oh, ne vous en faites pas, ça arrive, et puis ça permet de faire avancer les choses dans un sens. Vous êtes professeur ? Je n’en doute pas, sinon on vous aurait certainement déjà vu plus souvent ici. »

T’avais gardé ton sourire en le regardant, en espérant ne pas top l’assommer avec tes questions. Ce n’était pas du tout le but, en fait. T’avais vraiment bien fait de le prendre et pas de partir comme un voleur comme l’autre fils d’hippogriffe là.

« ▬ Je vois ça ! Vous tentiez de faire quoi exactement avant d’arriver ici ? »

:copyright:️ 2981 12289 0

Sujet: Re: C'est pour les faibles // Eltanin T. Cadfan