Zéphyr de la Chapelle | Andy Biersack

« Eugénie, ma chérie, je crois que tu vas devoir nous expliquer quelque chose... » Face à ma mère avec un bébé anormalement grand dans les bras, mes grands parents se sont efforcés de rester calmes. A quoi bon s'énerver ? Maman n'en a toujours fait qu'à sa tête ! « C'est une longue histoire... » « Alors installes toi dans le salon, nous allons ramener du thé. Et parler à voix basse, pour ne pas réveiller notre nouveau petit fils. »

De la Chapelle. Un nom un peu trop long à mon goût, qui fait aussi bien trop chic et pompeux pour ce que nous sommes réellement. Notre famille sans être pauvre n'est pas non plus immensément riche. Mes grands-parents habitent dans le Sud de la France, pas très loin de Marseille, là où les gens ont un accent impossible à comprendre si l'on est pas natif. Ils ont eu une seule fille, qu'ils ont appellé Eugénie et qu'ils ont beaucoup aimé. Ma mère a grandi libre de faire ce qu'elle voulait, à courir dans le jardin après les papillons ou à nager dans la mer méditérannée. Et c'est à peu près la même chose pour moi. Sauf que je ne suis pas l'enfant de deux sorciers qui s'aimaient très fort. De deux être qui s'aimaient, ça je n'en doute pas. Mais mon père n'est pas un sorcier. Je ne l'ai d'ailleurs jamais connu, mais c'est chose courante quand l'un des parents est un géant.

Maman à la fin de ses études est partie dans les Alpes, pour accompagner un groupe de géants dans leur migration annuelle. Elle voulait étudier leur société, et leur comportement également afin d'écrire une thèse sur eux. C'est un but louable et noble, les géants sont un peuple finalement assez méconus, bien qu'ils ne soient pas bien difficiles à trouver. Maman n'a pas peiner à les retrouver dans les montagnes, et s'est rapidement intégré à leur groupe. Elle serait incapable de dire comment elle a réussi cet exploit, comment elle a réussi à se faire accepter si facilement par ce peuple réputé violent. Durant son année et demie aux côtés des géants, elle a passé beaucoup de temps avec Mebmohr. C'était un jeune géant de la tribu, le fils du chef. Il était plus délicat que les autres, lui ramenait toujours des fleurs et essayait de communiquer tant bien que mal avec elle.

C'est comme ça que je suis né. Ce géant a été le premier amour de ma mère, et neuf mois plus tard j'ai vu le jour quelque part dans les montagnes Autrichiennes. Maman est restée quelques temps, mais de ce que j'ai compris ils ne m'acceptaient pas vraiment parmi eux. Je n'étais pas un géant. Je n'étais pas non plus un sorcier. J'étais quelque chose d'autre... Et dans leurs croyances, les enfants de mon genre sont un mauvais présage.

Ma mère étant un véritable électron libre, j'allais moi aussi vivre de nombreuses aventures durant mon enfance. L'année de mes sept ans, nous sommes partis en Grèce, pour que ma mère puisse y étudier une espèce d'insectes magiques nouvellement découverte par l'un de ses confrères. Mais ce qui m’intéressait moi, c'était ces femmes que j'avais vu de loin nager en contre bas de la falaise où nous habitions. « Restes loin d'elles Zéphyr. Ce sont des sirènes, elles font partie des êtres de l'eau. Elles sont comme les centaures, il faut leur parler avec beaucoup de respect et elles sont un peu timides... »

Bien entendu je n'ai pas écouté ma mère. Enfin, si je l'ai écoutée. Mais ma mal adresse légendaire m'a fait tomber tête la première dans l'eau en contrebas. J'ai fais une sacrée chute, et je dois remercier mes gènes de géants, ce sont probablement eux qui m'ont sauvé la vie. Mes origines, mais aussi Calista. C'était l'une des sirènes qui vivait non loin de la petite cabane de pêcheur où nous habitions ma mère et moi. Elle s'est prise d'affection pour moi, et régulièrement durant cet été, je demandais la permission de descendre en bas de la falaise pour aller voir ma nouvelle amie.

Maman était fière de moi. A sept ans, j'avais déjà réussi à approcher les sirènes et à trouver des Botrouc dans le jardin de mes grands parents. Et maman n'avait pas tord : j'allais moi aussi un jour devenir un brillant magizoologue. Quand nous avons du partir au début de l'automne, Calista m'a confié l'une de ses mèches de cheveux. « Prends en soin, Zéphyr. »


Onze ans. C'est l'âge qu'attendent avec impatience tous les petits sorciers du monde. Quand j'ai reçu ma lettre d'acceptation à Beauxbâtons, ma mère et moi sommes allés manger une glace pour fêter ça. Comme tous les autres enfants, j'ai moi aussi effectué mes achatas pour la rentrée scolaire. Sauf qu'à l'exception des autres sorciers de première année que voyait défiler le tailleur dans sa boutique, je devais déjà prévoir de prendre un uniforme destiné normalement aux étudiants plus âgés. Onze ans, déjà presque 1m70. C'est aussi pour la baguette, que ma taille a posé problème. Elle a du être faite sur mesure, par le fabriquant le plus compétant du pays. Après avoir confirmé mon affinité avec le bois de pommier du Jardin de ma grand-mère, j'ai demandé à intégrer la mèche de Calista au cœur de la baguette. Le fabriquant avait rarement vu des cheveux de sirène, mais j'étais persuadé tout au fond de moi que c'était pour cette raison là que Calista m'avait confié l'une de ses mèches.
Les Sirènes sont des êtres mystérieux, tout comme les centaures. Et je suis presque certain qu'elles aussi ont le pouvoir de voir l'avenir.

Mes années à Beaubâtons ont été merveilleuses. J'était un jeune garçon bien élevé et plein de joie de vivre. Un élève enthousiaste, qui faisait toujours de son mieux sans jamais y mettre de la mauvaise volonté. J'avais quelques difficultés avec la pratique, mon sang de géant étant à blâmer. Mais je faisais des efforts, et ms professeurs le reconnaissaient bien volontiers. Surmonter mes difficultés, pour être comme tous les autres sorciers, c'est ce que j'ai toujours essayé de faire. Après avoir obtenu mes BUSE, j'ai choisi de poursuivre jusqu'aux ASPIC en me spécialisant dans les créatures magiques. C'est une évidence, n'est-ce pas ?

J'ai terminé premier de ma promotion en soins aux créatures magiques. Grâce à un très bon dossier traitant du comportement des Focifère, ces oiseaux réputés pour rendre fou ceux qui écoutent trop longtemps leur chant. Certains disent que ça m'a rendu un peu maboule de les étudier pendant deux ans, mais je suis certain que ma santé mentale va très bien ! Je n'ai après tout fait qu'étudier leur comportement en communauté, au sein de l'une des volières de Beauxbâtons.

« Tu es certain de vouloir aller en Angleterre ? » Maman était inquiète pour moi, quand j'ai été accepté à la MUL pour y poursuivre mes études. Je crois que c'est la première fois qu'elle se faisait vraiment du soucis, bien que nous ayons voyagé tous les deux au cours de mon enfance dans des endroits parfois hostiles. Mais si j'ai survécu à notre périple en Amazonie et en Australie où nous avons étudié les créatures magiques, je crois que Londres, ça ne devrais pas être trop difficile !